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Interview  (Saint-Brieuc)  mardi 11 avril 2017

Le 11 avril dernier, j'ai pu rencontrer deux membres du groupe Soon, She Said sur la terrasse du Fût Chantant à Saint-Brieuc. Marc et Julien ont eu l'amabilité de répondre à mes quelques questions.

Pouvez-vous raconter votre rencontre aux lecteurs de Froggy's Delight ?

Marc Corlett : On s'est connus autour d'apéros le soir, on se disait qu'on avait les mêmes goûts musicaux. Et puis, il y a eu cette soirée arrosée à la Route du Rock. On a parlé de faire un groupe ensemble. J'ai contacté Julien dans la semaine et je lui ai dit : "Bon, on le fait ?". Et c'était parti.

Julien Perrin : Oui, c'était à l'époque du shop d'Alban ; le Dandy Rock Shop. C'était un spot bien sympa, Alban y vendait des disques et organisait des apéros assez mémorables. Tu y trouvais tous les mecs de Saint-Brieuc qui traînaient un peu dans le monde de la musique. C'est là que tu rencontres un peu de monde. Et puis le mardi soir, on se voyait avec Marc et on travaillait ensemble, chez lui, pendant 3 ou 4h. C'est à ce moment là que j'ai redécouvert la guitare. J'en avais un peu fait avant mais c'était sommaire. Là, en un an et demi, j'ai vraiment appris à jouer de la guitare. Cela reste un travail de tous les jours bien sûr. Et puis, tu travailles les effets aussi : maîtriser une pédale de reverb, de delay ou de fuzz par exemple.

Tu as appris à te servir de ces effets pour Soon, She Said finalement ?

Julien Perrin : On a appris tous les deux en fait. Marc est bassiste avec les Craftmen Club et il avait joué de la guitare avec Thomas Howard Memorial. Mais pour notre projet, on avait besoin de plus de pédales d'effets.

C'était donc surtout un travail sur le son si je comprends bien ?

Marc Corlett : On a bossé sur les deux ; sur la guitare et sur les compos. Il nous a bien fallu un an et demi tous les deux avant de trouver ce qui nous convenait. Et puis, il a fallu apprendre à se connaître avant de pouvoir bien jouer ensemble. Faire des morceaux dont tu sais pertinemment qu'ils finiront par être jetés, mais il faut bien commencer par quelque chose quand on se lance. Ensuite, lorsque les morceaux sont devenus plus concrets, il a fallu que l'on trouve un batteur. On a trouvé Martial et on a pu mettre en route un cycle de répètes. Pour te donner une idée du travail d'écrémage, je crois que dans les morceaux que nous avons travaillés pendant cette session de répétitions, nous en avons gardé deux.

Julien Perrin : On avait un Soundcloud avec 5 ou 6 morceaux. On a gardé "Everyday" et "Mess" qui apparaissent dans le tracklisting de l'album.

Marc Corlett : Il y en avait un autre je crois...

Julien Perrin : Ah oui exact ! Il y en avait un autre que l'on a modifié : "Stay". La suite d'accords était intéressante et Marc a réussi à en tirer quelque chose de supplémentaire en travaillant dessus l'année dernière.

Marc Corlett : En fait "Stay", c'est un morceau où tu sens qu'il y a quelque chose mais, en répétition avec les autres membres du groupe, tu n'arrives pas à le trouver. Tu sens qu'il faut chercher, chercher et chercher encore. Grâce à un logiciel comme Logic Pro, tu trouves ton riff principal et puis après tu développes le reste de la structure autour. Et puis, à force de le jouer, tu finis par trouver ce qui te manquait. Sans compter le fait que ce type de logiciel te fait gagner pas mal de temps. En faisant une répèt' par semaine, c'est assez compliqué d'avancer rapidement alors que là, tu fais ta répèt', il y a une ébauche d'idée qui en ressort, tu l'enregistres et puis tu reviens chez toi et tu continues à chercher la suite. Après on s'arrange avec Julien pour déterminer qui emmène quoi. Si je travaille sur la structure, Julien se concentre sur autre chose.

Donc tu composes une bonne partie des morceaux chez toi, Marc ?

Marc Corlett : Ou même pendant la répèt' : Julien fait le thème et moi je m'occupe de la rythmique ou l'inverse.

Julien Perrin : C'est comme ça qu'est né "Brainfog" d'ailleurs. Un accident de répèt'.

Ça arrive fréquemment ce genre d'"accident" ?

