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Interview  (Paris)  dimanche 26 février 2017

C’est dans les nouveaux locaux de RCA Factory, agence digitale qui a notamment travaillé sur la communication du festival Yeah! à Lourmarin dans le Lubéron auquel Narrow Terence avait participé en 2013, que j’ai eu la chance de rencontrer ses 4 membres autour de quelques bières :
- Antoine Puaux : chant, guitares, basse
- Nicolas Puaux : chant, guitares, basse
- Alexandre Viudes : batterie, percussions, claviers
- Patrik Lerchmüller : trompette, trombone, bugle

Quel a été le processus créatif sur ce nouvel album ?

Antoine : Le processus créatif a été un peu le même que la dernière fois, ceux qui composent et qui écrivent généralement c’est plutôt Nico et moi, chacun ses morceaux. On en fait plusieurs qu’on arrange tous les quatre en répétitions et puis voilà, il n’y a rien de vraiment particulier. Après on a effectivement enregistré des parties en live, surtout les guitare-basse-batterie, et ensuite on a rajouté les cuivres et les violons et refait des voix par la suite, mais c’est un processus créatif assez classique finalement.

Nicolas : Ca interagit quand même beaucoup.

Antoine : Oui, les morceaux quand on les compose à la base et quand ils sont terminés ne se ressemblent plus beaucoup. On part sur ces riffs là, ces idées-là et après on les change tous ensemble en studio.

Nicolas : Il y a un matériau brut à la base apporté par les guitaristes qui est ensuite vraiment "taillé" en groupe. Sur le disque, on a eu une première session d’enregistrement avec un aspect très rock, en trio avec une certaine électricité, et sur cette nervosité-là on a ensuite mis de la couleur avec les arrangements, c'est vraiment comme ça que je vois la création de ce disque.

Vous êtes partis sur quelque chose de brut en guitare basse comme sur votre projet Nacor Terror ?

Antoine : Non, ce n’est vraiment pas du tout le même processus que Narco Terror, vraiment pas, parce que Narco Terror on peut avancer et se dire à un moment, il faut faire un truc comme ça, alors qu’avec Narrow on amène plutôt une base de morceau sur laquelle on travaille tous les 4.

Alex : Je suis en train d’essayer de me remémorer le truc car ça fait un moment...

Antoine : Oui ça fait un moment, c’est pour ça que la première question au début c’est : "Mais c’était quand déjà cet album ?" (rires)

Alex : Je viens de me rappeler, on s’était retrouvé tous les trois à Rognes, on avait fait une résidence sur cinq ou six jours, et on avait débroussaillé tout ça. Il y avait eu une phase de pré-prod et tout s’est mis en place. Et ensuite Patrick a enregistré tous ses cuivres. Je sais même pas si Patrick était déjà dans le groupe à l’époque de la résidence.

Vous avez des voix très différentes, avec votre frère vous alternez lead-voice et choeurs selon les titres. Comment s’effectue le choix de qui chante quoi ?

Antoine : Quand c’est moi qui écrit les chansons, c’est moi qui les chante.

Nicolas : Moi je considère que la voix du groupe c’est celle d’Antoine, ça tend à se flouter au fil des disques, mais c’est vrai que ça reste majoritairement sa voix la voix historique de Narrow Terence.

Du coup dans le processus d’écriture je pense à ça, j’écris les chansons en me disant que c’est pour lui. C’est vrai qu’il y a eu sur ce disque-là une exception à cette règle, qui est un morceau sur lequel Antoine n’avait pas écrit les paroles mais qu’il avait composé, et j’ai pris la liberté d’écrire les textes et de les chanter, je me suis dit voilà l’idée de chant que je vais lui proposer.

Alex : C’était laquelle ?

Antoine : "Vapoï".

Nico : Et ce qui s’est passé, c’est qu’il a écouté et il m’a dit : "je trouve que c’est bien, et ce qui serait plus malin c’est qu’il y ait un double lead sur cette chanson" donc on se partage le texte, c’est la première fois que ça arrive.

Antoine : Il n’y a pas vraiment de règles finalement, c’est plus au feeling, c’est la vie qui a fait que je n’étais pas là pour écrire les paroles et Nicolas a avancé là dessus et c’était plutôt heureux.

L’enregistrement a été effectué un peu dans les conditions du live assez rapidement, un peu comme le précédent ?

