Xu Zechen, écrivain presque quadragénaire chinois récemment édité en France, est présenté comme l'un des plus prometteurs de sa génération et de la littérature chinoise.
Assertion que le lecteur qui n'est pas un exégète averti de cette dernière devra prendre pour argent comptant dès lors que la lecture de l'opus "Le faussaire" ne soulève pas un enthousiasme excessif.
Après le roman "Pékin Pirate", plongée en immersion profonde dans le petit monde de la débrouille pékinoise avec pour principal protagoniste un faussaire sortant de prison après une condamnation pour trafic de faux papiers, paraît "Le faussaire" qui, au demeurant, regroupe sous ce titre deux novellas.
L'une intitulée "La muette" ressort quasiment au conte moderne. En effet, un homme solitaire, libraire de profession, se voit confier "manu militari" une jeune et gracieuse jeune fille qui s'avère de compagnie agréable, et utile, malgré sa mutité. Peut-être la main du destin.
La seconde, éponyme, et d'une longueur équivalente à celle d'un roman court, a également pour (anti)héros un faussaire, un poète de la campagne qui est venu tenter sa chance dans la capitale et doit, en attendant, une attente indéterminée, vivre d'expédients et se trouve réduit à excercer d'autres talents, ceux de la fabrication de faux documents en tous genres.
Son histoire, celle d'un homme entre deux mondes et entre deux femmes, une épouse restée au pays et une jeune maîtresse urbaine, est contée telle une odyssée moderne par un narrateur intradiégétique, écrivain en devenir et peut-être double autofictionnel de l'auteur, qui va un temps devenir son confident à la faveur d'une colocation jusqu'à ce que l'étau de la police se resserre.
La thématique, celle de l'exode rural, en l'occurrence l'exode contemporain des pauvres comme des "intellectuels", et ses laissés pour compte est aussi intemporelle qu'universelle.
Sa déclinaison chinoise par Xu Zechen, peut-être en raison de la mondialisation stylistique qui affecte également la littérature et/ou l'effet lissant de la traduction, ne révèle pas une typicité remarquable d'autant que la psychologie et la motivation des personnages ne sont pas suffisamment affinées pour retenir l'attention et susciter l'empathie.
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