Comédie de Sonia Nemirovsky, mise en scène de Bernard Degrémont et Claire Lellouche, avec Grégory Vouland, Jean-Loïc Françaois, Olivier Kuhn, Sonia Nemirovsky, Emilie Piponnier, Pauline Lacombe et Suzanne Marot.
Un mariage qui semble comme tous les mariages : la mariée s'ennuie, les convives cuvent, les chansons de Dalida succèdent aux chansons de Dalida... Mais, ici, différence notable : le marié n'est déjà plus là. Il est marin et l'on s'interroge... A-t-il pris la mer ou la tangente ? Dans un décor de banquet de mariage, avec pièce montée, bouteilles de mousseux et ballons de baudruche, Bertrand Degrémont et Claire Lellouche ont installé un quatuor, bientôt complété par le mari-marin et par la sirène dont les appels l'ont troublé au point d'en oublier sa rousse épouse. S'il n'y avait pas cette sirène avec de belles jambes, on pourrait se croire dans un univers populaire à la Durringer. Mais l'auteure, Sonia Nemirovsky qui joue la mariée, n'est pas dans la lignée du réalisme poétique ni du fantastique social. Elle préfère l'univers de la "comédie déjantée", celle qui part du réel pour s'envoler à dessein dans le "n'importe quoi" organisé et revendiqué. Si l'on accepte ce point de départ, que l'on reconnaît que les acteurs s'adonnent tout entier à ce périlleux exercice du changement de ton perpétuel, et que l'on s'amuse des situations absurdes ainsi créées, on prendra du plaisir à être convié à cette noce pas comme les autres. Si, au contraire, on sacralise le mariage ou que l'on n'aime pas l'humour potache, il vaudra mieux assister à une autre cérémonie ou à d'autres agapes. Dans "Les Flottants", Sonia Nemirovsky a voulu exprimer les attentes et les frustrations d'une génération à peine adulte et déjà empesée dans les fractures de la vie, symbolisées par ce mariage catastrophique. On pourra lui reprocher de viser avant tout cette génération et de ne pas vraiment communiquer avec les autres. Mais cet "autisme générationnel", qui, paradoxalement, se nourrit du tube lointain de Daniel Guichard, "Faut pas pleurer comme ça", est un constat, une marque de fabrique de cette nouvelle "génération perdue" qui flotte, désabusée, dans ce monde cynique et sans perspective qui lui est donné en héritage. |