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Robin Campillo  août 2017

Réalisé par Robin Campillo. France. Drame. 2h20 (Sortie le 23 août 2017). Avec Nahuel Perez Biscayart, Arnaud Valois, Adèle Haenel, Antoine Reinartz, Felix Maritaud, Mehdi Touré, Aloïse Sauvage, Simon Bourgade et Catherine Vinatier.

"Des molécules pour qu’on s’encule !" Claquements de doigts approbateurs des militants.

Cette année, s’enflamme Thibaud (Antoine Reinartz), il faut absolument réussir la Gay Pride. Marre des défilés de "zombies » par temps pluvieux. Cette année, il faut réveiller. Alors chacun y va de son slogan.

"Le sida, c’est moi, le sida, c’est toi, le sida, c’est nous…" Gros blanc consterné. "C’est peut-être ma dernière Gay Pride". Les doigts claquent à nouveau. Bienvenue à Act’up Paris.

On l’avait entendu dire partout, depuis le festival de Cannes où "120 battements par minute" de Robin Campillo a reçu le Grand Prix du Jury. Le film est magnifique, émouvant, bouleversant… Tout un florilège d’adjectifs qui ne peuvent pas nous préparer à l’intensité de cette œuvre rare. Il est toujours difficile de décrire l’émotion. Il est toujours difficile de comprendre le miracle qui la fait perdurer durant 2h20.

Dès la scène d’ouverture - des militants en coulisse attendent que le directeur de l’Association française de Lutte contre le Sida prenne la parole - tout est là. Une impression vivifiante de danger, l’attente, le souffle court, les poings serrés, et puis l’action, sous les projecteurs, devant des salles surprises ou indignées. Des moments de temps suspendu où tout est intense.

On découvre peu à peu le modus operandi des militants : le discours à donner au personnel des lieux qu’on envahit, la position à adopter quand les flics arrivent, ce qu’il faut prendre en cas de garde à vue… Tout un ensemble de règles issues de l’expérience que Robin Campillo parvient à montrer sans jamais tomber dans la plate illustration.

Le combat est également au sein d’Act’up, où chacun défend ses positions et ses points de vue, parfois avec bonne humeur, parfois avec colère. Sean, étonnant farfadet incarné par Nahuel Perez Biscayart, Thibaud, le leader souvent contesté, Sophie (Adèle Haenel), toute en énergie, Nathan (Arnaud Valois), le doux garçon à travers le regard duquel nous découvrons Act’up…

La vivacité des échanges et de la réflexion collective, on l’avait rarement vue filmée avec autant de vigueur et d’humour, dans cette salle en gradin où les râleurs du dernier rang sont appelés les montagnards. Ce jeu entre le centre de la scène et le surplomb des auditeurs donne d’ailleurs aux échanges une géométrie toute particulière, un exemple parmi d’autres d’une mise en scène qui refuse les effets pour se construire tout en subtilité.

Le montage glisse avec douceur d’un lieu à l’autre, alterne le récit d’une action et son déroulement, mêle un combat collectif et une lutte intime. Rythmé par la bande son techno vibrante et inquiétante d’Arnaud Rebotini, le film semble construit au premier abord sur une répétition incessante des débats, des actions, de la danse…

Mais on n’arrive pas encore à empêcher la maladie de progresser, la mort de s’étendre. Aussi cette répétition donne au film des accents tragiques, où, sous la joie, on décèle un sentiment de rage et d’impuissance. Et l’on sent peu à peu toute la fragilité de ces combattants, de ces survivants qui "refusent de mourir".

Nathan tombe amoureux de Sean. Une histoire d’amour tout en délicatesse, qui commence par un acte de provocation (un baiser donné devant une lycéenne homophobe) et continue dans un moment de grâce où l’on passe, sans s’en rendre compte, d’un dance floor à une chambre.

Les amours entre deux hommes, Robin Campillo les avait déjà très bien filmées dans son film précédent, "Eastern Boys" ; mais dans ce film, on ne savait jamais très bien s’il était question d’amour ou d’intérêt. La relation amoureuse se tarissait à mesure que l’intimité grandissait, car l’un refusait de connaître l’autre.

Dans "120 battements par minute", l’intimité ne fait jamais peur. Au contraire, la tendresse est partout : dans le doigt qui caresse une cicatrice, dans la main qui étreint une nuque ou dans un baiser gracieux sur les gradins d’Act up.

Robin Campillo fait également d‘Act up le théâtre d’un récit intime, où Arnaud peut raconter, oubliant le brouhaha des discussions, son passé à Nathan. La maladie même ne brise pas cette intimité, et les gestes médicaux deviennent à leur tour des gestes d’amour.

Ce rôle du corps est également central pour les militants. Ils utilisent leur voix et leur corps comme des instruments de lutte politique, connaissent aussi bien que les médecins le jargon médical et les signes de la maladie.

Ils dansent, s’embrassent, se serrent les uns contre les autres. Font corps, pour résister. Faire face, ensemble, debout. Pas encore morts.

 

Anne Sivan         
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