Julien Perrin : Et bien en fait non, pas tant que ça. Ça nous arrive d'autant moins ces derniers temps qu'en ce moment nous travaillons avec un nouveau batteur. Martial rencontre des problèmes de santé qui l'empêchent de jouer de la batterie pour le moment (une tendinite au coude). Donc pour le moment, nous sommes pas mal dans l'appropriation des morceaux pour Hugues qui vient de nous rejoindre et qui apprend à connaître les morceaux de Soon, She Said. Et puis là, on doit travailler parce qu'on vient de faire le Spring Rec à Rennes (deux sessions de 20 mn jouées devant un public en condition répèt'. Des labels sont invités) et dans 15 jours, on fait la première partie de Frustration à Allonnes.

Marc Corlett : Pour le Spring Rec, ils faisaient rentrer les gens avant que le groupe ne commence. Tu avais peut-être 10 à 20 personnes à rester dans le studio et puis on jouait 20 mn. Au bout de cette session, le public sortait, d'autres personnes rentraient et c'était reparti pour une nouvelle session. C'était bien cool.

L'approche Shoegaze ?

Marc Corlett : Quand on a discuté avec Julien, on s’est dit que l’on voulait faire du shoegaze, un style avec plein de réverbe. Julien avait déniché le groupe Nothing en écoutant leur titre "Dig". Il m’a conseillé de l’écouter. Et là, on s’est dit que c’était ça que l’on voulait faire. Ensuite on a découvert Whirr. Les premières compos ont donc un peu cet esprit là. Ensuite, on a constaté que pas mal de groupes se rattachaient à ce style de musique, d’où l’envie pour Soon, She Said de se démarquer un peu, de trouver son propre son.

Julien Perrin : Whirr, c’est ce que les Américains appellent du néo-shoegaze, si tu veux.

Marc Corlett : Un des guitaristes de Whirr est bassiste chez Nothing, il était aussi guitariste dans un groupe de black metal shoegaze nommé Deafheaven.

Julien Perrin : Il y a un autre groupe qui a aussi été important dans la gestation de Soon, She Said, c’est Marc qui me l’a fait découvrir, il s’agit de Sway.

On sent la parenté d’ailleurs.

Julien Perrin : Ce qui est drôle avec ce disque, c’est le fait que je ne le connaissais absolument pas alors que j’écoute pas mal ce genre de musique. C’est un EP qui a d’ailleurs été réédité en vinyle sur Saint Marie Records, il y a deux ans je crois.

Ce qu’on souhaitait éviter avec Soon She Said, c’était perdre cet esprit shoegaze en live. Le shoegaze, ça peut très bien sonner chez toi, quand tu es avec ton logiciel devant ton ordinateur. La difficulté en live, c'est de proposer quelque chose de cohérent avec le disque.

Marc Corlett : Il faut aussi trouver les pédales qui permettent de retrouver l'effet que l'on recherche. On a quand même acheté pas mal de matos. On en a revendu aussi. Et puis, tout à coup, c'est bon, on trouve les deux pédales qui restituent ce que l'on cherchait.

J'imagine que ça a représenté une bonne partie du travail.

Julien Perrin : Deux ans. L'écueil dans ce truc là, c'est qu'on était sur des blogs de matos shoegaze pour effectuer nos recherches. Beaucoup de mecs qui fréquentent ces forums achètent telle ou telle pédale car c'est la dernière pédale ultime. Mais parfois, il s'agit de personnes qui n'ont pas de groupes et qui jouent chez eux, comme ça, pour leur plaisir. Donc lorsque que tu achètes la même pédale et que tu l'emmènes en répétition, tu te rends rapidement compte que ça ne convient pas.

Pourquoi ça ne marche pas ?

Marc Corlett : Soit le niveau des pédales est trop fort ou... Je ne sais pas, en fait il peut y avoir plein de raisons. Pour la basse par exemple, il y avait un bruit qui se faisait dès que je l'enclenchais, et ça générait quelque chose d'abominable dans les enceintes. Il peut y avoir des fonctions ou des pédales qui ne vont pas bien ensemble aussi. Julien avait une pédale de réberbe avec un niveau hyper puissant, ça ne convenait pas. Par contre, quand je l'utilise sur ma guitare, ça colle. Et puis, je ne te parle même pas des amplis... Julien a un Fender Deluxe Reverb et moi, j'avais acheté deux Roland JC. Je lui ai passé un des miens et on s'est rendu compte que le son passait beaucoup mieux. Je joue avec des P90 et lui avec des Single de Jazzmaster, ça nous permet de ne pas avoir le même son sur les morceaux.