Antoine : Non ça restait quand même deux semaines de studio.

Deux semaines, c’est relativement court non ?

Antoine : Quand on sait jouer, normalement deux semaines ça suffit ! (rires)

Nicolas : Ce n’est pas complètement faux non plus, parce qu'il y avait le souvenir de ce disque précédent où on avait enregistré vite, mais là c’était carrément conceptuel : 24 heures, 15 morceaux.

Antoine : C’était un live presque !

Nicolas : Oui, on faisait vraiment trois ou quatre prises de chaque morceau et on se disait c’est celle-là ! On a voulu garder cet influx nerveux, c’est pour ça qu'on a eu cette première phase de studio en trio où on a voulu castagner, où on a essayé au maximum de jouer live, ensuite c’est vrai que c’était moins dans l’art d’un enregistrement live que le précédent.

Diriez-vous que vous êtes plus à l’aise sur scène ou en studio ?

Nicolas : A mon avis c’est subjectif, mais moi je suis plus à l’aise sur scène, le studio j’ai jamais trop aimé ça.

Patrik : Cela dépend du groupe, avec Narrow je suis à l’aise sur scène, mais sinon je suis plutôt le mec qui préfère rester chez lui à essayer des trucs en mode studio, en pyjama, parfois à poil (rires), et je ne sors pas de mon appart.

Alex : Moi les deux me vont très bien.

Antoine : Moi pareil je vois des difficultés dans les deux surtout, je suis à l’aise avec aucun des deux finalement (rires).

Et quelles ont été les difficultés sur cet enregistrement ?

Antoine : Cela a été… en enregistrement je ne sais pas s'il y a eu beaucoup de difficultés, sur la première session qu’on avait fait à Rennes au studio du Faune, pour enregistrer les guitares batterie basse claviers, sans les violons et les cuivres, je n’ai pas eu la sensation que c’était très dur. Ce qui a été dur, cela a été d’attendre, parce que cela a pris beaucoup de temps pour avoir les violons et les trombones parce que Patrik a vraiment bien travaillé dessus, il voulait vraiment faire un truc qui se ressent dans le disque ce qui méritait de prendre un peu de temps. Non, comme d'habitude avec Narrow Terence, ce n’est pas l’enregistrement qui fait chier c’est le mix, enfin jusqu’à ce qu’on rencontre Philippe Avril.

Justement concernant Philippe Avril qui a donc mixé votre album et qui travaille surtout sur des musiques de film, qu’est-ce que son mix a apporté en plus à l’album ?

Antoine : Il a vraiment eu une vraie contribution parce qu’on était un peu perdus surtout pour ce qui était des trucs à enlever, des trucs à rajouter, on avait vraiment besoin d’une oreille neuve qui écoute les morceaux et qui dise : "bon ça ça sert à rien".

Patrik : Il a vraiment épuré en fait et c’était bien.

Antoine : Il a même pris des initiatives, je pense au bridge de "My Fall", où il s’est permis d’étirer des sons, de faire des noises, des loops, des trucs comme ça et c’était très heureux. C’était vraiment bien, parce qu’on avait eu une expérience de mix précédente où on était trop directifs. Et quand tu écoutes Philippe Avril, on n'est pas si loin de la direction qu’on avait plus ou moins voulu prendre. Comme un cheval fougueux, il nous a un peu bridés sur des trucs et il nous a permis de voir les morceaux d’une autre façon quelquefois. Il a surtout amené sa patte sonore, le côté musique de film, mais ça reste quand même un album très rock.

C’est quelque chose que l’on retrouve dans tous vos albums, certains titres font musique de western, de film sombre, de film d’épouvante. C’est quelqu’un que vous avez connu comment ?

Antoine : C’est Patrick qui nous l’a conseillé.

Patrik : Alex le connaissait aussi, il avait bossé avec lui. Le truc avec Philippe Avril, c’est qu’on avait l'impression que cet album-là allait être très complexe à mixer, parce qu’il y avait plein de pistes, de cuivres, de violons et tout ça et Philippe est quelqu’un qui a l'habitude de travailler avec beaucoup de pistes, qui ne panique pas quand c’est chargé d’infos, donc c’était le bon choix finalement.

