Dans le cadre de la monstration de collections privées, le Musée Jacquemart-André sis dans hôtel particulier de Nélie Jacquemart-André, grande collectionneuse française du 19ème siècle, accueille une sélection d'oeuvres de la Collection Alicia Koplowitz constituée par une collectionneuse contemporaine espagnole, elle-aussi guidée par ses émotions esthétiques.
La sélection de la cinquantaine d'oeuvres présentées "De Zurbaran à Rothko" rend compte de l'éclectisme de cette collection universaliste considérée comme l'une des plus importantes en Europe.
En effet, elle ne se focalise ni sur une période ni sur un courant artistique et son amplitude chronologique embrasse quatre siècles de création artistique du Siècle d'or espagnol à l'art contemporain.
Et les commissaires, Pablo Melendo Beltrán, ex-PDG de Sotheby’s Espagne, et Pierre Curie, spécialiste de peinture italienne et espagnole du 17ème siècle, et conservateur du Musée Jacquemart-André, ont opté pour un classique parcours chronologique sobrement scenographié par Hubert Le Gall qui invite le visiteur à une déambulation dans l'Histoire de l'Art.
La Collection Alicia Koplowitz : au pays des grands noms de l'Art
De celle-ci la monstration se dégage deux topiques, le tropisme ibérique et la prédilection pour la figure féminine.
En premier lieu, elle fait la part belle à la peinture espagnole en s'ouvrant sur les oeuvres des maîtres anciens Zurbarán ('Vierge à l'enfant avec Saint Jean Baptiste") et Goya ("Hercule et Omphale", "L'attaque de la diligence") ainsi que celles de deux peintres de cour, le maniériste Juan Pantoja de La Cruzdu avec un archétypal portrait d'apparat ("Portrait de Doña Ana de Velasco y Girón") et le néo-classique Augustin Esteve y Marqués ("Portrait de la marquise de Marguini").
La modernité s'illustre avec le trio de choc constitué par Picasso ("Tête et main de femme", "Demi-nu à la cruche"), Juan Gris ("Violon et journal"), Tapiès ("Parralèles") et Juan Gonzalès ("Mari", "Buste de femme") et l'art contemporain avec les tableaux-sculptures du peintre néo-expressionniste Miquel Barcelo ("Kula Be Ba Kan", "Lac Jaune").
Et puis des découvertes avec les vues madrilènes introduites par les védutes italiens séjournant en Espagne et les prémisses du costumbrisme avec les scènes de rue de Lorenzo Tiépolo ("Femme portant des navets et autres figures", "Vendeuse d'oranges et majos").
Par ailleurs, les commissaires soulignent le goût de Alicia Koplowitz pour la thématique du féminin dans l'art, d'une part, pour les oeuvres de femmes artistes, en l'occurrence avec celles de Germaine Richier ("Feuille") et Louise Bourgeois ("Spider III").
Et, d'autre part, pour la représentation de la figure féminine. Et ce dans différentes déclinaisons sacrées ou profanes : des vierges à l'enfant (Vierge au chapeau et à l'enfant de Luis de Morales aux femmes post-impressionnistes et modernes ("Femme au grand chapeau de Van Dongen, "La rousse au pendentif" de Modigliani retenue pour l'affiche, "Demi nu à la cruche" de Picasso). |