Ce qui est marrant, c'est que tu peux t'amuser à écouter séparément les pistes avec l'enregistrement des instruments et te dire "ouais, je n'aime pas trop ce son de gratte" alors que l'ensemble va produire quelque chose d'homogène, de beau. Ça a quelque chose de magique. A contrario, tu peux avoir un mec avec un super son mais, en groupe, ça ne va rien donner. C'est un équilibre à trouver.

Julien Perrin : C'est le problème du shoegaze. Ce qui nous fait plaisir, c'est d'entendre des potes nous dire que ça sonne bien, que ce n'est pas que du bruit, que c'est mélodique.

Après le côté "bruit", c'est une approche que l'on respecte aussi, mais c'est une approche davantage dans la veine des My Bloody Valentine. Pour notre part, on essaie de s'inscrire dans autre chose. On n'utilise pas le vibrato par exemple, pour te donner une idée de la chose.

Marc Corlett : Ouais, on voulait davantage partir sur un son Slowdive.

Julien Perrin : Slowdive, Ride ou les Pale Saints qui sont, à nos yeux, des groupes plus obscurs ne faisant pas partie des références habituelles citées par les groupes de ce milieu, à savoir My Bloody Valentine et Jesus and Mary Chains.

Ce qui est évident, c'est que vous avez votre son, votre identité. Il y a eu de la recherche.

Julien Perrin : On a tenté d'avoir un son réverbe particulier, plus dans la largeur de la réverbe. Tu le ressens sur le disque au travers d'un morceau comme "Dazed" notamment. Notre ingé-son a fait un gros boulot là-dessus en post-prod.

Venons en au nom du groupe : ça vient d'où "Soon, She Said" ?

(rires)

Marc Corlett : Alors... Avec Julien, on a cherché un nom. On a trouvé "Soon". Mais le problème, c'est que l'on s'est vite rendu compte que ce nom était utilisé par un bon nombre d'autres groupes. Puis Julien a proposé Soon, She Said en pensant au Boo Radleys.

Julien Perrin : Les Boo Radleys, c'est un groupe de pop noise des années 90. Ils ont eu leur petit succès à l'époque, ils sont également passés à la Route du Rock. Leurs tous premiers disques sont assez shoegaze. Les mecs, en gros, voulaient faire fusionner My Bloody Valentine avec les Beach Boys. Et il y a ce morceau d'eux qui se nomme "Sometimes Soon She Said". Comme on ne voulait pas tout perdre de l'idée de départ de notre nom, on a juste rajouté le ", She Said".

Marc Corlett : Donc les gens peuvent toujours dire "Soon", mais pour le référencer, c'est plus pratique. Et puis, ça va bien avec le style.

Est-ce que le processus de création s'est avéré facile pour The First Casualty of Love Is Innocence ? Y a-t-il eu des concensus ? Des prises de têtes ?

(rires)

Marc Corlett : Non. Quand on compose il n'y a pas de prise de tête. Julien et moi nous chargeons d'amener les idées. Celui qui en a une en premier la propose à l'autre. Il peut aussi arriver que nous proposions l'idée directement pendant une répèt'. On travaille sur un passage et le reste je le fais chez moi. Si Julien trouve une idée de chant ou un thème de guitare, on en discute ensemble pour décider de qui s'y colle.

On se prend davantage la tête en répèt' avec le son, la fatigue... Quelques fois, je peux bosser sur Logic Pro pour avancer sur un morceau. Je pense à une partie batterie sur "Sunshine" ; j'avais créé un plan basique et Martial, en répèt', en a trouvé un autre plus intéressant que l'on a intégré au morceau.

Julien Perrin : Après, il est évident que Marc a beaucoup plus d'expérience, de savoir faire dans la construction d'un morceau que nous. Moi j'ai plus d'intuition, Marc a plus de méthode. Je pense que tout cela est normal vis-à-vis de la différence d'expérience entre nous deux. Je pense que sur les prochains morceaux, je me sentirais sûrement plus confiant, plus légitime pour proposer quelque chose dans l'étape de construction. Dans les suites d'accords par exemple, j'ai parfois l'impression qu'il n'y en a pas assez. Marc me dit que ça va et je lui fais confiance là-dessus.

Je bosse sur un truc en ce moment : lorsque que tu commences une note, tu as un panel de notes que tu peux mettre à la suite ; c'est la musician wheel en fait. Tu as une note et ça te donne ce fameux panel de notes majeures ou mineures qui peuvent s'accorder. C'est plus du solfège. C'est un système qui m'a beaucoup aidé l'an dernier. Ce sont des règles mais bon... Comme toutes les règles, il est intéressant de les casser par moment.

