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Pierre Cendors  (Editions Le Tripode)  mai 2017

"Je ne sais presque rien de vous. Vos pensées comme vos nuits me sont inconnues. Je ne vous connais que de loin et pourtant, depuis notre rencontre à Paris, vous m'êtes devenue plus intimement liée que mon propre souffle..."

Coup de maître encore, réalisé par les Editions du Tripode avec la publication du dernier livre de Pierre Cendors, déjà auteur des Archives du vent et de L’invisible dehors, carnet islandais d’un voyage intérieur.

"Je dois bientôt m’en aller, partir. Vous quitter. C’est la dernière nuit que je passe en tête à tête avec votre absence. C’est là, je sais, toute la compagnie que je recevrai jamais de vous. Demain, je serai de retour au front. Je n’ai jamais pu mentir devant vous. Je m’avance sur un chemin où, dans quelques heures, à l’instant peut-être où vous lirez ces mots, je me serai franchi.

Pour Pierre Cendors, dans son cheminement, Minuit en mon silence se tient à la croisée de plusieurs types d’écriture qu’il a pratiqué jusqu’ici avec le roman, le poème et ce que faute de mots il décrirait come un moment nocturne de la parole, parole qui se veut fidèle à une expérience intérieure.

Avec Minuit en mon silence, Pierre Cendors nous livre un texte lumineux, d’une grande beauté, à la croisée du roman, de la poésie et du manifeste. Ce court roman épistolaire est en fait une longue lettre datée du 28 septembre 1914 d’un lieutenant allemand, Heller, persuadé qu’il va bientôt mourir, adressée à une femme française dont il peignait le portrait dans son atelier parisien avant la guerre.

A travers ce texte, Pierre Cendors rend un vibrant hommage à Alain Fournier, l’auteur du Grand Meaulnes, tombé dès les premiers combats de la Grande Guerre, qui lui aussi s’était épris d’une femme, qu’il venait de rencontrer.

Cendors fait de ce lieutenant allemand le digne représentant de ces poètes-soldats, tombés sous les balles ennemies, dans de nombreuses batailles absurdes. En partant vers la mort, il tente d’illuminer son chemin par des mots, pour soigner et rassurer ses maux. Il veut partir avec l’amour comme pour montrer que cette maudite guerre n’a pas de prise sur les sentiments amoureux. Au contraire, la beauté de ce texte nous montre même que ce conflit et ces combats donnent une plus grande densité à cet amour qui en devient presque quasi inoxydable. Il nous montre que l’amour et la guerre ne sont pas obligatoirement opposés, et ce, de belle façon. Ce texte, nous dit Pierre Cendors, est une méditation sur la passion et la dépassion amoureuse.

On tourne les pages de ce petit bijou avec un grand émerveillement, on y découvre des mots sublimes que l’on se surprend à relire plusieurs fois. "Si les mots savent habiller nos sentiments et nos pensées, ils échouent à nous mettre à nu. La nudité de l’être use leur étoffe jusqu’à atteindre une transparence peu dicible." On revient très souvent en arrière pour se délecter de pages déjà lues.

Lorsqu’il nous parle d’Orphée, son ordonnance, jeune engagé de 20 ans, disparu lors du dernier combat, ses mots sont denses. Il nous décrit sa mort, celle d’un poète, parti avec ses vers. A Orphée, personnage central de la lettre, Heller aime se raccrocher à ses souvenirs, pensant souvent à lui, au langage de ses yeux. Il part à la recherche de son corps, trouve un carnet sur lui et quelques vers.

"La poésie fait un poème de tout, madame, de la vie, du hasard, même de la mort d’un soldat. Un poème écrit avec son sang. Je ne souhaite à personne d’être poète. Votre vie ne vous appartient pas plus que votre mort. On vous croit le plus libre des hommes, mais c’est une liberté dont on ne s’évade pas." Pierre Cendors manie les maux avec une profonde élégance digne des plus grands écrivains.

Loin des traditionnelles lettres de poilus que l’on s’évertue à utiliser en classe pour éclairer les jeunes sur les traumatisantes conditions de vies des soldats dans les tranchées, Pierre Cendors donne une dimension poétique à ce conflit sans lui enlever sa brutalité extrême. Comme il l’écrit si bien, "la poésie, madame, c’est désimaginer le monde tel qu’on nous le vend. C’est découvrir qu’il n’est rien et que s’en éveiller est tout".

Pour Pierre Cendors, le meilleur résumé que l’on puisse faire de Minuit en mon silence, c’est un dialogue dans un rêve qui demande "Qu’est-ce que l’amour demande un voix dans un rêve ? L’amour, c’est un échec qui a réussi répond l’autre voix". Pierre Cendors fait de l’expérience amoureuse une aventure fondamentale qui habite notre silence le plus intime.

Minuit en mon silence est un immense livre qu’il faut absolument lire tant l’émerveillement y est total. Il fait partie de ces livres que l’on gardera religieusement dans son étagère, prêt à le dégainer dès qu’un ami s’aventura dans cette étagère. Il fait aussi partie de ces livres qui ne prendront jamais la poussière tant on aura plaisir à le ressortir de temps en temps pour le relire. Véritable coup de cœur de ce début d’année 2017, Minuit en mon silence restera une vraie belle découverte que je ne suis pas prêt d’oublier.

 

A lire sur Froggy's Delight :
La chronique de "Vie posthume d'Edward Markham" du même auteur
La chronique de "Silens Moon" du même auteur

En savoir plus :
Le blog de Pierre Cendors
Le Facebook de Pierre Cendors


Jean-Louis Zuccolini         
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