Monologue dramatique d'après les récits de Maurice Rajsfus conçu et interprété par Philippe Ogouz accompagné par l'accordéoniste Paul Predki.
Sur le plateau vide et noir, deux hommes remémorent l'un des événements tragiques de l'Occupation ressortant au génocide juif et inscrit indélébilement sur le marbre du déshonneur. La rafle du Vélodrome d'Hiver, perpétrée dans le cadre du dispositif nazi cyniquement baptisé "Opération Vent printanier", a consisté en l'arrestation et la déportation massive de Juifs organisée en juillet 1942 par le Gouvernement de Vichy pour "livrer" son quota négocié avec Berlin.
Inscrite dans le registre du théâtre mémoriel, la partition de "La Rafle du Vel' D'Hiv" élaborée par le comédien et metteur en scène Philippe Ogouz relate les étapes de la législation française antisémite.
Initiée par le port obligatoire de l'étoile jaune et optimisée par l'activité zélée du Service Juif de la Préfecture de Police de Paris et du Commissariat Général aux Questions Juives qui ont également été à l'origine de la constitution d'un fichier juif dont l'excellence méthodique, un "antisémitisme de bureau" expertisé par l'historien Laurent Joly, avait impressionné les nazis, elle a contribué activement à l'Holocauste et s'est conclue par l'impunité subséquente tant des décideurs politiques que des exécutants.
L'engrenage monstrueux de la politique, de la loi, des officiants sur le terrain, policiers et gendarmes, et de la passivité de la population est éclairé par le témoignage d'un enfant rescapé.
Dans ses récits autobiographiques, Maurice Rajsfus, qui allait devenir historien, écrivain et co-fonder l'Observatoire des libertés publiques, rapporte notamment les conditions effroyables dans lesquelles hommes, femmes et enfants furent "parqués" puis "exportés" vers les camps d'extermination, sa condition d'éternel orphelin et la passivité de la population française. Rythmée par les ponctuations musicales et chants de l'accordéoniste Paul Predki, une voix s'élève, celle profonde à l'éloquence sensible de Philippe Ogouz qui écarte tout effet patéthique et porte les voix de ceux qui ont péri dans le silence, l'anonymat d'un numéro et l'indifférence quasi générale.
Un nécessaire et indispensable rappel des exigences élémentaires de solidarité et de dignité humaine. |