Grand Bois
(Sosei Records / Arbouse Recordings) septembre 2017
62ème élément chimique de la croûte terrestre, le brome est peu abondant. Il peut être extrait de l’eau de mer, et est utilisé pour désinfecter l’eau des piscines, dans les lampes halogènes, comme traitement contre l’épilepsie… et contamine la planète.
Bon d’accord, en vrai c’est vachement plus complexe que ça, mais on s’en fiche un peu parce notre Brome à nous est un alchimiste musicien prompt à paver nos chemins de douceurs musicales.
Gaulois voyageur, Timothée Demoury est le talentueux octopus qui se cache derrière le sobriquet de Brome. Issu de la patrie nantaise, il passe par l’Allemagne et l’Afrique pour nous livrer Grand bois, sobre et magnifique.
Langoureux et intemporel, Brome parle d’odeurs et de saveurs. Il chante l’amour sous le prisme de la tendresse un peu nostalgique. Un peu solennel, carrément glamour "quand je t’ai embrassée, tu sentais la neige" ("Endors mes peurs").
Au son d’une basse entêtante et hypnotique, entre chanteur et conteur, Brome propose des arrangements tirés à quatre épingles : une pour les rythmes vaudous, une pour les cordes électriques, une pour les plages lancinantes et une pour la voix chamanique de Timothée Demoury.
L’ensemble est sombre et fascinant comme un tableau de Jérôme Bosch, entre la vie et la mort, la vie avant la mort et la mort après la vie, entre les deux et de chaque côté, fusionnels et antagonistes. Mystérieux et ensorcelant.
C’est presque tout seul que le bonhomme a créé ces morceaux, solitaire mais pas sauvage, il a invité des musiciens pour rehausser le pouvoir de séduction des mélopées, un peu comme le cognac dans la crème de marron, un exhausteur de goût pour les oreilles.
Entièrement chanté en français, les paroles invitent à accueillir l’inéluctable : la faucheuse et son impitoyable tranchant "Tu me diras ce que ça fait de mourir" ("Tu veux mourir"). Entre philosophie et sagesse, Brome emmène son public dans les affres de ses voyages intérieurs et ses déambulations sur des plages désertes.
"Des moments magiques il y en a, des grands moments qui rattrapent les autres, ici l’eau du fleuve on dirait du whisky, on y jette les cendres de ceux qui sont partis, et pour accompagner ce dernier au revoir, les arlequins trempent les rubans d’un mobile dans l’eau beige, puis on éclabousse ceux qui restent" ("Le brasier des parcelles").
Dernière édition de l'année 2018. Et déjà 2019 qui se profile avec son lot de nouveautés et de découvertes. Passez toutes et tous une belle fin d'année. L'occasion aussi de vous remercier de votre fidélité. En attendant, voici le programme de la semaine.