Auteur de moult comics, c’est de son imagination qu’est né Americain Gods ou Beowulf. Neil Gaiman a adopté la mythologie Viking et l’a faite sienne pour nombre de ses créations. Et il nous offre la substantifique moelle de ses récits : La mythologie Viking.

Moins connue que la mythologie romaine (normal me direz-vous, ne sommes-nous pas une majorité de Romains ?), elle ne manque pas de similitudes avec cette dernière, dans le sens où elle explique d’une part la création du monde, d’autre part parce que chaque élément de la maisonnée, du vaisselier au lit conjugal, est sous la protection bienveillante d’un Dieu et tiraillée par la malveillance d’un autre.

C’est avec humilité que Neil Gaiman explique que les récits qu’il propose ne sont pas la seule façon de présenter Odin et sa bande, il incite même le lecteur à oublier le livre et ne garder que les histoires orales à ajuster à son public et théâtraliser à sa sauce. Ce qui fait d’emblée de La mythologie Viking un roman open source. Et le rend plus attractif (et forcément plus sympathique) que les lourds ouvrages parfois un tantinet prétentieux, prétendant tout explorer des Dieux Nordiques.

Il y a Odin, le grand Manitou, mieux vaut s’adresser à lui quand on a un doute sur la réussite de la béchamel, il orientera directement le message au dieu des cuistots. Il y a la sublime Freya que chacun veut épouser en échange d’un service rendu au patron, Loki l’égocentrique capricieux qui tire les dieux des mauvaises passes dans lesquelles il les a lui-même entrainés, Thor le surfeur canon et pas très fut fut. Et un sacré paquet de divinités rassemblés à Midgard, ou en voyage chez les trolls farceurs du coin.

Comme une famille attablée autour du sapin de Noël, ils se chamaillent (qui a commencé à parler politique ?), ils mangent avec gourmandise et rient à gorge déployée, ils bercent des rêves et écoutent les aspirations de leur descendance, et luttent férocement contre les forces du mal et les voisins envahissants. Il faut dire qu’il y a des squelettes à poutrer tous les mardis, des gobelins à saigner à la pleine lune et des orcs à décimer les années en douze.

Il y a les géants super grands, les nains grincheux et les elfes gracieux, des monstres marins et des créatures terrestres, des enfants qui se changent en serpent et des adultes qui poussent des incantations en chevauchant des animaux aux poils dorés.

A lire comme on confectionne des brochettes : un peu de ci, un bout de ça, et à faire griller lentement sur les braises. La mythologie nordique plaira aux passionnés et aux débutants, les premiers pour consolider leurs bases (et arrêter un peu de baver sur Thor, je vous avais bien dit qu’un type qui dormait avec un marteau c’était plutôt atypique), les seconds pour s’immerger tranquillement dans un univers fouetté par les embruns polaires.