Spectacle conçu et mis en scène par Nathalie Béasse, avec Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Erik Gerken et Clément Goupille.
Le titre suscite des réminiscences tchekhoviennes, avec le bruit d'une cognée abattant un arbre sur leque se clôt "La Cerisaie", et bernhardiennes, celle "Des arbres à abattre".
L'oeuvre de ces auteurs n'entrent pas dans la composition de sa courte partition textuelle qui emprunte notamment à l’Evangile, avec la généalogie de Joseph lui-même ancêtre de l'une des douze tribus d'Israel, Shakespeare, Marguerite Duras en passant par Shakespeare et Gertrude Stein la poétesse cubo-dadaiste de la fratrie des Stein.
Mais, pour le moins, entrent-elles en résonance dans "Le bruit des arbres qui tombent" avec lequel Nathalie Béasse poursuit une passionnante exploration de ce que le dramaturge isrélien Hanokh Levin qualifie de "tendre glaise humaine dont on façonne les grands idéaux",
Tout commence sur la musique de Gustave Mahler, celle gravée dans la mémoire des cinéphiles viscontiens comme indissolublement associée à "Mort à Venise", association non anodine, par une gigantesque bâche en polystyrène noir actionnée simplement au moyen de poulies par les officiants qui devient, entre autres et selon les références culturelles de chacun, voute céleste, rideau de scène, "outrenoir" de Pierre Soulages, mer bruissante de vagues, cerf-volant capricieux ou somptueux ballet de raie-manta.
Ce prologue annonce un spectacle plasticien et métaphorique réussi et maîtrisé ressortant à la performance qui se compose d'une succession de tableaux, que Nathalie Béasse qualifie de "morceaux de vie", autour du thème de la famille, et reposant essentiellement sur la dramaturgie des corps.
Des corps toujours en mouvement, de la marche à la danse matissienne, même s'ils sont parfois saisis en mode "arrêt sur image", ceux d'un quatuor qui appartiennent à la même famille entendue au sens large, de la fratrie au groupe d'élection, pour parler de l'homme, de l'homme-matière et de son rapport organique et matriciel avec la terre et les éléments, et de la vitalité, mais également de la chute et de la mort.
Comme dans son précédent opus de théâtre-danse "Roses", celui-ci s'appuie sur le caractère plastique de la parole mais surtout sur la spatialité corporelle et la plasticité psychique en relation avec les pulsions vitales avec, au jeu polysémique, Estelle Delcambre, Karim Fatihi, Erik Gerken et Clément Goupille, interprètes inspirés qui en soutiennent l'épuisant, et néanmoins roboratif, rythme instillé d'incursions amusantes, d'autres pus graves, comme la vie. |