La difficulté, c'est de ne pas tomber sur un morceau qui existe déjà. Ça nous est arrivé. Récemment, on a beaucoup expérimenté les capos, ça change évidemment la tonalité des morceaux.

Marc Corlett : C'est ce qui s'est passé pour "Reach Out". On l'avait fait en mode normal, sans capodastre, en Mi. Et puis, pendant l'enregistrement en août, on l'a refait en se disant : "Tiens, si on la refaisait en capo 3 ?". Ça a bien fonctionné car la voix de Julien était trop dans les graves auparavant. Du coup, il est parti dans les aiguës et les mélodies ressortaient beaucoup mieux. On a répété l'opération sur "Blue".

Julien Perrin : Les capos 2 et 3 sur "Blue" oui. Ça permet de gagner en luminosité et pour le chant c'est plus simple. A la base, j'ai voulu chanter bas et puis ça n'allait pas, par rapport à nos fréquences de guitares. C'est moins joli.

Marc Corlett : En fait, on s'en est rendu compte sur la reprise de My Vitriol où la voix de Julien était nickel. Il tenait la note sans problème. Alors que sur nos morceaux, comme sur "Reach Out", il avait tendance à descendre dans le bas. On a donc changé la tonalité et, de ce fait, ça le forçait à aller chercher des notes plus hautes. Ça rend beaucoup mieux, ça sort du mix plutôt que de se retrouver noyé dedans. Sur le refrain de "Sunshine", c'était pareil : Julien allait trop dans les graves. Il a essayé d'aller dans les aiguës mais ça n'allait pas. Donc Laura s'est chargée du chant sur ce refrain. Ça accentue le contraste entre les deux voix.

Julien Perrin : On commence à avoir de plus en plus de backing au niveau des refrains. Laura va chercher la note haute.

Marc Corlett : Ça donne du volume, tu as une voix féminine qui arrive, ça aère un peu le tout. Et puis leurs deux voix se marient bien. Ils ont fait un petit a capella lors des tests pour le Spring Rec à Rennes. On a vu que ça collait bien. Moi, ça n'était pas la peine, j'ai la même tonalité de voix que Julien.

Pour ce qui touche à la production, financièrement parlant, je crois que vous n'étiez pas trop chauds pour un crowfunding, comme ça se fait souvent actuellement. Je me trompe ?

Marc Corlett : Honnêtement, pour le crowfunding, il aurait fallu qu'il y ait plus de demande. Si tu prends l'exemple d'un groupe comme Stupeflip qui en a fait un récemment, ils ont carrément explosé la base de départ. Mais la différence, c'est que les mecs ont déjà un nom, eux. Nous, nous sommes plutôt passés par un label. Mais bon, on a aussi d'autres idées à ce niveau là pour la suite des événements...

C'est compliqué la visibilité pour un groupe. Quand tu vois Lunar Quiet, qui est un groupe que j'aime beaucoup, je les ai connus totalement par hasard, via Twitter je crois. Enfin, c'est souvent des découvertes complètement inopinées.

Pour finaliser l'album, vous avez mis combien de temps au total ?

Marc Corlett : Un an. On a fait trois sessions d'enregistrements pour la basse et la batterie. Ensuite, il a fallu attendre que Bernard (ndlr : Bernard Marie) qui gérait l'enregistrement, recale toute la batterie. Et puis, il faut aussi réussir à caler nos plannings pour être dispos en même temps. Ce n'est pas toujours évident. Au départ, on partait sur un EP. Le projet a ensuite pris de l'envergure.

En mai 2016, vous avez retravaillé les voix ?

Marc Corlett : En fait en général, Julien trouve la mélodie voix et cale sa voix à certains endroits. Ensuite, on retravaille ça ensemble. Pour la replacer ou tenter d'améliorer encore le tout. C'est là où je peux également apporter mon expérience au service du groupe. Quand je vois le travail que fournit Steve (ndlr : Steve Lannuzel, chanteur des The Craftmen Club, où Marc officie également en tant que bassiste), ça m'aide pour donner quelques indications. Comme Julien, Laura et Martial sont débutants dans le domaine, je joue un peu le rôle de coach dans tout ça. C'est assez marrant. Ça prend du temps mais on est chanceux : on habite relativement près les uns des autres. Avec les Craftmen Club, j'ai énormément appris. Je suis d'ailleurs très heureux de pouvoir partager ça avec les autres membres de Soon, She Said.

