Musique sep Théâtre sep Expos sep Cinéma sep Lecture sep Bien Vivre
  Galerie Photos sep Nos Podcasts sep Twitch
 
recherche
recherche
Activer la recherche avancée
Accueil
 
puce puce
puce Paysage perdu
Joyce Carol Oates  (Editions Philippe Rey)  octobre 2017

Une fois n’est pas coutume, l’immense auteure américaine Joyce Carol Oates nous offre un nouveau livre, publié toujours aux éditions Philippe Rey, dans lequel on se plonge de nouveau avec délectation. On ne présente plus Joyce Carol Oates, cela prendrait plus de caractères que cette chronique. Avec Paysage Perdu, c’est elle qui se présente à nous puisque son dernier livre n’est pas un roman mais un récit autobiographique qui prend une dimension encore plus importante quand on a déjà lu une partie de son œuvre gigantesque.

Joyce Carol Oates a donc fait le choix de rédiger un récit autobiographique, non pas qu’elle ait fait le tour des romans, poèmes, nouvelles et autres polars car on imagine bien qu’elle sortira rapidement de nouveaux livres (sans parler du recueil de nouvelles La princesse-Maïs et autres cauchemars qui sort en même temps que Paysage perdu). Son dernier livre est en fait le rassemblement de textes écrits au fil des années, pendant plus de vingt ans, parfois à la demande des éditeurs, lui faisant prendre conscience que le fil était la petite enfance et l’adolescence.

Le paysage de son enfance est un paysage perdu, qui donne le titre au livre car c’est une ferme qui n’existe plus aujourd’hui. Comme Joyce Carol Oates le dit, ce lieu géographique est devenu un espace émotionnel, le lieu de sa mémoire. Et ce paysage perdu dit-elle devient aussi "le temps perdu". L’auteure revient donc dans ce livre sur ses jeunes années, son enfance pauvre dans cette ferme de l’Etat de New York, entourée de ses parents aimants. Elle nous parle de sa grand-mère, particulièrement importante pour elle qui lui donne le goût de la lecture et lui offre sa première machine à écrire, de la découverte d’Alice au pays des merveilles à 9 ans qui va devenir une révélation pour elle, allant jusqu’à s’y identifier. Elle nous parle aussi de sa sœur autiste, dans un chapitre particulièrement émouvant, la sœur perdue, une élégie. Elle nous offre aussi des photos, qui viennent éclairer ses mots, et des extraits de correspondance entre elles et ses parents. On y apprend son amour des animaux, particulièrement des chats et la perte de son ami Cynthia, qui se suicide à dix-huit ans, la marquant à jamais. On y apprend aussi sa peur de l’échec et son immense envie de réussir, dès son plus jeune âge.

Le livre est construit en trois temps, le temps de l’enfance d’abord, puis celui de l’adolescence et enfin l’entrée dans l’âge adulte. Elle revient sur des lieux, des rencontres et des évènements qui ont construit l’immense écrivain qu’elle est. Chaque période, écrite et décrite, est passionnante, des anecdotes deviennent de véritables histoires quand elle les écrit. "Le récit n’est pas totalement objectif", dit-elle car il repose sur sa mémoire et ses souvenirs et non pas seulement sur des journaux intimes et détaillés. Ici, elle mêle les deux, la faisant devenir parfois un personnage. C’est le cas notamment dans le chapitre original Heureux le poulet 1942-1944, où la petite Joyce devient un personnage dans cette histoire, son histoire, racontée par un poulet.

Pour Joyce Carol Oates, "l’œuvre d’un écrivain est une transcription codée de sa vie". Cette phrase résonne parfaitement tout au long de ce Paysage Perdu qui illumine son œuvre d’une lumière nouvelle. Les lieux de ses œuvres se trouvent dans des éléments de sa vie que l’on retrouve dans Paysage perdu : Niagara falls, lieu principal du livre Viol, une histoire d’amour, Carthage aussi qui donne le titre d’un immense livre de son œuvre et le lac Erié, lieu de naissance de Joyce Carol Oates, présent aussi dans de nombreux livres. Son histoire c’est aussi, un peu, celle du rêve américain, qu’elle écorche très souvent dans ses livres. Ce livre, enfin, c’est aussi un superbe hommage à ses parents, ses deux modèles dont elle ne veut pas trahir la mémoire.

