Sincerely, Future Pollution
(City Slang) avril 2017
"The sewers overflowed, while everyone was on Instagram"
Beaucoup de choses se réfèrent au passé dans ce Sincerely, Future Pollution, sixième album de Timber Timbre. Des références que l’on retrouve aussi bien dans l’instrumentation : dues à la présence dans le studio d’enregistrement de synthétiseurs vintage, dans les sonorités très 80’s, dans les fantômes (Bowie, Lou Reed ou Prince) et les vivants (Nick Cave, Depeche Mode, Nine Inch Nails, New Order) qui habitent ce disque et jusque dans la pochette : détail d’une photo prise depuis le Rockeffeler Center à New-York en 1935.
Pourtant, cela n’a rien de surprenant si l’on prend en compte la discographie des canadiens puisque le groupe n’a eu de cesse de faire évoluer sa musique en bouleversements esthétiques successifs faisant baigner sa musique entre musique des 60’s ou des 70’s. Le groupe québécois a toujours été très difficile à identifier, souvent classé comme quelque chose entre le blues et le folk, mais ils ont toujours été primordialement originaux. Et c’est en cela la marque des grands groupes. Timber Timbre l’est, c’est absolument indéniable.
Bien qu’ancré dans le passé ce Sincerely, Future Pollution est un disque résolument moderne et de son époque. Un ancrage aussi bien dans le fond que dans la forme. Un disque désillusionné, inconfortable, sombre, claustrophobique mais pas plombé pour autant. Disque de fin du monde Sincerely, Future Pollution parle notamment des rapports entre les gens, des réseaux sociaux, de la désinformation, de l’importance qu’a pris internet dans nos vies. Le tout avec quelque chose de très urbain. C’est aussi une réponse, comme pour le nouvel album de Father John Misty à l'élan populiste droitier des États-Unis.
Et puis il y a ce traitement des textures sonores, de la composition, de la dramaturgie. Sincerely, Future Pollution alterne groove (presque funk) blanc comme du velours ("Grifting" qui se rapproche du "Fame" de David Bowie, "Skin tone", "Bleu Nuit") rappelant parfois un blues électronique industriel et morceaux un peu étranges, presque désincarnés ("Velvet Gloves & spit", "Moment", "Western Questions", "Floating Cathedral", "Sincerely, Future Pollution").
Comme d’habitude avec Timber Timbre, tout est archi-travaillé, les atmosphères comme les compositions. Moins dense que Creep on Creepin’on ou que le sublime Hot Dreams, Sincerely, Future Pollution semble moins impressionnant que ses prédécesseurs, pourtant il se révèle comme un véritable bijou d’écriture musicale diablement venimeux, pénétrant et finalement presque insaisissable.
Il n’empêche Timber Timbre prédit un scénario de cauchemar malheureusement tout à fait possible. Reste à voir quelle est la valeur prophétique de ce Sincerely, Future Pollution mais ce disque avec ces ambiances et ces synthétiseurs cinématographiques des années 80 est une joie inattendue pour savourer le marasme politique imminente qui risque d’arriver.
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