Nicolas : Je suis d’accord, je dirais deux choses sur lui : il a su trouver le juste équilibre entre ce qui était déjà dans les enregistrements, c'est à dire cette fougue électrique, et cette couleur qu’on voulait mettre, il a trouvé le bon ton, et qui plus est il a vraiment scénarisé les morceaux, il a créé une dramaturgie au sein des titres et même au sein de l’album avec une unité de ton, et ça c’était vachement précieux alors, je ne sais pas par quelle magie il l’a fait, probablement l’expérience, et quelques jeux de machines.

Antoine : Le talent !

Nicolas : C’est vrai que c'était le tour de force.

Et qui a décidé de l’ordre des chansons ?

Nicolas : Alors ça c’était carrément le tracklisting gate !

Antoine : On a failli avoir une troisième guerre mondiale à cause de ça (rires).

Nicolas : C’était une question très épineuse.

Antoine : On avait tous des visions différentes de l’ordre, il y a eu un mélange entre l’ordre du groupe et l’ordre du management. Nous on voulait vraiment faire un ordre radical, on ne voulait pas commencer tranquillement et finir avec les morceaux les plus bourrins, on avait vraiment envie d’un truc rentre-dedans, limite presque "ah ouais tu t’attendais à ça, bah prends toi ça dans la gueule quoi, tu pensais que c'était ça mais en fait non". Dans l’absolu, les artistes auront fini par remporter le round, je dis bien le round, pas le match mais l’ordre a été plutôt défini par nous.

Sur le dernier titre, étiez-vous tous unanimes pour placer le duo avec Troy Von Balthazar ?

Antoine : En vérité, ce morceau ne devait pas être sur le disque.

Et comment s’est faite l’approche de votre quasi idole ?

Antoine : Tu sais nous on n' a pas d’idoles (rires).

Nicolas : Ce qui s’est passé, c’est qu’on avait 11 titres au départ, et on a pensé que ça pouvait être pas mal sur les quelques enregistrements qu’on n’avait pas gardés pour l'album de proposer des duos ou des featuring pour sortir un titre en mode teasing avant la sortie de l’album. Donc on a contacté plusieurs artistes, deux avant Troy, et on leur a proposé mais pour d’autres morceaux c’était pas sur "Monster".

Et il y a eu eu une espèce de synchronisation d'informations, où on a appris que le tourneur qui fait tourner Narrow Terence faisait tourner Troy et d’un coup je me suis dit : "Mais en fait Troy il est là, on peut le contacter assez facilement et cette chanson elle est faite pour lui". Et en gros bien que c’était le troisième choix, je crois que c’était le premier choix au fond, le truc le plus évident, c’était là et on regardait ailleurs, parce qu’effectivement c’était un morceau taillé sur mesure pour lui. Et après ça s’est fait de façon extrêmement simple : un échange de mail où il a juste répondu qu'il ferait le truc si jamais le morceau lui plaisait, j’ai bien aimé sa phrase il disait : “Je le ferai si jamais ça correspond à mon humeur du moment". Le morceau était fait mais avec une voix d'Antoine.

Antoine : Mais il y avait un truc très étrange à expliquer parce qu’il n’a pas forcément ajouté quoi que ce soit mais je ne sais pas pourquoi, on avait vraiment la sensation qu’avec ma voix ça ne marchait pas alors qu’avec Troy c’était une évidence ça a vraiment tout de suite marché. En plus on trouvait que l’album était un peu court en 11 morceaux et que c’était vraiment bien qu’il y en ait 12. Bon je sais qu’à l'époque d’aujourd’hui on fait que des EP, mais nous on aime encore les albums, on avait envie d’un truc qui fasse entre 45 et 50 minutes, qui plus est avec un featuring de quelqu’un qu’on aime beaucoup.

Pour l’artwork de l’album, vous avez fait appel à Antonin Heck, lui avez-vous donné des consignes particulières ou lui avez-vous laissé carte blanche ?

Nicolas : En fait on est allé chercher dans son travail.

Antoine : C’est un ami de très longue date, ce n’est pas un artiste qu’on a découvert comme ça au fil des recherches.

Nicolas : En fait c’est quelqu’un avec qui on avait déjà travaillé avec Narco Terror, où il faisait des performances de collage sur scène avec nous et c'est vrai que ça aussi c’était une question l’histoire de l’artwork.

Comment vous avez fait le choix de ce dessin en particulier ?

Antoine : Cela a été assez démocratique, on a chacun donné son avis, ses préférences, on est plus ou moins tombé dessus.

