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Interview  (Paris)  lundi 13 février 2017

Trois ans après le très plébiscité Piano Ombre, Frànçois and the Atlas Mountains sort en ce début d’année 2017, son quatrième album Solide Mirage. Emotionnellement secoué par la violence des évènements tragiques que connurent le monde ces trois années passées, le groupe nous livre un album politisé, brut et direct. Rencontre avec François Marry, un matin de janvier sous la verrière ensoleillée des locaux du label Domino.

Frànçois, Solide Mirage est le quatrième album du groupe à sortir chez Domino Records. Il fait suite à L'Homme tranquille sorti en 2015, enregistré après une tournée africaine qui t’a vu jouer en Egypte, Turquie, Liban.

François Marry : Merci de rappeler l’existence de cet EP, je trouve qu’il est passé trop inaperçu. L'Homme tranquille a été enregistré au cœur de l’Afrique, à Ouagadougou, Addis Abeba, à Cotonou au Benin et aussi à Dakar. Nous avions enregistré 4 titres sur cette tournée. Cette démarche représentait à nos yeux un accomplissement total, bien plus que nos albums.

La musique s’était faite de manière africaine, purement instinctive et immédiate, où la prise d’enregistrement te permet de rendre intacte l’atmosphère de l’instant. Nous étions dans cet état d’esprit, bien plus que dans la démarche habituelle de projection et de production que l’on retrouve classiquement pour les enregistrements des albums. Cet EP est une vraie fierté, certainement une de mes productions que j’aime le plus écouter.

Cette tournée africaine émanait d’une demande du public ou d’une envie pour vous de vous frotter à une scène inédite ?

François Marry : La demande ne venait pas du public, nous sommes peu connus sur le continent africain. Nous avions été invités à jouer par l’institut français, qui essaie de promouvoir les échanges culturels et de présenter une certaine vision de la culture française dans ces pays, dont la scène musicale. Cela nous a permis de rencontrer et de nous frotter à nos héros musiciens africains, les griots, la scène afro-beat.

Nous avions espéré trouver la scène afro-beat au Bénin, malheureusement ces artistes ont un peu disparu, les gens sur place nous ont expliqué que cette scène a été très florissante dans les années 70 car elle était liée aux partis politiques, chacun avait en quelque sorte son "écurie" d’artistes, qu’il mettait en rivalité dans le but de s’auto-promouvoir. Cela a du coup donné une vraie richesse musicale, avec des artistes très forts.

Dans certains de ces pays, des dictatures sont en place. As-tu pu échanger et prendre le pouls sociétal du peuple, de sa jeunesse ?

François Marry : J’en ai beaucoup discuté en Egypte, qui a connu une révolution. Nous avons joué en première partie d’une artiste qui avait chanté sur la place Taieb, dans un parc surplombant la ville devant plusieurs milliers de personnes. Là, j’ai pu dialoguer avec des jeunes de l’organisation, qui m’ont expliqué que le pays avait connu une période de chaos post Moubarak mais qu’étrangement, malgré la gouvernance des frères musulmans, l’Egypte était dans un tel état de bouleversement et de désorganisation qu’il leur a été très facile d’organiser des concerts, une vie culturelle.

Quand le pouvoir militaire a repris la main sur le pays, il a instauré une dictature, et fort de l’expérience révolutionnaire, il a muselé la jeunesse puissance mille. En ce moment, cette jeunesse subit un gros revers de bâton, c’est assez triste mais enrichissant de constater qu’il ne faut pas s’arrêter à l’image d’Epinal des grands changements et des politiques qui les accompagnent, finalement le peuple égyptien a eu plus de libertés sous les frères musulmans…

Solide Mirage est un album très engagé, très politisé, avec des textes bruts, explicites, sans détournements comme "Grand Dérèglement", "Apocalypse à Ipsos".

François Marry : Ce n’est pas aussi politique que certains, comme RATM par exemple, même si ça en est très mâtiné. Je ne cite pas directement de leaders politiques, ou de mouvements précis. C’est une vision artistique qui sort du thème de l’amour, des paysages… L’album s’inscrit dans l’environnement de son époque, 2015, Bruxelles capitale de l’Europe où je vis… Etant donné le contexte de 2015, difficile d’éluder la question politique.

Tu as déjà pensé à un engagement politique, au sens littéral du terme.

François Marry : J’étais militant anti-nucléaire quand j’étais ado, je participais à des réunions, des marches, des meeting. Je suis très content de l’avoir fait, et je le referais certainement pour différentes associations quand j’en aurais le temps ou quand l’occasion se présentera. Par contre, je battrais toujours le pavé quand les causes me sembleront justes et bonnes, j’aime l’anonymat des manifs…

En revanche, la politique me semble être une récupération de la pensée, comme la religion est une forme de récupération de la spiritualité. En tant qu’artiste, j’ai une approche assez ultime de mes visions et de ma manière d’être, ça m’embêterait de faire des concessions sur mes utopies en les limitant aux barrières d’un parti. Mon parti pris, je le prends en allant voter mais je considère que libre à chacun… Je m’engage à travers mes chansons par l’échange des idées.

