Les astres se penchèrent sur le berceau de ces gars-là. Peut-être. En aurait-il été de même s’ils avaient vu le jour au sommet d’une montagne enneigée ? Cela, personne ne le sait, mais il n’y a qu’à les écouter murmurer sur Volcan pour que le doute s’efface : Volin est né au soleil, voilà tout. Montpellier exactement.

Volin est une guilde composée de Vincent Colin, et ses trublions Romain et Maxime. Pour cet album, ils ont bâti un son venu de la contemplation de la nature. Les titres sont chacun une balade au cœur d’une forêt d’arbres centenaires, ou une escapade dans une crique déserte de poulets rotis.

"Dire que l’on s’exerce à tenir la distance… alors je continue la route, je veux sortir de la ronde ordinaire qui avale le jour, qui efface les contours et la mémoire, alors j’attends le jour où tout explosera de la gueule d’un volcan endormi" ("Volcan"). Le décor est posé.

L’ambiance est douce, c’est sous les mots que sourde la colère de la terre. Les cordes aquatiques se corsent en vibrations dentelées d’écumes, laissant la place à une pointe d’amertume électronique. Le tout forme une toile gigantesque tout en finesse et en esthétique acoustique.

Les basses se font entêtantes face à l’exaspération des troupeaux se donnant en spectacle, face au manque de personnalité, la soi-disant bienséance qui oblige à se taire et à filer au turbin comme un robot : "Que je fasse profil bas, que je m’incline à la beauté du jour, que je fasse feu de toute carapace, que l’on se passe d’artifices" ("Secousses").

Volin voile le climat solaire de son album d’un nuage menaçant. Au premier abord légère, l’ambiance se fait plus pesante au fil des écoutes. Le grain de voix du chanteur maintient le cap, les neufs titres sonnent justes, ils se synchronisent pour séduire l’oreille et ensorceler ma cuisine.

La vie, c’est moins désespérant en chantant disait l’autre, et Volin l’a bien compris. Les ras-le-bol et les déceptions, les fatigues et les désirs perclus sont canalisés dans les notes. Ils prennent sens dans la composition des textes, et font écho à notre quotidien, nos envies de dézinguer du compatriote. Et en même temps, Volin a l’intelligence de ne pas nous pousser à passer à l’acte, mais à respirer un coup et prendre du recul. Ne serait-ce pas de la maturité ? Certainement.