Patrik : On avait quand même passé beaucoup de temps à chercher des images, des visuels et on ne pouvait pas se mettre d’accord sur un truc et ensuite je pense que c’est toi qui as proposé ça et ça avait l’air logique pour tout le monde.

Antoine : J’avais un hippocampe, un crabe et la chauve-souris. Le crabe, je n’avais pas très envie, puisque que c’était une période où il n'avait pas mal de cancers autour de moi. L’hippocampe vu qu’on avait une chanson qui s’appelle "Seahorses", on s’est dit que ça allait être un peu trop facile, et mettre la lumière sur ce titre en particulier et surtout l’hippocampe ramène un truc très doux, surtout dans sa façon d’être dessiné, il y avait ce côté doux qui collait moins avec le disque, on était tous d’accord pour dire que l’hippocampe était peut-être le plus joli, mais pas forcément le plus efficace, le plus adapté pour l’album.

Et au niveau des carrés rouges concentriques ?

Nicolas : Après avoir sélectionné l’image d’Antonin, on s’est dit que c’était une base de travail pour mettre du grain et faire quelque chose et là on a proposé à un autre ami de longue date qui est graphiste et aussi musicien d’ailleurs, et je lui ai dit : "Tu as carte blanche on voit un peu un truc comme ça" mais c'était un peu timide ce que je lui proposais et puis il m’a répondu par mail une demi-heure après avec trois propositions : une un peu timide, une moins timide et celle avec les carrés rouges et il m’a dit : "Vous seriez vraiment bien cons de pas choisir l’option numéro 3" (rires). Donc du coup il m’a un peu mis le couteau sous la gorge et globalement ça nous a plus.

Historiquement, la chauve-souris aussi pour revenir sur le dessin, c’est un truc qui est dans l’histoire de Narrow parce qu’on a toujours été assez fascinés par le monde des vampires, le roman Dracula et le Bal des Vampires, on a souvent cité ça en interview, c’est un film qui nous a beaucoup plus, donc du coup la chauve-souris avait aussi ce côté familier qui à mon avis lui a fait remporter la palme.

Antoine : J’aimais bien moi le fait qu’il y ait beaucoup de gens qui ne savent pas ce que c’est d’ailleurs. Beaucoup de gens se disent "c’est quoi ? Un rat, un hamster, ou un monstre ?". Et j'aimais bien aussi ce côté tout simplement un peu plus rentre-dedans, un peu "Fuck !" quoi : une chauve-souris qui hurle, de face, sans les ailes c’est ça qui est bien aussi c’est qu’il n'y a pas les ailes pour une fois, ça ne fait pas Batman.

Patrik : Avec ses oreilles qui quand même sont assez… présentes, il y a aussi tout le côté ultrason et tout ça, c’est un instrument assez intéressant pour décliner ensuite sur un site internet.

Antoine : C’est la mascotte qui nous suivra sur scène sur toute la tournée, il y aura la chauve-souris derrière avec Narrow Terence écrit en gros.

Et des beaux t-shirts ?

Antoine : Ouais tout à fait c’est l’idée ça peut très bien le faire, il y a bien des gens qui mettent des t-shirt avec un poisson (rires).

Patrik : On projette de faire des masques pour enfants.

En parlant d’enfants, pour l’enregistrement de l’album précédent, vous avez travaillé avec les élèves de l’école de musique d’Apt, cela vous a-t-il donné envie d’enseigner la musique ?

Antoine : C’est une très très bonne expérience, après j’ai un peu de mal avec le mot "enseigner", c’est plus comme une sorte de passation d’une vision de la musique plus libre que ce qu’on peut apprendre, peut-être l’occasion de proposer une autre vision de la musique avec les gamins, et comme il y avait de la réceptivité, à ce moment-là ça devenait très agréable.

Nicolas : On l’a refait ensuite dans la foulée de cette expérience-là, c’est un truc qu’on ne pensait pas mais ça se passe bien en général, on a un talent autant en faire profiter des jeunes.

Antoine : Moi je suis redescendu dans le sud, je ne suis plus à Paris, j’ai pris un petit boulot à mi-temps, je suis surveillant dans mon ancien collège, et j’ai dans l’optique effectivement de faire des projets avec les gamins, et de créer deux ou trois groupes.

