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Marco Martins  mai 2017

Réalisé par Marco Martins. Portugal/Franc. Drme. 1h52 (Sortie le 17 mai 2017). Avec Nuno Lopes, Mariana Nunes, David Semedo, José Raposo, Jean-Pierre Martins, Beatriz Batarda, Gonçalo Waddington et Ricardo Fernandes.

On pourra voir "Saint Georges" de Marco Martins comme un simple film, un film sur la boxe, contant, après bien d'autres, la déchéance d'un champion en fin de carrière.

On pourra aussi le regarder comme un grand film politique, une métaphore de la société portugaise prise à la gorge, comme le dit un texte introductif au générique, par la "troïka" financière internationale, et sommée de rembourser ses dettes coûte que coûte.

Les esprits échauffés par la campagne électorale trouveront peut-être dans ce Portugal crépusculaire du début des années 2010, où le règlement de la crise reposait essentiellement sur les salariés, un avant-goût de la période à venir en France.

Qu'ils aient tort ou raison, cette plongée au cœur d'une société où l'argent est roi et la dérégulation la règle, montre à tous la face cachée du libéralisme effréné. A commencer par le pouvoir des sociétés de recouvrement qui, par tous les moyens, vont désormais s'attacher à récupérer des dettes qu'ils ont rachetées.

Au cinéma, on s'est déjà servi de ces situations où des nervis mafieux viennent menacer physiquement des surendettés pris à la gorge par leurs échéances. Mais, si l'on excepte "Raining Stones" de Ken Loach, c'est surtout dans des pays du dit "Tiers Monde" que l'on décrivait ce triomphe des usuriers aux méthodes peu orthodoxes.

Ici, on est au Portugal, un Portugal qui s'était rêvé nouvelle puissance économique européenne, et qui se retrouve en ruine économique et morale.

Jorge, le boxeur, sommé de jouer les gros bras pour extorquer l'argent des victimes de la crise, traverse le film en zombie halluciné. Il est de tous les plans, découvrant ce qu'il reste du miracle économique dans des zones péri-urbaines, des entrepôts, des no man's land nocturnes ou des quasi-bidonvilles où s'entassent des immigrés cap-verdiens ou brésiliens.

Nuno Lopes paie de sa personne et sa composition est époustouflante. Ce Javier Bardem lusitanien est un homme bon, porteur d'une violence codifiée par les règles du "noble art", et qui est désormais contraint d'utiliser ses poings à des fins peu avouables. "Saint Georges" de Marco Martins paraît bien loin des films portugais que l'on célèbre en France, de Manoel de Oliveira à Pedro Costa.

Mais cette distance, due au sujet, n'est qu'apparence. Dans ce quasi-documentaire, utilisant largement des acteurs non-professionnels dans leurs vrais rôles, et filmant le sordide plutôt que le raffiné, on retrouve pourtant des points communs avec le "grand" cinéma portugais.

Que ce soit dans la manière de laisser déambuler le temps qu'il faut les personnages, ou dans celle de les laisser s'imprégner du monde qui les entoure avant de s'y intégrer ou de s'en détacher, "Saint Georges" de Marco Martins a ce côté à la fois contemplatif et réflexif des films portugais. Il y ajoute peut-être l'énergie du désespoir ou de la désespérance.

En tout cas, c'est une œuvre forte, impressionnante par sa construction et par tout ce qu'elle démontre. Il faut la voir en espérant que jamais le cinéma français ne puisse à son tour s'inspirer de la virée d'un Nuno Lopes au tréfonds de l'horreur économique.