Julien Perrin : Ce rôle de coach s'est imposé assez rapidement en fait. Tant que c'était "à la cool", ça allait. Mais dès que notre projet a commencé à susciter un peu d'intérêt et qu'on a vu qu'il y avait des échéances, là tu ne peux plus être dans l'à peu près. Personnellement, je me suis retrouvé au pied du mur à quelques reprises lorsque Marc me disait que ça n'allait pas. Mais ça n'est pas étonnant, je n'avais pas le recul, l'expérience. Ce qu'il m'a dit sur le chant par exemple m'a énormément apporté. Même si, sur le fait je ne voyais rien de particulier, maintenant, en réécoutant les premières versions, j'appréhende mieux tout ça.

Marc Corlett : Comme c'est leur première expérience de groupe, tout ça n'est pas très étonnant. Si je compare avec les Craftmen avec qui on a enregistré un morceau en une journée lors des séances du prochain LP, c'est totalement différent. Même si l'on est passé par plusieurs étapes lors de cette journée, on se connaît. Et donc ça va beaucoup plus vite. Chacun arrive directement avec ses idées. En même temps, il y a le côté fraîcheur qui est sympa avec Soon, She Said. Avec les Craftmen, on a parfois peur d'être dans un certain confort et donc, peut-être, de répéter certaines structures de morceaux. En tout cas, on fait tout pour éviter ça !

Julien Perrin : Il y a une forme de spontanéité de débutant chez nous qui était intéressante aussi en fait.

C'est la problématique de beaucoup de groupes : se renouveler pour éviter les redites. Garder son identité tout en expérimentant.

Marc Corlett : Il y a beaucoup de groupes comme ça tu me diras. Pour certains, il faut attendre un moment avant d'arriver à un succès. Chaque nouvel album est meilleur que le précédent. De ce fait, tu as l'impression que chaque membre du groupe s'améliore également. Et puis, à un moment, tu as une sorte de stagnation parce que les gars n'arrivent plus à se remettre en question, les égos se mettent en place.

Julien, tu m'as déjà parlé de Slowdive, Pale Saints, Whirr... Que citeriez-vous comme autres influences ?

Julien Perrin : Tout le shoegaze en fait...

Marc Corlett : Sway évidemment.

Julien Perrin : J'écoute du shoegaze depuis 1991. J'écoutais Ride au lycée. Marc écoute du shoegaze depuis moins longtemps. Peut-être aussi parce qu'à la base nous n'avons pas la même culture musicale.

Marc Corlett : J'écoute énormément The Last Shadow Puppets et les Arctic Monkeys. C'est une influence importante pour moi au niveau des compos.

Julien Perrin : Après, quand tu fais de la musique tard comme nous, je parle de l'âge là, tu as écouté tellement de musique avant que tes influences forment une espèce d'agglomérat. Tu deviens un peu une éponge avec, bien sûr, des thèmes qui te sont chers. Tu vois, je trouve qu'il y a même certains de nos morceaux qui sont influencés par les Smashing Pumpkins, "Everyday" ou "Sunshine" par exemple. Quelqu'un m'a dit que "Sunshine" lui faisait penser à 1979 des Smashing.

De l'avis des gens de notre Label (Monopsone), notre musique ressemble à celles de Pale Saints, Field Mice, Cocteau Twins. Personnellement, pour certains de nos morceaux, j'ai davantage The Cure en tête, période Wish. Cet album est un peu le vilain petit canard de leur discographie, avec des morceaux qui comportent des intros de 1'40''...

(rires)

Marc Corlett : En fait, ils faisaient tourner tout le morceau avant de le jouer avec les paroles.

Julien Perrin : C'était le luxe de cette époque. Je trouve que c'est quelque chose que l'on ne peut plus faire de nos jours. La majorité des gens se lassent vite et passent à la piste suivante.

Marc Corlett : Mais bon... C'est Robert Smith, c'est The Cure quoi !

Julien Perrin : Oui mais, si tu restitues dans le contexte de l'époque, Wish c'était un peu comme le chant du cygne pour The Cure. C'était soit-disant la marque de leur déclin. C'est d'ailleurs exactement ce qui a été dit plus tard concernant l'album Trompe le monde des Pixies. Alors que si tu réécoutes Trompe le monde, tu n'as pas un groupe qui commence actuellement qui est capable de faire un album de ce niveau là.

C'est vrai que l'on sent l'influence de The Cure sur votre album. Notamment sur certains sons que l'on entend çà et là, et qui apparaissent comme des clins d'oeil au groupe de Crawley.

Julien Perrin : "Reach Out" fait très Cure.