La France a connu des évènements tragiques ces derniers temps, l’extrémisme prend une ampleur inquiétante. Pourtant, la scène culturelle française ne donne pas l’impression d’un grand engagement face à cela.

François Marry : Nous sommes les fruits du capitalisme et du libéralisme. Nous sommes repliés sur nous-mêmes, sur notre confort. Dominique A est très engagé en ce moment dans l’association Sorties Solidaires (ndlr : association qui permet à des personnes en situation de précarité d’avoir accès à des spectacles), son action n’est pas directement en prise avec la politique, mais va plus dans le sens organisation de la cité. Il exprime de cette manière ses idées, sa vision sociale vis-à-vis des plus faibles. Il ressent l’urgence de faire quelque chose. Réveillez-vous les artistes !

Peux-tu nous parler de la génèse du titre "Solide Mirage" ?

François Marry : J’avais la volonté d’apporter une forme de vision du chaos quant au titre de l’album. J’ai voulu mettre en exergue le fait de faire attention aux idées que nous véhiculons, que nous relayons du type "c’est le chaos, c’est le bordel", ce genre de propos ne fait que renforcer ce sentiment.  "Solide Mirage" évoquait cela, ne pas saisir cette situation, ce mirage… C’était une manière de me détacher de la négativité ambiante, d’exprimer cette sensation d’être dans un monde en désordre et en revirement constant…

Solide Mirage est un album bien plus rock et électrique qu’à l’accoutumée, avec des sons lorgnant vers le grunge, type scène Seattle 90’s.

François Marry : Oui, c’est ce qui a énormément nourri mes envies, mais au final le résultat ne l’est pas tant que ça, tout du moins pas autant que je l’avais imaginé au départ. Je pense que les fans de garage et de punk ne s’y retrouveront pas... c’est pour moi comme un retour aux sources, mais seulement par touches.

Ne crains-tu pas de désarçonner ton public, plus habitué à des ballades poétiques ?

François Marry : Je lui fais confiance, je ne vais pas me limiter à une pré-conception de ce que pourrait penser le public. Je fais déjà beaucoup d’efforts pour composer des morceaux qui ne soient pas trop longs. Si je m’écoutais, je jouerais le même rythme en continu, jusqu’à l’hypnose, la transe. Je fais en sorte de composer des morceaux compacts et compréhensibles… et puis un peu d’électricité ne peut pas faire de mal.

Comment se sont passé l’écriture et l’enregistrement de l’album ?

François Marry : Sans aucune volonté ou direction précise, c’est plus de l’ordre du mirage, une forme un peu floue et abstraite dans la distance, vers laquelle nous nous sommes rapprochés petit à petit. Il n’y a pas eu de lignes directrices précises, c’était plus une question d’environnement, le fait d’avoir écrit et enregistré cet album dans une capitale, Bruxelles, qui est une ville agréable et pleine de gens sympathiques.

Tu as collaboré avec Owen Pallett qui a fait les cordes.

François Marry : Il a fait tout le travail à distance, chez lui, comme un génie. Je suis content de cette collaboration, j’ai aimé travailler de cette manière, c’est la manière dont évolue la musique. Cela permet de ne pas se fixer des principes trop stricts.

La vidéo de "Grand Dérèglement" a été tournée avec un danseur réfugié, comment s’est passée cette rencontre ?

François Marry : Je l’ai rencontré dans une association qui accueille les réfugiés et met à leur disposition des locaux pour qu’ils puissent pratiquer une activité culturelle. Il y avait ce danseur palestinien qui dansait le dabkeh, la danse traditionnelle des mariages et des fêtes, un instant magnétique. Le temps a passé, nous avons enregistré l’album mais son image, sa danse, sa prestance m’étaient restées à l’esprit.

J’avais l’envie de trouver quelque chose qui pourrait exprimer la richesse pluri-culturelle de Bruxelles mais également sublimer cette vision de la crise migratoire trop empreinte de drames et de négativité. Montrer le quotidien d’hommes et de femmes qui trouvent des solutions honorables, qui vivent avec leurs familles, qui apprennent la langue. Comme Mohamed qui m’a appris avec beaucoup de générosité cette danse. C’est très positif.

Tu as l’air très sensible à la crise migratoire.

François Marry : Les mesures prises à l’égard des français qui aident les migrants me font terriblement flipper. Je viens de lire qu’une femme qui offrait des thermos chauds de café en bas de chez elle à des migrants s’est pris une amende, ça me terrifie. C’est très typique de la France qui donne des grandes leçons sur la gestion du monde mais qui n’est pas capable de gérer la générosité de ses propres citoyens.

"Et après, après" (un des titres de l’album). Quelle vie pour ce disque ? Aurais-tu des envies de le jouer dans des terres inconnues comme l’Amérique du Sud, l’Asie ?

