"Il ne m’appartient pas de juger la musique d’aujourd’hui mais de créer et de jouer un répertoire nouveau destiné à tous les musiciens et tous les publics." Henri Demarquette
Est-ce sa sonorité si veloutée, sa capacité à transmettre autant d’expressions, ce supplément d’âme qui font du violoncelle l'un des instruments, à cordes, les plus fascinants ? N’est-ce pas l’un des instruments que l’on rapproche le plus souvent de la voix humaine ?
Il est donc tout à fait naturel que le talentueux violoncelliste Henri Demarquette soit à l’initiative du très intéressant projet Vocello avec la volonté de : provoquer à des compositeurs l’envie d’écrire des œuvres pour violoncelle et chœur, proposer de nouveaux arrangements originaux d’œuvres existantes et donc de constituer un fonds d’œuvres inédites tout en dynamisant la création et la promotion de talents.
"Les œuvres pour violoncelle et chœur sont rares et mon projet, naturellement intitulé Vocello, entend créer un nouveau courant, un nouveau style concertant et un nouveau répertoire. Vocello entre aujourd’hui en résonance avec les enjeux contemporains qui traversent l’écriture et la création musicales" comme l’explique le violoncelliste. Un merveilleux programme !
Depuis 2014, l’idée a poussé des compositeurs comme Patrick Burgan avec L’Archipel des saisons, Alexandre Gasparov avec Idcirco ego plorans, Philippe Hersant avec Métamorphoses, la compositrice Ukrainienne Olga Viktorova avec Sancta Maria, Éric Tanguy avec un Stabat Mater, etc. à se lancer dans l’aventure.
Le résultat sur ce disque, en compagnie du superbe ensemble vocal Sequenza 9.3. (ensemble également très actif dans l’exploration des répertoires des XXème et XXIème) est merveilleusement intéressant. Au programme donc des pièces réarrangées (Purcell, le très bel arrangement de la Déploration sur la mort de Gilles Binchois d’Ockeghem, Clemens Non Papa, Dowland…) et des créations (Tanguy, Hersant, Escaich…) pour un résultat complètement envoûtant. Les timbres du violoncelle et des voix se mélangent et touchent à quelque chose d’assez incroyable, une communion qui confine presque au spirituel (le choix des œuvres y aidant particulièrement, et puis il y a ce trait d’union entre œuvres du passé et du présent).
Un choix des œuvres qui amène également indéniablement à une dimension quasiment méditative (dans la pièce de John Tavener par exemple, comme une longue prière, presque une litanie ou dans le Stabat Mater d’Eric Tangy). Il n’est pas nécessaire de vous parler de la virtuosité et de l’intensité de l’interprétation des musiciens ni de l’incroyable talent d’écriture de compositeurs comme Eric Tangy, Philippe Hersant ou Thierry Escaich (l’époustouflant et volcanique Night’s Birds). Si l’on ne peut que féliciter de la démarche, le résultat mérite largement des éloges.
# 13 octobre 2024 : Sur un malentendu ca peut marcher
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