Partition théâtrale de Zdrava Kamenova et Gergana Dimitrova, mise en scène par Dimitar Uzunov, avec Céline Barcq, Alain Carbonnel, Nouche Jouglet-Marcus et Barnabé Perrotey. Sous le titre "Cabaret UNABOMBER", la Compagnie Famille Mundi présente une partition des dramaturges bulgares Zdrava Kamenova et Gergana Dimitrova qui, inscrite dans le registre du théâtre politique et du théâtre d'actualité, aborde le concept de décroissance et milite pour une nécessaire prise de conscience individuelle. Dans leur opus titré "Protohérissé (BP : Unabomber)", elles traitent de l'invasion technologique, du scientisme, et de ses impostures, de l'action humaine devenue une véritable force géophysique agissant sur l'être et le devenir de la planète en termes de détérioration des écosystèmes qui entraîne la disparition d'espèces animales ancestrales, et, à terme, celle de l'homme et de l'éco-terrorisme. A cet effet, elles retracent deux histoires à suspense imbriquées, celle de la disparition du mathématicien américain Theodore Kaczynski, adepte du néo-luddisme qui prône la révolution économique par le retour au primitivisme, et celle du périple héroïque d'un échnidé femelle à la recherche d’un congénère pour assurer la survie de son espèce en voie d'extinction.
Les deux s'acheminent vers leur destin, l'engagement en solitaire sur la voie du terrorisme meurtrier pour l'un qui lui vaudra le surnom d'Unabomber, l'ultime quête pour l'autre.
La plasticité stylistique du texte, traduit par Marie Vrinat, qui tient à sa composition mosaïcienne, se prête aux variations scéniques et Dimitar Uzunov, metteur en scène d'origine bulgare installé en France depuis 2004, a opté pour une forme et une esthétique multimédia pilotées par le video-jockey Stéphane Privat et le vidéaste Raphaël Firon qui fait donc la part belle à l'art visuel numérique.
Ainsi, sous le regard-scanner d'un Big Btrother satellitaire, les scènes brèves, parfois de simples vignettes, dont Alain Carbonnel, Nouche Jouglet-Marcus et Barnabé Perrotey sont les protagonistes avec la complicité de Romuald Kagbo en charge des inserts musicaux, s'enchaînent sur le mode burlesque du cabaret et de l'humour au second degré.
Imbriquées avec l'épopée tragique du "proto-animal", fable anthropomorphique placée sous le signe du réalisme magique dispensée par Céline Barcq, elles concourent à concrétiser, hors de tout discours moraliste, une métaphore glaçante.
La sagacité des parti-pris formels et dramaturgiques du metteur en scène et le jeu des comédiens aguerris contribuent à un spectacle singulier et totalement réussi. |