Life will see you now
(Secretly Canadian) février 2017
"Five-year-old watching the 10-year-olds shoplifting / 10-year-old watching the 15-year-olds french kissing" Wedding in Finistère
Avec Jens Lekman, on a envie de chanter "Laissons, laissons, entrer le soleil…". Le musicien Suédois porte en haute estime la pop "bubblegum" et continue de la servir avec une certaine noblesse. Il n’a plus à prouver sa capacité à aborder des histoires très personnelles et à dire des choses douloureuses et dures avec dérision. Le chanteur Suédois est le parfait antidote à la morosité, mais attention pour ceux qui ne le connaissent pas encore, ce n’est pas La Compagnie Créole non plus, si on va au "Bal masqué", c’est pour mieux camoufler ses sentiments et chez lui la lumière cache toujours quelque chose de plus sombre, de plus mélancolique. "How I prayed that I could stop the pain / When the pain needed more than ibuprofen" chante-t-il dans Evening Prayer.
Le ton, la musique de ce Life will see you now est peut-être plus optimiste que ce que l’on pouvait trouver dans I Know What Love Isn’t (2012), disque au goût d’inachevé alors inspiré d'une rupture amoureuse. Mais il y a toujours cette voix séduisante dont on ne peut se défaire, cette pop légère, élégante et poétique qui s’abandonne au plaisir d’une partition aussi bien exubérante que subtile, ce sens du groove ici omniprésent (on retrouve des saveurs de calypso, de disco 80’S, de soul, de samba et de bossa nova), cette nonchalance, cet humour mordant que nous adorons chez lui depuis Oh You’re So Silent Jens en 2005 et le petit bijou Night Falls Over Kortedala en 2007. Il y a aussi un peu de mauvais goût parfois : "What’s That Perfume that you Wear" ou "Hotwire The Ferris Wheel" (avec Tracey Thorn), il en faut un peu occasionnellement pour rehausser le reste…
Nous pourrions presque regretter une production, faite par Ewan Pearson (Goldfrapp, M83…) un peu trop plate mais comment résister à des titres comme "Evening Prayer", "To Know Your Mission", "How We Met, The Long Version", "Our First Fight" ? C’est pourtant en ralentissant le tempo, en se débarrassant du superflu, en gardant un beat presque minimaliste et en ornementant au minimum dessus comme dans "Postcard #17" ou le superbe "How Can I Tell Him" que le Suédois regagne en intensité et touche au but. Définitivement la musique de Jens Lekman devrait être remboursée par la sécurité sociale…
Le printemps, les giboulées de mars, les balades au soleil ... la vie presque parfaite s'il n'y avait pas tant de méchants qui font la guerre. Pour se détendre, cultivons nous !. Ajoutons à cela nos chaines Youtube et Twitch et la semaine sera bien remplie.