Permafrost
(Microcultures / Differ-Ant) septembre 2017
"A l’écoute, on succombe, on tombe. Ou on reste aux portes du monde. Rien ne prépare à Permafrost". C’est par ces mots que nous est présenté le dernier album de Nesles.
Partir à la découverte d’un artiste totalement inconnu s’avère pour moi toujours un exercice un peu délicat, encore plus lorsqu’il faut s’atteler à le chroniquer. Les premières minutes d’écoute sont primordiales, un peu comme quand l’on visite un appartement que l’on souhaite acquérir. Rapidement, l’envie de monter le son se fait sentir, d’apprivoiser l’album aussi. Ou pas ! Ici, pour cet album, toute velléité de ne pas poursuivre l’aventure Permafrost s’avère impossible. Nesles nous embarque dans ses calottes glaciaires dès les premières secondes. Une seule envie ensuite, celle de continuer l’écoute, de se concentrer sur les textes aussi, de fermer les yeux pour voyager. Coup de maître donc, et grand album aussi.
Alors voilà, la messe est dite. Permafrost, le nouvel album de Nesles, sorti ces jours-ci, sera sûrement l’une des bonnes surprises de l’automne 2017. Il fait partie des mes coups de cœur en tout cas. Nesles est un artiste délicat, dont l’univers proche des Bashung, Miossec et Dominique A, nous prouve qu’il existe encore des artistes qui magnifient la langue française. Bertrand Belin n’est pas bien loin non plus quand on écoute Nesles. Il y a tout ce que j’aime dans cet album de Nesles : le songwriting à la française, la voix d’une grande sincérité, les superbes compositions, parfois instrumentales qui même sans mots prennent une dimension fascinante. Même la pochette du disque me plaît. Pour moi, Nesles fait un sans faute.
Auteur, compositeur, Nesles façonne des titres rock, folk, instrumentaux qui lui permettent d’accompagner des textes ciselés parfaitement pour sa voix, instrument à part entière dans ses compositions. Il se dégage beaucoup de générosité et d’authenticité de cet album, de l’élégance aussi et de la fragilité.
Les onze titres de l’album ont été écrits et composés par Nesles, réalisé par le grand Alain Cluzeau qui travaille en autres avec Bertrand Belin, Olivia Ruiz et Thiéfaine. Avec Permafrost, Nesles entre dans le cercle très privé de la nouvelle scène francophone. Cette entrée, il la fait par la plus grande des portes, héritier des plus grands baignant dans la culture pop anglo-saxonne.
Permafrost est une petite pépite congelée, qui restera hostile pour certains, étranges pour d’autres et qui s’avèrera d’une très grande poésie pour ceux, comme moi, qui voit en Nesles un grand artiste français qui s’assume pleinement dans une musique inventive sans artifice.
Alors je confirme mes premiers mots. J’ai écouté, j’ai succombé, je suis tombé. Et pourtant, rien ne me préparait à Permafrost. Alors faites comme moi, l’expérience Permafrost, vous n’en reviendrez pas indemne…