Mise en voix d'extraits du roman éponyme de Valérie Mrejen par Laurent Poitrenaux.
Plasticienne et vidéaste inscrite dans les champs de l'écriture depuis 1998, Valérie Mrejen livre son expérience de la maternité dans un roman dont le titre impersonnel ne manque pas de susciter l'étonnement et la perplexité.
Au terme d'une qualification grammaticale, l'enfant est présenté comme une "Troisième Personne" qui s'immisce dans la cellule parentale ce qui rend compte de manière synthétique du contenu de l'opus qui écarte délibérément tout manifestation d'affects et d'émotions alors que, nonobstant l'anonymat des "personnages" dépourvus même de prénom, il ressort au roman autofictionnel en dressant un autoportrait en creux de son auteure.
Ce qui s'explique dès lors que cette mère n'est pas une mère "ordinaire" mais une artiste qui traite de ses événements personnels comme d'un matériau documentaire destiné à la novation artistique.
Ainsi des références s'imposent, outre les écrivains Nathalie Sarraute et Georges Pérec pour l'écriture, celles de la plasticienne Sophie Calle pour la re-présentation de soi, et de la romancière "mémorialiste autosociobiographique" Annie Ernaux.
Posée en postulat, la distanciation conduit à présenter cette troisième personne comme un trublion qui bouleverse le rythme de vie et de création de ses géniteurs - des quadragénaires autocentrés et "créateurs" qui privilégient leur carrière - et observer son comportement, tel un psychologue de l'enfant, avec objectivité et, parfois, un cynisme effarant sous couvert d'humour, tel le regret de ne pouvoir s'en décharger car ils sont tous deux orphelins de mère.
Installé au centre d'un parterre de doudous, poupées et figurines diverses, scénographie en corrélation avec l'image de l'enfant envahissant, Laurent Poitrenaux, comédien accompli qui, de surcroît, maîtrise l'art de dire, procède à une superbe mise en voix qui donne chair aux extraits sélectionnés. |