Alex : Moi je donne déjà des cours dans un conservatoire, j’ai déjà fait des interventions comme ça dans des écoles de musique, des collèges, des lycées, donc j'ai l'habitude.

Et vous personnellement quand vous avez appris la musique, avez-vous suivi des cours ou avez-vous appris en autodidacte ?

Antoine : Il y a deux écoles, nous avec Nicolas on est plus autodidactes, et eux c’est plus académique, on va dire, vous savez lire des partitions, nous non.

Alex : Oui nous on a fait des études dans la musique.

Patrik : Ce qui est bien pour l’énergie du groupe je trouve, il y a des choses qu’eux font naturellement, que moi je n’ai jamais faites.

Et pour l’écriture, la composition comment vous faites pour "dialoguer" ?

Antoine : Pour les cuivres, Patrik avait absolument carte blanche, c’est lui qui a tout fait, après il y a toujours quelques petits thèmes de guitare qu’on peut reprendre avec des cuivres ou des violons. Après en arrangements, c’est Patrik qui déchire, euh qui décide pardon (rires) tu as vu le lapsus !

Nicolas : Avec n'importe quel logiciel tu peux assez facilement éditer des partitions qui sont pas très académiques mais qui se font lire par des musiciens.

Patrik : Surtout ça a un charme d’entendre un truc qu’on ne ferait pas parce qu’on a appris que ça ne se faisait pas, et on réalise qu’en fait ça sonne bien. C’est aussi ça qui permet de créer des surprises, car on a tellement l'habitude de suivre des règles de composition, d’arrangement, parce qu'on nous a dit que c’est comme ça qu’on doit faire, que parfois c’est bien de se rendre compte qu’en fait non, ça peut aussi marcher d’une autre manière.

A quel âge avez-vous commencé la musique ?

Alex : Moi tout petit, je viens d’une famille de musiciens en fait, mon père est pianiste, donc j’ai commencé par le piano.

Patrik : Moi j’ai une famille pas du tout "musicale", mais ils m’ont toujours soutenu et j’ai commencé la trompette à 7 ans.

Antoine : Moi dès que Nevermind de Nirvana est sorti, à l’adolescence quoi.

Nicolas : On n' avait pas des parents musiciens mais mélomanes, qui écoutaient de la musique et nous ont mis de bons disques dans les oreilles.

Antoine : C’est moi qui ai commencé, mais juste parce que je suis le plus vieux je pense.

Nicolas : Moi entre 7 et 11 ans, j’avais fait de la flûte traversière et à 13 ans entraîné par Antoine j’ai pris la basse parce que lui avait pris la guitare.

Antoine : C’est l’histoire d’un grand frère qui entraîne son petit frère ça ne va pas plus loin, j’avais besoin d’un bassiste.

Nicolas : Une main d’oeuvre à pas cher !

Et la création du groupe ?

Antoine : Officiellement, on dit que le groupe a 10 ans mais en vérité un peu plus.

Nicolas : On a eu plein de jeunes formations avant de créer Narrow, et il y a eu un jour je pense c’était il y a 15 ans, où Antoine s’est dit on part sur un truc à deux, on essaie de faire un projet dans cette veine et puis voilà.

Antoine : Les autres groupes avec lesquels on jouait on était toujours très contents au début puis après puisqu’on était pas les seuls à composer, je trouvais à chaque fois que les compositions étaient de moins en moins bien, et qu'au bout d’un moment il y a une sorte d’envie de dire : "ouais fait chier on va le faire tous seuls comme ça ce sera plus simple".

Quand vous réécoutez votre premier album que vous dites-vous ?

Antoine : Pour moi ce n’est pas le premier album, pour moi le premier c’est Narco Corridos, le premier pour moi c’est un coup d’essai, d’ailleurs quand on voit les textes il y a un morceau en français, aujourd’hui Narrow Terence on ne peut pas dire que c’est un chant en français, mais je pense qu’on était encore extrêmement curieux. Ce n’est pas qu’il manquait grand chose, mais je pense que c'était encore pas très affiné. C’est comme par exemple, je ne me compare pas à eux, mais si on écoute le premier Blonde Redhead il est très bien ce n’est pas le problème, mais ce n’est pas du Blonde Redhead, c’est du Sonic Youth. Ils ont commencé à être Blonde Redhead à partir de Fake Can Be Just as Good. Mais je comprends qu’il y ait des groupes qui commencent à devenir eux à partir d’un ou deux albums.

