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puce Charles Bukowski - Sur l'écriture
Charles Bukowski - Abel Debritto  (Editions Au Diable Vauvert)  septembre 2017

Abel Debritto, entre autre traducteur, s'est intéressé au phénomène spécifiquement étasunien du rôle, face à la frilosité des maisons d'édition établies, des "littles", incluant l'édition indépendante, les journeaux "underground" et les revues alternatives, dans l'émergence et l'explosion dans les années 1960 de la fine fleur de la littérature américaine moderniste puis post-moderne.

Et ce, tous mouvements confondus, de l'underground à la contre culture en passant par les Beats, les Black Mountaineers, les Objectivistes et les New York Schools.

Et il se passionne également pour l'oeuvre de Charles Bukowski qui doit sa notoriété publique à ces "feuilles de chou" et en constitue, non seulement l'auteur le plus publié, mais une figure majeure et d'autant plus atypique qu'elle ne rallie aucune école.

Aussi, après sa thèse de doctorat dédiée et un essai consacré à la tumultueuse ascension bukowskienne ("Charles Bukowski - King of the Underground : From Obscurity to Literary Icon"), il a dépouillé sa correspondance inédite pour l'ordonner en trois thématiques, "On love", "On cats" et "On writing Essential", le dernier paraissant en France aux Editions Au Diable Vauvert sous le titre "Charles Bukowski - Sur l'écriture".

Cet opus permet certes d'approcher l'activité d'écriture, celle-ci composant chez Bukowski une triade compulsive et "vitale" avec ses deux autres occupations favorites et addictives, l'éthylisme et le jeu qui en font un pilier de bars et de champs de course, "ces manèges enchantés crées par des dieux insensés".

Et chez lui, l'acte d'écrire, du roman au poème en passant par la nouvelle, le manifeste, les textes gribouillés et les dessins, et le goût de "jouir sur la machine à écrire" avec une association régressive au cordon ombilical ("Je passe mon temps à vouloir retourner dans le ventre de ma mère"), ressort à la graphomanie compulsive.

Si sa vocation littéraire est abordée de manière trop pontuelle dans ses lettres, ("Ma conception de l'écrivain c'est quelqu'un qui écrit", "J'ai continué à écrire non parce que parce que je me trouvais bon mais parce que les autres me paraissaient si mauvais y compris Shakespeare") pour être théorisée, en revanche, sa conception de l'écriture s'éclaire en résonance avec son admiration absolue pour Louis-Ferdinand Céline.

"Céline était un ange, il a craché dans le yeux des anges et puis il est descendu dans la rue" écrit-il et il se positionne au regard du "maniaque du style" et de l'inventeur du "style émotif parlé" en évoquant ainsi son souci du style, qui ne s'embarrasse pas de l'exactitude grammaticale et de la rigueur orthographique, et du réalisme viscéral : "Un art est intelligent lorsqu'il secoue le tripes, sinon c'est du vent", "L'écriture est un souci du rythme", "J'écris c'est surtout par amour du mot de la tonalité, de mémoire et d'instinct".

Et comme Céline indiquait : "C'est dégoûtant d'écrire sur soi-même, moi, moi, moi ; et se faire sympathique ce serait plus dégoûtant encore, il vaut mieux se présenter au public sous un jour ignoble. Il faut que le caractère soit plus vrai que lui-même", Charles Bukowski va cultiver son personnage de "vieux dégueulasse inculte".

Mais l'homme transparaît dans ses brèves missives bien étrangères aux lettres peaufinées à laquelle se réfère souvent le terme de correspondance, et trace à la manière du collage photographique,celui du "joiner" d'instantanés, un portrait en creux - et en bosses - du grincheux Bukowski, "une photographie très nette de l'humeur de Bukowski" précise Abel Debritto dans sa postface.

Bukowski se révèle comme un hybridation entre le ratiocinateur Thomas Bernhard sur le déclin sur le monde contemporain ("un monde parti en couilles avec la seconde guerre mondiale") et son pessismisme existentiel ("Il faut 5 pou 6 braves hommes par siècle pour faire avancer les choses au-delà de la pourriture et de la mort"), et le vitupérateur Louis-Ferdinand Céline.

Céline, encore et toujours, celui dont il reconnaît qu'il "a viré vieille mémère en colère", et sur lequel il s'aligne, ce qu'il reconnaît écrivant dès 1962 "Je suis fêlé, vieux et radotant", notamment par le ressassement de son enfance malheureuse, de ses galères et turpitudes dont, au demeurant, il est difficile de savoir s'il tient du pathos victimaire ("Je suis un vieil homme maintenant - écrit-il à 40 ans- plus rempli de cris, de détresse et de vertige") ou de l'invocation du misérabilisme lié à la posture d'artiste maudit.

L'intérêt du florilège composé par Abel Debritto, qu'il a voulu comme révélateur du combat que Bukoski a mené pour devenir une icône littéraire, tient donc également à ce qu'il met en exergue les paradoxes bukowskiens sur le plan de l'homme que de l'écrivain et de son rapport au monde.

Ainsi il trace un parcours éditorial au cours duquel Bukowski, alors même qu'il se positionne en retrait de la scène littéraire, se révèle en quête permanente de reconnaissance publique et de médiatisation avec une attitude qu'il reproche et condamne avec véhémence chez les autres, ceux de la Contre culture avec ses "faiseurs de gros titres" et les Beats qui "donnaient trop dans l'auto-promotion", lui-même multipliant les manifestations de lectures publiques.

A cette fin, il harcèle tous les éditeurs, petits et grands, pour assurer sa médiatisation tout en vilipendant le monde de l'art et de l'édition,et donc tant pour les éditeurs institutionnalisés ("des enculés qui ne pouvant se faire un nom tout seul s'associent à ceux capables de graver leur nom dans le marbre" et "se cachent derrière les abonnés et dorlotent les contributeurs") que les indépendants ("une bande irresponsables dirigés par de jeunes blancs-becs, tout juste sortis de la fac, avec la ferme intention de se faire du pognon") avec une hargne parfois paranoïaque les accusant de lui avoir volé ses textes.

Bien évidemment, il n'épargne ni les critiques littéraires américains qualifiés de "bouffons" et de "conservateur de salons" ni les critiques français ("ces bâtards qui nous prennent systématiquement pour des ânes") ni la censure ("l'outil de ceux qui éprouvent le besoin de passer certaines réalités sous silence").

Enfin, du côté anecdotique, il livre un panorama essentiellement subjectif, à la hargne et à la radicalité jubilatoires, de la littérature américaine.

Si certains sont épargnés (John Fante, D. H. Lawrence et Carson Mc Cullers), il dézingue la plupart de ses homologues consacrés : Aldous Huxley ("un rosbif sur-diplômé surestimé plutôt brillant un écrivain plutôt divertissant"), Allen Ginsberg ("ses histoires à la mord-moi-le-noeud sont rasoirs et orientées"), William Faulkner ("c'est très souvent de la merde, enfin de la merde intelligente, bien sapée aussi bidon qu'un tas de cire"), Ezra Pound ("même le plus grands vivent parfois dans l'erreur"), Ernest Hemingway ("une grosse machine qui se pétait la gueule").

 

MM         
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