"Quel sextuor ! Quelle fugue à la fin ! C'est effrayant à quel point je suis content de moi !" Tchaïkovski à propos de son Sextuor à cordes, souvenir de Florence
Presque vingt années séparent le premier quatuor et le Sextuor, souvenir de Florence mais c’est presque un monde qui espace ces deux œuvres. Lorsque le quatuor fut créé lors d’un concert qui visait à faire connaître son travail auprès du public et de la critique, Tchaïkovski, professeur au Conservatoire de Moscou fondé par son ami Nicolas Rubinstein, est encore un jeune compositeur en pleine recherche stylistique.
A la création de son Sextuor à cordes souvenir de Florence, Tchaïkovski est au sommet de sa gloire, mais également à un tournant tragique de sa vie : la fin du mécénat de Nadejda Von Meck. Pourtant entre ces deux œuvres, on retrouve les mêmes fils conducteurs qui traverseront la carrière du compositeur : romantisme, lyrisme, poésie mélodique, âme et folklore russe mais toujours influencé par la musique occidentale.
Le quatuor à cordes n°1 est d’une incroyable fraîcheur, assez éloignée du climat plus mélancolique du second quatuor. C’est le premier grand quatuor écrit par un compositeur russe. Si le premier mouvement, assez enlevé, a quelque chose d’un Schubert slave, son second mouvement inspiré d’une mélodie populaire ukrainienne lui apportera une reconnaissance immédiate. Un mouvement si beau qu’il en aurait tiré les larmes à Tolstoï selon la légende. Le Scherzo et le finale nous projettent dans une Russie festive.
Le Sextuor à cordes, souvenir de Florence, interprété ici avec Ophélie Gaillard et Lise Berthaud, doit aux séjours répétés en Italie du compositeur. Avec son premier mouvement et son thème en ré mineur, l’atmosphère et nettement plus grave et mélancolique et on retrouve l’omniprésence du Fatum, qui traverse l’œuvre de Tchaïkovski.
Le Quatuor Novus, jeune ensemble coréen pris sous son aile par le quatuor belcea, fait preuve d’une excellence dans l’expression exaltée des sentiments, d’une réelle finesse dans l’interprétation, d’une souplesse dans les dynamiques et d’une technique au service du phrasé. Des qualités mettant en évidence l’architecture harmonique, mélodique et rythmique de ces deux pièces. Un régal ! |