Nicolas : Moi pour le coup, je ne considère pas comme Antoine que cd n’est pas un disque de Narrow, il s’inscrit dans une histoire il y a des choses-là dedans qui ont structuré la suite, c’est un disque que j’assume complètement.

Et ça vous arrive vraiment de le ré-écouter de temps en temps ?

Nicolas : En fait ça m’arrive plus pour la simple raison que je ne l’ai plus, je suis un peu emmerdé.

Antoine : Moi je l’écoute régulièrement, mais pas tous les morceaux. Il y avait un ou deux titres qui auraient pu être cool à rejouer, après aujourd'hui j’ai plus tellement envie, puisqu’on veut jouer notre dernier album en priorité et après il faudra choisir d’autres morceaux pour la tournée, mais je ne pense pas que c’est vers cet album qu’on se tournera.

Pour la tournée de Violence with Benefits, vous avez joué dans des lieux atypiques (chapelles, cinémas, cryptes, temple). Pour cette tournée, quel type de lieux allez-vous privilégier ?

Antoine : Je ne sais pas, les stades ! (rires)

Nicolas : Il y a moins de politique parce que sur le précédent ça faisait sens avec la manière dont ça avait été enregistré.

Antoine : Et surtout c'était un album acoustique donc plus faisable dans ce genre d’endroit, alors que là on a fait un album de rock "classique" mais oui, si tout est adapté, on peut jouer n’importe où.

Nicolas : Mais il y aura moins de hors-les-murs, c’est sûr.

Est-ce que votre violoniste Christelle Lassort sera présente sur la tournée ?

Antoine : Non, on reste en quatuor, Christelle malheureusement est trop sollicitée par ailleurs, c’est en quelque sorte un membre "d'honneur', on l'appellera toujours pour les albums, mais on sait qu’elle ne pourra pas faire les lives. Le groupe Narrow Terence c’est que nous quatre. D’ailleurs elle a été assez "taillée" sur l’album, pas à notre demande particulière même si on avait dit à Philippe Avril qu’il fallait que les cuivres soient plus présents que les violons, ce qui est normal vu que Patrik est dans le groupe. Elle a retrouvé plus un rôle de cordes véritablement, quand on écoute bien le disque, on se dit qu’il n’y a pas tellement de violon, pas de solos ou de thèmes puissants, ça c’est Patrik qui les fait.

Et combien de temps durera la tournée ?

Nicolas : On est sur une économie de groupe indé qui ne concentre pas ses dates sur trois mois mais qui est sur la longueur, on verra tant que des gens seront intéressés, ça va être des dates plus qu’une tournée en soit, avec des moments plus calmes si on est concentrés sur d’autres projets. D’expérience sur le précédent finalement, on a tourné pendant 1 an et demi deux ans.

Antoine : Par contre, les gens si vous voulez qu’on joue plus, rien ne vous empêche d’aller dans la salle de concert de votre ville dire : "Pourquoi vous ne faites pas Narrow Terence, c'est quoi ce bordel ?” parce que ce n'est pas notre volonté, si on pouvait tourner 4 mois sans arrêter, nous on le ferait il y a pas de problème, mais aujourd'hui c’est devenu beaucoup plus compliqué. Partir trois mois avec le camion comme en 1990, ça ne marche plus comme ça.

Nicolas : C’est des choses qu’on projette plus sur l’étranger.

Des festivals cet été ?

Antoine : Alors, je vais te donner le numéro de mon tourneur, tu lui demanderas (rires).

Nicolas : Pour l’instant, il n'y a pas énormément de choses annoncées mais ça va venir.

Antoine : Si, on va faire le Festival Yeah !

Nicolas : Il y a un festival qui est tombé en juillet aussi. On projette peut-être d’aller chercher de la date un peu plus à l’étranger cet été, on est en train d’essayer de construire ça, on avait assez peu tourné à l’étranger auparavant.

Antoine : Un peu d’Angleterre, un peu de Portugal, et surtout on avait fait une date sèche en République Tchèque, il fallait la faire celle-là pour ne plus jamais la refaire (rires). On va être honnêtes, les festivals ne veulent pas. En 10 ans, on a dû faire moins de 10 festivals, et c’est un vrai problème, c’est toujours trop compliqué, trop tard, ils adorent mais ils ne savent comment le travailler, ils nous disent : "j’adore ça, j’écoute ça chez moi, mais par contre je vais programmer The XX". On ne désespère pas, d’ailleurs il y avait un petit article assez rigolo dernièrement où ils faisaient des prédictions sur 2017 et où ils disaient qu’au mois de juin on allait squatter tous les festivals.

