Spectacle conçu et mis en scène par Anne-Marie Philipe à partir de la correspondance de Simone de Beauvoir, avec Camille Lockhart, Aurélie Noblesse, Anne-Marie Philipe et Alexandre Laval.
C’est une époque lointaine, celle où les écrivains entretenaient des correspondances avec leurs confrères, leurs amis ou leurs amants, que "Pour l’amour de Simone" cherche à faire revivre. Des années 1930 aux années 1950, Simone de Beauvoir a correspondu avec "ses" hommes. Sartre, bien sûr, mais aussi Jacques-Laurent Bost (dit "Le Petit Bost"), son amant qui restera son ami, et Nelson Algren, son amant américain, plus ombrageux que les deux autres et moins enclin à considérer l’amour comme un jeu, sinon dangereux du moins cérébral. Assis face aux spectateurs pour un débat intimiste, on découvre trois femmes, censées jouer l’auteur du "Deuxième sexe" à trois moments de sa vie, et un jeune homme qui sera tour à tour les trois hommes de Simone. Textes en main ou pas, les comédiens semblent prendre du plaisir à lire ses lettres rapides, vives, qui, sans être à proprement parler des chefs d’œuvre de l’art épistolier, dessinent plutôt une Beauvoir sympathique, pratiquant un libertinage raisonné de normalienne, laissant pourtant échapper parfois des côtés Madame Bovary. A ce petit exercice de style amoureux, Sartre est évidemment le meilleur des trois, Bost le plus conscient de n’être pas à la hauteur et Algren le plus malheureux. Anne-Marie Philipe n’a pas cherché à dresser un "portrait-robot" de la Simone de Beauvoir amoureuse. Elle ne la juge pas non plus, laissant au spectateur s’en faire une idée conforme ou non à ses préjugés. Ceux qui vénèrent le "Castor" ne seront pas déçus par sa liberté de ton et ses idées modernes. En revanche, ceux qui aiment haïr les "amants du Flore" y puiseront, avec délectation, des raisons supplémentaires pour dénoncer la futilité germanopratine du couple Sartre-Beauvoir. En "Madame Loyale", Anne-Marie Philipe rend amusante cette heure en compagnie des deux monstres sacrés de la littérature d’après-guerre et de leurs affidés. Elle s’est entourée de trois jeunes comédiens prometteurs. Alexandre Laval, pipe au bec, répond du tac au tac à ses partenaires, Camille Lockart, un peu goguenarde comme une marquise des "liaisons dangereuses", Aurélie Noblesse, plus dans l’émotion qu’elle sait rendre à merveille, et Anne-Marie Philipe, en Beauvoir enfin épanouie. Un spectacle particulièrement bien adapté pour un début de soirée qu’on pourra finir en se replongeant dans la prose de Simone et de Jean-Paul. |