Traductrice de l’italien et docteur en Histoire, Nathalie Bauer nous propose en ce mois d’août son quatrième roman, Les complicités involontaires, publié aux éditions Phillipe Rey. Maîtrisant parfaitement les codes romanesques, aperçus déjà avec le très bon livre Les Indomptées, elle le confirme avec son nouveau roman.
Les complicités involontaires nous raconte l’histoire de Corinne, psychiatre, qui reçoit un jour dans son cabinet une certaine Zoé, désireuse d’entreprendre une analyse. Reconnaissant en elle une ancienne amie, elle s’apprête à l’adresser à un confrère, quand Zoé lui confie qu’elle souffre d’une amnésie ayant effacé ses souvenirs de jeunesse. Zoé est persuadée qu’elle est atteinte depuis toujours d’une "mélancolie" dont la cause réside dans la mystérieuse histoire de sa famille paternelle, histoire dont son père ne lui a transmis qu’une infime partie. Pour Corinne, la curiosité est la plus forte. Enfreignant les règles déontologiques de sa profession, elle décide d’ignorer leur lointaine et brève amitié et accède à la demande de Zoé.
Le livre est construit autour de trois temps. Le premier concerne les rencontres entre Corinne et Zoé dans le cabinet de la première (qui rapidement s’arrêtent) et la vie sentimentale de Corinne qui évolue pendant cette période. Le second concerne les mémos que Zoé envoie à la psychiatre concernant les recherches qu’elles effectuent concernant sa famille, une fois qu’elles ne se rencontrent plus au cabinet. Le troisième enfin est constitué des souvenirs de jeunesse de Corinne quand elle était amie avec Zoé, formant un trio avec une certaine Agathe. L’enchaînement est toujours le même, on trouve le mémo, l’analyse faite de la situation par la psychiatre ainsi que l’évolution de son couple puis ses souvenirs de jeunesse.
Vous l’avez donc compris, tandis que l’analysante déroule son "enquête" en assemblant, telles les pièces d’un puzzle, les quelques éléments dont elle dispose (bribes de vieilles conversations, documents et photos), l’analyste se voit confrontée, par un plongeon dans le passé, à un jeu de miroirs pour le moins inattendu. Depuis que Zoé a ressurgi dans son existence, des souvenirs lui reviennent suscitant malaise, mélange de nostalgie, de culpabilité et de regrets.
Malgré quelques digressions dans la partie concernant les souvenirs de jeunesse de la psychiatre, quelques longueurs aussi dans les mémos adressés par Zoé qui concernent ses recherches familiales (pas inintéressantes cependant car elles permettent de voir l’évolution de sa famille au cours du 20ème siècle, notamment à travers des évènements marquants comme le Front populaire, la défaite de 1940, l’exode et l’occupation), l’ensemble reste cohérent et les différents récits permettent de comprendre de nombreuses choses au fur et à mesure.
Reste alors l’intrigue principale, bien trouvée aussi, qui est le fil conducteur de ce roman et qui nous donne envie d’aller au bout de ce livre pour savoir, au final, qui domine l’autre véritablement, qui tire vraiment les ficelles.
Les complicités involontaires est donc un bon livre, qui nous fait passer un agréable moment. |