Patrik : C’est ça qui est un peu étrange, car les festivals qu’on a fait se sont bien passés, ce n’est pas comme si Narrow n’était pas un groupe de festival.

Quels sont vos projets à venir avec Narrow Terence ou Narco Terror ?

Antoine : Narco pour l’instant, c’est un peu en pause, enfin on a un concert le 1er et 2 mars à Paris, mais ça va rester que des one-shot comme ci comme ca, et oui on a envie de faire un 2ème EP mais bon pour l’instant on est vraiment sur ce disque-là, dont on est tous très fiers autour de cette table et on a vraiment envie de le défendre jusqu’au bout.

Nicolas : Par ailleurs on a été sollicités pour faire la musique d’un pièce de théâtre, ça va se faire dans les prochains mois, pour une pièce jouée à partir de juillet, à Avignon notamment. Là ça va être un tout autre travail.

Jouerez-vous jouer en live pendant la pièce ?

Nicolas : On a beaucoup discuté de ça, mais en fait il y a un concept fort autour des écrans dans la pièce et où nous apparaîtrons à l’image, donc de jouer sur scène ça parasiterait ce principe. Donc on y sera sans y être.

Antoine : On fera aussi des petites vidéos ponctuelles, de morceaux, on veut faire un duo avec un groupe de taïkos qui sont des percussions japonaises, une autre avec le trio Vacarme, tout ça est dans les tuyaux.

Avez-vous l’intention de faire un clip ?

Antoine : Ouais, c’est dans les tuyaux aussi, on en saura plus le 1er mars.

Alex : Oui on a une idée de scénario pour l’instant.

Antoine : Il y a un truc auquel je tiens dans les clips c’est que le groupe joue, j’ai toujours trouvé ça cool de voir bouger les musiciens, de les voir faire le truc.

Patrik : Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui ne savent plus qu’il y a des musiciens qui savent jouer d’un instrument en fait. Ils ont tellement l’habitude d’écouter de la musique électronique que le concept d’un musicien qui bosse son instrument pendant des années, c’est un concept abstrait ou archaïque.

Justement par rapport à la musique êtes-vous plutôt vinyle, CD, mp3, streaming ?

Antoine : On est plus vinyles.

Alex : J’ai des vinyles, j’ai plein de CD, après ça ne m'empêche pas d’écouter en numérique.

Antoine : Oui après tout ce qui est numérique c’est le confort mais ce n’est pas la volonté de se dire "J’ai envie d’écouter du MP3, il me faut du MP3 j’ai écouté que du vinyle, je n'en peux plus".

Nicolas : On se tourne vers le streaming pour des histoires de recherche, de curiosité, après quand on aime bien un truc, qu’on décide de le suivre, on achète le vinyle.

Antoine : Là j’ai un MP3 où j’ai 600 morceaux, et bien les 600 morceaux je les ai en CD ou en vinyles chez moi. D’ailleurs, on me prend souvent pour un con à cause de ça. "Pourquoi t’achètes de la musique alors que c’est gratuit ?", ça c’est un concept que beaucoup de gens ne comprennent plus.

Et quelles sont vos influences musicales majeures ?

Antoine : Pour moi Nirvana c’était le départ, c’est complètement personnel, je suis complètement à fond sur le rock, classique alternatif, metal, j’aime beaucoup le hardcore, mais on a des goûts complètement éclectiques dans le groupe c’est ça qui est intéressant.

Patrik : C’est lié aussi à l’instrument qu’on joue, moi je viens plutôt du jazz parce que je joue des cuivres, j’ai toujours écouté du rock, mais j’ai jamais pensé qu’un jour je jouerais dans un groupe de rock.

Alex : Moi mon père jouait du classique et du jazz, au conservatoire c’était exclusivement l’apprentissage jazz de la batterie, mais à côté de ça au lycée j’écoutais beaucoup de rock, de pop, tout ce qui sortait à l’époque, du punk, des trucs comme ça.

Est-ce qu’il y a des choses que vous détestez ?

