Il est parfois difficile de ne pas jouer le blasé face à l’arrivée d’un nouveau groupe, dont la moyenne d’âge ne surmonte pas 20 ans. Évidemment, en tant que grand amateur de musique, on n’accepte pas facilement ce genre de groupe, trop frais, trop propre, trop je sais tout, trop parfait. Et si en plus le trio féminin dont il est question, s’appelle Pinky Pinky, la coupe est pleine, pas vrai ?
Mais finalement ce n’est pas aussi simple. Anastasia Sanchez, Isabelle Fields et Eva Chambers forment un trio sur lequel le temps n’a pas d’emprise. Avec ce premier EP, les rifts se chargent tour à tour de soleil et de noirceur et évoquent un jeu de question-réponse nerveux. Si la guitare d’Isabelle et la basse d’Eva dessinent des sons épais, dont l’aspect gluant s’attache en un rien de temps à la cervelle. C’est chaud, un peu psyché sur les bords, carrément dégoulinant et bien trop court.
Oscillant entre coup de chaud et brise rafraîchissante, le quatre titres expose glorieusement toutes les capacités du trio. Un peu pop sur "Ram Jam", résolument mélancolique sur "The Nest", le chant d’Anastasia Sanchez flirte langoureusement entre passions et grande épopée musicale. Un écart encore plus saisissant sur "Spiders", morceau sur lequel l’ombre d’Hanni El Khatib flotte et offre des inflexions proprement solaires.
Alors oui, on ne parle que de quatre chansons, mais nul doute que le meilleur reste à venir.
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