Mimodrame composé par Igor Stravinsky sur un texte de Charles-Ferdinand Ramuz, mise en scène de Stéphan Druet, direction musicale de Jean-Luc Tingaud, avec Claude Aufaure, Licinio Da Silva, Fabian Wolfrom, Aurélie Loussouarn et les musiciens de l’Orchestre-Atelier Ostinato dirigés en alternance par Olivier Dejours ou Loïc Olivier.
En 1917, de la rencontre de l'écrivain Charles-Ferdinand Ramuz et du compositeur Igor Stravinsky naissait "L'Histoire du Soldat" dont l'argument constitue une déclinaison faustienne traitée dans le genre du mimodrame pour trois récitants et sept instrumentistes.
En effet, un naïf soldat échange son seul bien, un petit violon, métaphore de son âme, contre un livre magique apportant richesses et bonheur. Bien évidemment un marché de dupes puisque l'apparent inoffensif chasseur de papillons qui l'y incite n'est autre que le Diable.
Par sa thématique intemporelle quant à l'illusion matérialiste et sa partition musicale avant-gardiste en son temps, en tant qu'essentiellement rythmique et quasi-dissonante, cet opus centenaire n'ait pas pris une ride.
Et cependant, fort judicieusement, Stéphan Druet, qui en assure la mise en scène, n'a pas cédé à la tentation de la recontextualisation afin de conserver la poétique du fantastique attaché à l'ancestral conte russe dont l'oeuvre s'inspire et à sa conception originale de "petit théâtre ambulant" destiné à sillonner les villages.
Ainsi, afin tant de solliciter l'imaginaire du spectateur que ne pas le distraire de l'essentiel par un "théâtre de régisseur", point de décor, uniquement, dans l'esprit du théâtre de tréteaux, une toile peinte en fond de scène réalisée par Laurence Bost représentant un ciel stylisé.
Quant à l'orchestre, il est intégré à l'histoire comme une fanfare militaire avec les musiciens portant l'uniforme des Poilus en version allégée confectionnés par Michel Dussarat et les lumières de Christelle Toussine se chargent des atmosphères. Avec la collaboration de Jean-Luc Tingaud pour la direction musicale et Sebastiàn Galeota pour la chorégraphie, il signe un spectacle d'excellente facture placé sous le signe de la sobriété et de la fraîcheur d'interprétation.
Fraîcheur de jeu des musiciens de l’Orchestre-Atelier Ostinato qui ne sont pas de vieux briscards rompus à la scène mais de jeunes instrumentistes débutant leur carrière professionnelle et s'avèrent très attentifs à la direction du chef Olivier Dejours totalement investi, accompagnant, de la voix en sourdine, les comédiens.
Fraîcheur également des officiants avec Aurélie Loussouarn pour la partie dansée, et la déclamatoire dynamique du lecteur-narrateur de l'excellent Claude Aufaure qui guide l'action dispensée par Fabian Wolfrom, au physique de jeune premier, incarnant avec justesse le soldat naïf face au diable doucereux et roublard dont Licinio Da Silva livre une savoureuse composition burlesque.
Réussie, cette "Histoire du Soldat" n'est pas donc réservée aux mélomanes et s'inscrit résolument dans le registre du spectacle tous publics. |