Debussy : L'Enfant prodigue - Ravel : L'Enfant et les Sortilèges
(Warner Classics) mai 2017
Attention chef-d’œuvre ! En un seul disque, l’Orchestre Philharmonique, le Chœur et la Maîtrise de Radio France sous la direction de Mikko Franck ont réussi tout simplement à sortir deux interprétations de références qui feront date.
Nous avions longtemps gardé le souvenir ému du concert du 15 avril 2016 à l’auditorium de Radio France et nous espérions voir ce concert sortir un jour sur disque. Ces souvenirs si prégnants ne nous avaient pas trahis et avec la multiplication des écoutes, les interprétations dépassent encore nos premières impressions.
Sur le papier, il n’y a pas vraiment de rapport entre l’œuvre de jeunesse de Debussy, cantate composée en 1884 et qui lui valut le Grand prix de Rome lui permettant d’obtenir une pension de l'Académie des beaux-arts et un séjour de quatre ans à la Villa Médicis pour y poursuivre ses études, et L’enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique datant de 1925 sur un magnifique livret de Colette, parabole sur le passage de l’enfance à l’Age adulte, faisant rencontrer un jeune garçon méchant et les objets et les animaux qu’il maltraite lui faisant prendre conscience de ses actes horribles.
Que cela soit pour Debussy ou Ravel, l’orchestre joue magnifiquement (encore une fois, on ne peut que souligner l’excellence des pupitres des vents, mais les cordes ne sont pas en reste), la distribution vocale (Alagna, Jean-François Lapointe, Karina Gauvin pour L’enfant prodigue, Chloé Briot, Sabine Devieilhe, Nicolas Courjal, François Piolino… pour L’enfant et les sortilèges) est d’une incroyable qualité et Mikko Franck dirige le tout avec une totale souplesse.
Oubliez la version désastreuse de Dutoit avec les Chœurs et Orchestre Symphonique de Montréal ou Maazel avec Chœurs, Maîtrise et Orchestre de la R.T.F. et les versions mollassonnes d’Alain Lombard avec la Maîtrise et Chœurs du Grand Théâtre de Bordeaux Orchestre national Bordeaux-Aquitaine, de Seiji Ozawa avec le Saito Kinen Orchestra de L’enfant et les sortilèges qui ne possédait pas encore de version de référence.
Ici, l’orchestre et Mikko Franck montrent un sens du phrasé, des couleurs et des timbres, absolument stupéfiant. Le chant est au diapason et chaque interprète sait rendre à cette pièce toute sa subtilité et son onirisme. En ce qui concerne l’œuvre de Debussy, on redécouvre presque l’Enfant prodigue. Alagna ne cabotine plus et y est impérial, et Mikko Franck arrive à mettre en pleine lumière les courbes mélodiques de cette cantate rappelant Gounod et Massenet. Cerise sur le gâteau, en première mondiale, la version orchestrée par Colin Matthews de la Symphonie en Si mineur de Debussy, dont il ne restait qu'une transcription pour 2 pianos, œuvre inachevée d'un Debussy jeune et débutant. Absolument indispensable.
Abonnez vous à la Newsletter pour recevoir, outre les mises à
jour en avant première, des infos de première importance et peut
être des choses dont vous n'avez même pas encore imaginé
l'existence et l'impact sur votre vie... et nous non plus.