Marc Corlett : La guitare de Julien a moins de réverbe que la mienne. Du coup il se rapprocherait plus de ce son là, effectivement.

Julien Perrin : Je joue sur une Jazzmaster, c'est peut-être ça aussi. Robert Smith a beaucoup utilisé cette guitare. Mais même si l'on se détache de l'image globale des Cure, j'aime énormément ce groupe. Ce romantisme noir, cette naïveté dans les thèmes de leurs chansons. C'est vachement référencé, mais en même temps c'est de la pop. C'est véritablement un groupe dont je me sens très proche. D'ailleurs, au départ, je pensais partir vers quelque chose qui se rapprocherait davantage de Slowdive avec Soon, She Said. Et puis finalement, je me retrouve à faire quelque chose de plus...

De plus "doux" ?

Julien Perrin : De plus pop en tout cas.

Marc Corlett : Mais bon, pour le prochain album, rien n'est encore arrêté. Il faut que l'on se fasse un brainstorming là-dessus.

Et les influences des autres membres du groupe ?

Marc Corlett : Ben... Martial n'en avait pas.

(rires)

Marc Corlett : On l'a initié au shoegaze. Il était puceau à ce niveau là avant de bosser avec nous. Et puis Laura, elle écoute plein de choses. C'est assez hétéroclite.

Julien, peux-tu m'expliquer ce qu'est ce fameux concept de "chiale" cher à Soon, She Said ?

Marc Corlett : C'est une déconne avec les mecs de Nothing.

Julien Perrin : Ouais, c'est un élément primordial dans le collectif "Nothing". En fait, la "chiale", c'est la merde. Tu vois, au début de l'interview, j'ai cogné à cette table, ta bière s'est un peu renversée, et ben ça c'est la "chiale".

(rires)

Et encore, heureusement, mon portable n'était pas sur la table, donc ça va...

Marc Corlett : Non mais voilà : tu pleures dans le micro...

Julien Perrin : Tu pleures dans ta guitare...

Marc Corlett : Ta copine t'a quitté... C'est une musique pas joyeuse quoi.

Julien Perrin : Le shoegaze a toujours eu cette réputation. Il y avait eu un article a l'époque dans le NME qui était ainsi titré : "The scene that celebrates itself". Ce n'est pas une musique politique. C'est davantage une échappatoire. La dream pop, c'était l'idée que le monde qui nous entourait n'était pas terrible. C'est une manière de s'inventer quelque chose de magnifié, d'un peu féerique.

Peut-être l'expression d'un mal être également ?

Julien Perrin : Ouais, c'est probablement un petit peu ça. De toute façon, le shoegaze c'est une musique post Cocteau Twins, post Cure, et il y avait donc un côté un peu plus littéraire. Les groupes anglo-saxons étaient beaucoup plus référencés que ne pouvaient l'être les groupes français. Un truc qui m'épatait dans les liner notes (ndlr : les crédits) de Cure, c'est qu'ils mettaient des vers de William Blake. Tu ne verras jamais Indochine mettre des vers de, je ne sais pas moi, René Char ?

(rires)

On peut penser également au titre "Killing An Arab" de The Cure qui fait référence à L'étranger de Camus.

Julien Perrin : C'est une musique qui comporte une dimension très esthétique à mon sens. Dans la musique, dans les compos, dans l'artwork. On en a pas mal discuté avec Monopsone. Pour la pochette, on voulait quelque chose de particulier. Laura est graphiste et elle avait réalisé des dessins qui correspondait bien à notre "charte graphique". Tu peux les trouver sur le net. On en a donc discuté avec notre label. On a négocié et c'est Stéphane Merveille qui a été en charge de créer notre pochette. On l'en remercie d'ailleurs.

C'est une transition toute trouvée pour vous demander quelles ont été les rencontres importantes ? Julien, je crois que tu m'as parlé de Yann Canévet et de son festival Nothing ?

Julien Perrin : Il y a un rapprochement qui s'est opéré...

Marc Corlett : En fait, Alban (ndlr : du Dandy Rock Shop) les avait fait jouer pour les bars off d'Art Rock. Julien leur avait prêté main forte pour débarrasser le plateau à la fin du set et puis, du coup, ils ont sympathisé. Lui et Yann se sont pas mal rapprochés par la suite, via Facebook entre autres. On a ensuite voulu faire une date avec le groupe Future et on a rencontré Bernard Marie qui a, par la suite, réalisé l'enregistrement de l'album.

Julien Perrin : Bernard, il joue aussi dans Dead et Maria False.

Marc Corlett : Ça nous a d'ailleurs vachement aidé d'avoir un mec qui s'y connaissait en shoegaze pour l'enregistrement.