Nicolas : Euh, PNL ? (rires)

Antoine : J’ai aucun mal avec la musique électronique mais j’ai un peu de mal avec la musique de flemmard qui passe aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on recherche plutôt une ambiance qu’un morceau ou un album qui nous fasse vibrer, on cherche à mettre un morceau à tel moment pour avoir telle ambiance, on est devenu un désodorisant en fait, ce qui est un peu pénible.

Alex : Non mais M. Pokora qui reprend Claude François par exemple c’est à bannir !

Antoine : Cela fait au moins 4 ans que je m’intéresse plus à la musique qui sort, ou alors dans des écuries très spécialisées, je m’ouvre à d’autres styles, beaucoup plus de musiques de film forcément, je n’ai pas envie de dire "c’était mieux avant" parce que sinon ça veut dire qu’on n'a pas les épaules pour assumer ce qu’on veut pour plus tard, mais malgré tout il y a un côté où je me demande s’il a quelqu’un qui est arrivé à la cheville d’un Stones ou d’un Nirvana ces dernières années ?

Patrik : Je pense pourtant qu’il y a toujours du talent.

Antoine : Bien sûr mais je pense que les trucs qui sortent ne sont pas les plus talentueux.

Un dernier mot ?

Antoine : Tu as une bière ? (rires) Le dernier mot c’est : Froggy’s Delight, delightez-vous avec le dernier album de Narrow Terence "Rumble O Rama" à partir du 3 février, et venez nous voir le 16 mars au Petit Bain !

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :

La chronique de l'album Narco Corridos de Narrow Terence
La chronique de l'album Violence with benefits de Narrow Terence
La chronique de l'album Rumble-O-Rama de Narrow Terence
Narrow Terence en concert au Grand Mix (dimanche 14 mars 2010)
Narrow Terence en concert au Café de la Danse (lundi 12 avril 2010)
L'interview de Narrow Terence (vendredi 25 janvier 2013)

En savoir plus :
Le Bandcamp de Narrow Terence
Le Soundcloud de Narrow Terence
Le Facebook de Narrow Terence

Crédits photos : Thomy Keat (retrouvez toute la série sur Taste Of Indie)


Emmanuel Richard         
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Iamverydumb - Queenside Castle
Karkara - All is Dust
Jean-Marc Millière / Sonic Winter - Five to the Floor

• Edition du 2024-03-17 :
Claude Tchamitchian Trio - Naïri
Tangomotán - Motán
Junon - Dragging Bodies to the Fall
Chester Remington - Almost Dead
Les Diggers - Atmosphérique
Tara - Sekoya
Nicolas Jules - Ravage Club - Nouriture - Les Tambours du Bronx - Heeka - Ni Vus Ni Connus
 

• Archives :
La Mare Aux Grenouilles #81 - Talk Show Culturel
Sprints - Letter to Self
Laetitia Sadier - Rooting For Love
YGGL - Down To The Wire - Malween - Lame - For The Hackers - Madame Robert - Ni Vus Ni Connus
Wildation - Beyond The Ridge
Olivier Triboulois - Quel est ton monde ?
Greyborn - Scars
Tagada Jones - TRNT (best of 1993-2023)
Sidilarsen - Alcest - Karkara - Lucie Folch - The Silver Lines - Ni Vus Ni Connus
Caravan Palace - Gangbusters Melody Club
Klem H - Modern Life
Lysistrata - Veil
Under 45 - Stonewalled
Principles Of Joy - It's Soul That Counts
La Mare Aux Grenouilles #80 - Talk Show Culturel
Chelsea Wolfe - She Reaches Out to She Reaches Out to She
Maxwell Farrington & Le SuperHomard - Please, Wait...
Pierre-François Blanchard - #Puzzled
Sylvain Cathala - Print - Secrets for you
Cotonete - Victoire de la musique
Philippe Soirat - On the spot
Witchorious - Witchorious
Nicolas Jules - La reine du secourisme
Caesaria - Archi Deep - Chester Remington - Dirty Fonzy - Ni Vus Ni Connus
Grand March - Back To The Wall
PURRS - Goodbye Black Dog
Aline - La lune sera bleue
Geins't Naït, Laurent Petitgand & Scanner - Et il y avait
Choeur de chambre Mélisme(s), Colette Diard & BanKal Trio - Brahms le Tzigane
Elodie Vignon - Songes
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