François Marry : Pourquoi pas, je prends les choses comme elles viennent. J’ai une équipe autour de moi que ce soit le label, le manager ou le tourneur très à l’écoute, très passionnée, j’ai envie de voir vers quoi ils veulent aller, je leur laisse la main.

"Et après après", le Monde ?

François Marry : Je pense, malgré toute la pesanteur médiatique que l’on peut donner à l’environnement dans lequel nous sommes, qu’il y a énormément d’initiatives de citoyens et d’associatifs. La régénération est en train de se produire de l’intérieur. Il faut avoir bon espoir, la tête est malade mais le corps est en bonne santé.

 

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En savoir plus :
Le site officiel de Frànçois and The Atlas Mountains
Le Bandcamp de Frànçois and The Atlas Mountains
Le Soundcloud de Frànçois and The Atlas Mountains
Le Facebook de Frànçois and The Atlas Mountains

Crédits photos : Thomy Keat (retrouvez toute la série sur Taste Of Indie)


Sébastien Dupressoir         
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# 22 septembre 2019 : Fin d'été

Fin d'été c'est le titre du nouvel album de Samir Barris, on vous en parle en ces premiers jours d'automne, tout comme les autres sorties musicales, littéraires, théâtrales, cinématographiques et muséales qui ont retenu notre attention cette semaine. C'est parti !

Du côté de la musique :

"Corpse flower" de Mike Patton & Jean Claude Vannier
Rencontre avec Joseph Fisher autour de "Chemin Vert", assortie d'une session acoustique à découvrir ici
"Prokofiev : Visions fugitives" de Florian Noack
"The basement tapes" de Mister Moonlight
"The uncompleted works volume 1, 2 & 3" de Nantucket Nurse
"Là-Haut" de Gérald Genty
"Ilel" de Hildebrandt
"Buxton palace hotel" de Studio Electrophonique
"Vian" par Debout sur le Zinc
"Impressions d'Afrique" de Quatuor Béia & Moriba Koita
"Fin d'été" de Samir Barris
et toujours :
"Schlagenheim" de Black Midi
"Tokyo dreams" de Dpt Store
"Terry Riley : Sun rising" de Kronos Quartet
"Diabolique" de l'Epée
"Mer(s) : Elgar, Chausson & Joncières" de Marie-Nicole Lemieux
"Like in 1968" de Moddi
"Voodoo queen" de One Rusty Band
"Moon" de Violet Arnold

Au théâtre :

les nouveautés avec :
"L'Autre monde ou les Etats et Empires de la Lune" au Théâtre Athénée-Louis Jouvet
"Le Misanthrope" à l'Espace Cardin
"L'Animal imaginaire" au Théâtre de la Colline
"Data Mossoul" au Théâtre de la Colline
"Danser à la Lughnasa" au Théâtre 13/Jardin
"Le Frigo" au Théâtre de la Tempête
"A deux heures du matin" au Théâtre L'Atalante
"La Veuve Champagne" au Théâtre de la Huchette
"Le Square" au Lavoir Moderne Parisien
"Jo" au Théâtre du Gymnase
"Jean-Marie Galey - Ma Comédie française" au Lavoir Moderne Parisien
"Ah ! Félix" à l'Eglise Sainte-Eustache
"Le Voyage musical des Soeurs Papilles" à la Comédie des 3 Bornes
"Lucie Carbone - Badaboum" à la Comédie des 3 Bornes
"Casse-toi diva" au Théâtre La Croisée des Chemins
"Nora Hamzawi" au Théâtre du Rond-Point
des reprises
"Letzlove - Portrait(s) Foucault" aux Plateaux Sauvages
"One night with Holly Woodlawn" aux Plateaux Sauvages
"Diva sur Divan" à la Comédie Bastille
"La Liste de mes envies" au Théâtre Lepic
et la chronique des spectacles à l'affiche en septembre

Expositions avec :

"Mondrian figuratif" au Musée Marmottan-Monet
"L'Age d'or de la peinture anglaise - De Reynolds à Turner" au Musée du Luxembourg

Cinéma avec :

"Ne croyez surtout pas que je hurle" de Franck Beauvais
Oldies but Goodies avec "Marie pour mémoire" de Philippe Garrel
et la chronique des films à l'affiche en septembre

Lecture avec :

"Barbarossa : 1941. La guerre absolue" de Jean Lopez & Lasha Otkhmezuri
"Bête noire" de Anthony Neil Smith
"Dictionnaire égoiste de la littérature mondiale" de Charles Dantzig
"Gaeska" de Elrikur Orn Norddahl
"Les refuges" de Jérôme Loubry
"Liquide inflammable" de Robert Bryndza
et toujours :
"Ici seulement nous sommes uniques" de Christine Avel
"Les altruistes" de Andrew Ridker
"Les yeux fumés" de Nathalie Sauvagnac
"Un autre tambour" de William Melvin Kelley
"Un mariage américain" de Tayari Jones
"Week end à New York" de Benjamin Markovits

Bonne lecture, bonne culture, et à la semaine prochaine.

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