Julien Perrin : Et pour nos premiers concerts en février, 2015 ça a été une aubaine. On a pu participer à la première édition du festival Nothing à Rennes et jouer avec des groupes comme Des Roses, un groupe de Nantes un peu en mode Beach House, ou Venera 4. Ça nous a aussi permis d'avoir notre date à Paris au Supersonic.

Il y a eu une deuxième date importante : notre concert au Yaskiff à Saint-Brieuc. Ivlo (ndlr : rédacteur pour Addict Culture) est venu nous voir et nous a demandé si l'on cherchait un label. Il a été le lien entre nous et Monopsone.

Marc Corlett : Ça marche beaucoup comme ça. Tu fais des concerts qui te permettent de rencontrer des gens qui eux, parfois, te permettent d'avancer un peu plus dans ta démarche. C'est ça le secret : pour faire vivre le groupe, il faut bouger et rencontrer des gens. Surtout dans ce style de musique. Va faire comprendre à un ingé son en France que tu veux que la voix soit dans le mix avec plein de réverbe... Ce style de musique impose des codes...

Julien Perrin : Des partis pris.

Marc Corlett : Tu regardes tous les autres groupes, c'est la voix en avant et la musique derrière. Là, tu demandes au mec de noyer la voix dans tout ça. On peut comprendre que ce soit déroutant.

Julien Perrin : Quand on a bossé avec Steeve (Steeve Lannuzel des Craftmen Club) qui fait un super boulot, on lui a demandé de mettre encore plus les voix dans le mix. Ça a dû lui paraître bizarre comme orientation.

Marc Corlett : Oui, à mon avis Steeve aurait vu les morceaux autrement.

Julien Perrin : Pour essayer d'expliquer ma vision de la chose en prenant une référence esthétique : je pense que le shoegaze, c'est un peu comme chez Turner (ndlr : le peintre). Je connais un mec en Angleterre qui jouait dans un groupe qui s'appelait Disco Inferno et qui est assez culte. On partageait la même théorie sur le genre qui est la suivante : le shoegaze est l'application sonore de Turner. C'est un peu comme l'expressionnisme. Tu peux voir une chose de différentes manières. C'est une technique qu'ont exploité certains peintres d'ailleurs : Manet, etc. D'ailleurs, ce qui est intéressant, c'est que beaucoup de ces gens commençaient à perdre la vue quand ils ont choisi cette approche. Leur perception de la réalité était donc altérée.

Marc Corlett : En France, on peut te dire qu'il faudrait moins de réverbe là, que la voix devrait être plus audible ici. L'adhésion est plus difficile. En Angleterre, aux Etats-Unis ou au Japon, ils sont peut-être plus ouverts là-dessus.

Julien Perrin : Ils ont une culture de mix qui est plus comme ça aussi ! En France, comme tu as beaucoup de chanteurs à voix, les mix sont devant. En Angleterre, il y a ce mix très égal entre la voix et la musique. Attention, je te parle des groupes indés là, pas des groupes de pop. Pour nous, le mix voix est bien en dessous évidemment. On a aussi voulu un son de batterie sous-mixée, c'est ce que l'on aimait dans nos groupes de référence. Tu as l'impression que la batterie est au fond de la salle. Traditionnellement, la batterie est une assise rythmique donc tu vas vouloir l'entendre. Dans le shoegaze, comme chez Whirr par exemple, elle est beaucoup réverbérée.

Pour l'enregistrement, vous avez utilisé plusieurs studios différents. Guingamp, La Citrouille...

Marc Corlett : Oui, on a utilisé le local de répèt' de Guingamp...

Julien Perrin : En fait, les deux titres que l'on a sortis en septembre 2014, c'était avec Steeve et on avait enregistré ça à Pontrieux dans son studio.

Marc Corlett : Et après on a fait un premier jet de l'album, basse et batterie, à Guingamp. On a ensuite enregistré les voix et les guitares à la Citrouille (ndlr : SMAC de Saint-Brieuc). Puis, en aôut, on a refait les guitares, la basse et la batterie à Guingamp parce qu'on a trouvé que ça correspondait beaucoup mieux au son. Une bonne partie des voix a été enregistrée chez moi. On avait enregistré quelques grattes l'après-midi à la Citrouille, on est allés manger ensemble le soir sans avoir pu faire le chant et on s'est dit qu'il fallait finir le travail. On est donc allé chez moi.

Julien Perrin : Dans la chambre de Marc.

Vous avez des pédales d'effet ou du matériel que vous appréciez plus particulièrement ?

