Comédie dramatique de Jean-Claude Carrière, mise en scène de Christelle Jacquaz, avec Christelle Jacquaz et Antonio Labati.
Un homme et une femme. Chabadabada ? Romance ? Peu probable avec Jean-Claude Carrière. Quoi que...
Sortant de la douche, un homme découvre une inconnue installée sur son lit sous le prétexte de la recherche d'un homme, un certain Monsieur Ferrand.
S'il manifeste fort naturellement de l'étonnement et de l'incompréhension, puis de l'exaspération, en revanche, de manière inattendue, il ne prend aucune initiative radicale pour éconduire l'intruse qui prend ses aises et à demeure.
Il est vrai que cette jeune, jolie, pétillante, intrig(u)ante jeune femme dotée d'un beau bagout, apparemment libre comme l'air tel un oiseau-coucou sur la branche, constitue un bel imprévu dans sa vie très cadrée de quadra psychorigide et d'homme à femmes d'une nuit.
Jean-Claude Carrière décline cette situation singulière dans "L'aide-mémoire" qui pourrait naturellement - et tout simplement - s'inscrire dans le genre de la comédie sentimentale sur le thème de l'attirance des contraires si, à la faveur d'une intrigue à suspense défiant la rationalité, propice à capter l'attention du spectateur et soumettre sa perspicacité à l'épreuve d'une subtile immersion dans un labyrinthe spéculatif, n'était évoquée la piste du jeu de rôle.
La grande qualité de la mise en scène éclairée et efficace de Christelle Jacquaz tient à ce qu'elle rend limpide le polymorphisme de cette partition pintérienne sans en obérer les potentialités que constituent les différents niveaux de lecture.
L'interprétation est à l'avenant avec d'émérites bretteurs - Antonio Labati, en séducteur au petit pied, et Christelle Jacquaz, en adorable et inquiétante menteuse - pour tenir ce surprenant huis-clos intime sur petite musique de chambre. |