 

Philippe Person         
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# 21 avril 2024 : Des beaux disques, des beaux spectacles, une belle semaine

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Du côté de la musique :

"Génération (tome 1)" de Ambre
"Out" de Fishtalk
"Take a look at the sea" de Fontanarosa
"Venus rising" de Trio SR9 & Kyrie Kristmanson
"Perpétuel" de Vesperine
"Liminal status" de Watertank
"The great calm" de Whispering Sons
"Keep it simple" de Yann Jankielewicz , Josh Dion & Jason Lindner
Quelques nouveautés en clips avec Isolation, Resto Basket, Greyborn, Bad Juice, Last Temptation, One Rusty Band, We Hate You Please Die
nouvel épisode du Morceau Caché, consacré à Portishead
et toujours :
"Kit de survie en milieu hostile" de Betrand Betsch

"Let the monster fall" de Thomas de Pourquery
"Etat sauvage" de Chaton Laveur
"Embers of protest" de Burning Heads
"Sin miedo" de Chu Chi Cha
"Louis Beydts : Mélodies & songs" de Cyrille Dubois & Tristan Raës
"Arnold Schönberg : Pierrot lunaire" de Jessica Martin Maresco, Ensemble Op.Cit & Guillaume Bourgogne
"C'est pas Blanche-neige ni Cendrillon" de Madame Robert
"Brothers and sisters" de Michelle David & True Tones
"Prokofiev" de Nikita Mndoyants
"Alas" de Patrick Langot, Alexis Cardenas, Orchestre de Lutetia & Alejandro Sandler
"Symptom of decline" de The Black Enderkid
"Tigers blood" de Waxahatchee
"Not good enough" de Wizard

Au théâtre :

les nouveautés :

"Sonate d'automne" au Théâtre Studio Hébertot
"Frida" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses

"Preuve d'amour" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Après les ruines" au théâtre La Comète de Chalons En Champagne
"Objets inanimés, avez-vous donc une âme ?" au Théâtre du Guichet Montparnasse
"Royan, la professeure de français" au Théâtre de Paris
Notes de départs" au Théâtre Poche Montparnasse
"Les chatouilles" au Théâtre de l'Atelier
"Tant que nos coeurs flamboient" au Théâtre Essaïon
et toujours :
"Come Bach" au Théâtre Le Lucernaire
"Enfance" au Théâtre Poche Montparnasse
"Lîle des esclaves" au Théâtre Le Lucernaire
"La forme des choses" au Théâtre La Flèche
"Partie" au Théâtre Silvia Monfort
"Punk.e.s" Au Théâtre La Scala
"Hedwig and the angry inch" au théâtre La Scala
"Je voudrais pas crever avant d'avoir connu" au Théâtre Essaïon
"Les crabes" au Théâtre La Scala
"Gosse de riche" au Théâtre Athénée Louis Jouvet
"L'abolition des privilèges" au Théâtre 13
"Lisbeth's" au Théâtre de la Manufacture des Abbesses
des reprises :
"Macbeth" au Théâtre Essaion
"Le chef d'oeuvre inconnu" au Théâtre Essaion
"Darius" au Théâtre Le Lucernaire
"Rimbaud cavalcades" au Théâtre Essaion
"La peur" au Théâtre La Scala

Une exposition à la Halle Saint Pierre : "L'esprit Singulier"

Du cinéma avec :

"Le déserteur" de Dani Rosenberg
"Marilu" de Sandrine Dumas
"Que notre joie demeure" de Cheyenne-Marie Carron
zt toujours :
"Amal" de Jawad Rhalib
"L'île" de Damien Manivel
"Le naméssime" de Xavier Bélony Mussel
"Yurt" de Nehir Tuna
"Le squelette de Madame Morales" de Rogelio A. Gonzalez

Lecture avec :

"Hervé le Corre, mélancolie révolutionnaire" de Yvan Robin
"Dans le battant des lames"' de Vincent Constantin
"L'heure du retour" de Christopher M. Wood
"Prendre son souffle" de Geneviève Jannelle
et toujours :
"L'origine des larmes" de Jean-Paul Dubois
"Mort d'un libraire" de Alice Slater
"Mykonos" de Olga Duhamel-Noyer
"Des gens drôles" de Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
"L'empire britanique en guerre" de Benoît Rondeau
"La république des imposteurs" de Eric Branca
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