Julien Perrin : En fait, plus on joue et moins on a d'effets. Pour moi par exemple, 100 % du son, c'est une grosse réverbe. Une réverbe très particulière avec un plugin très particulier que j'ai trouvé sur une pédale un peu référence pour faire ce son. Une pédale de disto et voilà. Marc a beaucoup plus d'effets parce que c'est lui qui "enrobe" l'ensemble, il a plus un côté "arrangements" dans les morceaux. Marc a deux réverbes, il a du delay, du flanger.... Moi c'est principalement deux réverbes et une disto, c'est tout.

Ah ? Deux réverbes alors ?

Julien Perrin : Oui, j'ai une deuxième réverbe que j'utilise en appui. Ce sont des grosses réverbes que tu peux vraiment régler en champ de profondeur. Tu as un bouton de decay, tu le pousses un peu, tu as une réverbe qui est plus large. Tu l'enlèves, ta réverbe est plus courte.

Marc Corlett : En fait, en ce moment, on répète à trois pour préparer le nouveau batteur. On se rend compte que la basse est hyper importante car c'est elle qui donne les notes correctes de ce que l'on joue et ça nous permet d'obtenir quelque chose de clair.

Et cette envie de se démarquer des autres ? De ce qui se fait dans le coin ? On en parle ?

Julien Perrin : On savait que l'on allait proposer quelque chose de différent. Je dis ça par rapport aux groupes connus du secteur. Si tu prends The Craftmen Club, Marc Aumont qui a fait un projet avec Rafale, Yelle, on peut aussi penser à Rosaire, un des derniers groupes à être sortis dans le coin. On fait tous des choses différentes. Mais j'ai quand même l'impression que quand tu ne fais pas du garage, tu es difficilement audible.

Les morceaux ont-ils beaucoup évolué depuis les tous premiers enregistrements ?

Julien Perrin : Oui, beaucoup.

Marc Corlett : Et ça risque de bouger encore !

Julien Perrin : "Brainfog", qui était à la base prévue comme une intro de concert, il faut qu'on l'emmène ailleurs.

Marc Corlett : Au niveau du son, ça ne changera peut-être pas énormément. Il faut garder notre identité sonore. "Stay" et "Blue" sont deux approches de morceaux complètement différentes à nos yeux. "Stay" a un son un peu plus "fat" alors que "Blue" est plus pop.

Julien Perrin : Il faut que l'on décide si on va aller vers de la pop ou plutôt vers du lourd.

Vous ne savez pas encore précisément ?

Marc Corlett : Ben... Moi j'ai une idée...

(rires)

Julien Perrin : Oui, Marc a une idée.

Marc Corlett : Ce que j'aimerais bien, en fait, c'est ne pas attendre trop longtemps pour sortir autre chose. L'album sort, on voit ce que ça engendre comme réactions et, ensuite, j'aimerais bien que l'on sorte un EP 4 titres par exemple. Je n'ai pas envie de suivre forcément la chronologie traditionnelle  (sortie de l'album et année de tournée derrière) avant de sortir une autre proposition. On ne sait pas combien de temps le groupe va vivre donc, autant en profiter au maximum !

Laura fait pas mal de choeurs sur l'album. Elle chante également toute seule sur Mess. C'est une idée que vous aviez dès le départ ou alors c'est venu pendant le processus de création ?

Marc Corlett : "Mess" c'est le morceau, avec "Everyday", que l'on a vraiment peaufiné en premier. Au bout d'un moment, tu sens les défauts des morceaux, on a donc mis "Mess" de côté. On avait enregistré une première version plus "rentre dedans" et Laura l'aimait bien. Par la suite Bernard nous a conseillé d'inclure un morceau plus acoustique dans l'album. Je me suis donc retrouvé à travailler "Mess" sous cette optique. Au départ, j'étais parti sur un combo basse + batterie sur ce morceau mais Bernard a tout viré car il trouvait que ça n'était pas utile. Laura souhaitait absolument chanter sur un morceau et c'est parti comme ça. On a aussi enregistré cette partie voix chez moi, ce soir précis dont je te parlais tout à l'heure.

Julien Perrin : Oui et puis Laura l'a fait directement comme ça, au pied levé. On a juste gardé la ligne de voix que l'on avait prévue au départ.

Marc Corlett : On a changé le refrain aussi.

Lire la suite de l'interview ici...

 

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La chronique de l'album The First Casualty of Love Is Innocence de Soon, She Said
L'interview de Soon, She Said - Partie 2 (mardi 11 avril 2017)


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