Joyce Carol Oates termine son livre en nous disant que trois choses sont importantes dans la vie humaine. La première est d’avoir de l’empathie ; la seconde, d’avoir de l’empathie ; et la troisième d’avoir de l’empathie. Pour Joyce Carol Oates, c’est son enfance qui a été le lieu d’apprentissage de ce sentiment qui aujourd’hui manque cruellement dans notre monde. Son livre en est le parfait témoin.

A bientôt 80 ans, Joyce Carol Oates nous offre, et le mot est faible, tant son livre est sublime, son livre le plus personnel, évidemment, ponctué de nombreuses sublimes échappées qui nous embarquent dans un tourbillon de plaisir, celui de lire des bribes de la vie de celle qui bientôt, j’espère, obtiendra le prix Nobel de littérature venant récompenser une des plus grandes femmes de la littérature américaine actuelle.

 

A lire aussi sur Froggy's Delight :
La chronique de "Le mystérieux Mr Kidder" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Le musée du Dr Moses" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Mudwoman" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Maudits" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Premier amour" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Carthage" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Sacrifice" et de "Dahlia noir & Rose blanche" de Joyce Carol Oates
La chronique de "La fille du fossoyeur" de Joyce Carol Oates
La chronique de "Un livre de martyrs américains" de Joyce Carol Oates

En savoir plus :
Le Facebook de Joyce Carol Oates


Jean-Louis Zuccolini         
deco
Nouveau Actualités Voir aussi Contact
deco
decodeco

• Edition du 2024-04-21 :
Prendre son souffle - Geneviève Jannelle
Dans le battant des lames - Vincent Constantin
Hervé Le Corre, mélancolie révolutionnaire - Yvan Robin
L'heure du retour - Christopher M. Wood

• Edition du 2024-04-14 :
Mykonos - Olga Duhamel-Noyer
Mort d'une libraire - Alice Slater
L'origine des larmes - Jean-Paul Dubois
 

• Archives :
L'Empire Britannique en guerre - Benoît Rondeau
Des gens drôles - Lucile Commeaux, Adrien Dénouette, Quentin Mével, Guillaume Orignac & Théo Ribeton
La république des imposteurs - Eric Branca
Sub Pop, des losers à la conquête du monde - Jonathan Lopez
L'absence selon Camille - Benjamin Fogel
Anna O - Matthew Blake
Au nord de la frontière - R.J. Ellory
Récifs - Romesh Gunesekera
La sainte paix - André Marois
L'été d'avant - Lisa Gardner
Mirror bay - Catriona Ward
Le masque de Dimitrios - Eric Ambler
Le bureau des prémonitions - Sam Knight
La vie précieuse - Yrsa Daley-Ward
Histoire politique de l'antisémitisme en France - Sous la direction d'Alexandre Bande, Pierre-Jerome Biscarat et Rudy Reichstadt
Disparue à cette adresse - Linwood Barclay
Metropolis - Ben Wilson
Le diable sur mon épaule - Gabino Iglesias
Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #51 (édition 2024) - Morceaux choisis de la Masterclass de Christophe Blain
Archives de la joie - Le vent Léger - Jean-François Beauchemin
Le fantôme de Suzuko - Vincent Brault
Melody - Martin Suter
Camille s'en va - Thomas Flahaut
Tempo - Martin Dumont
Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #51 (édition 2024) - Thierry Smolderen : "Le scénario est le bricolage"
Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #51 (édition 2024) - Top 10 subjectif
Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #51 (édition 2024) - Nine Antico : Chambre avec vue
Festival International de la Bande Dessinée d'Angoulême #51 (édition 2024) - Moto Hagio : Au-delà des genres
Rock me Amin - Jean-Yves Labat de Rossi
Le Sang des innocents - S. A. Cosby
- les derniers articles (14)
- les derniers expos (36)
- les derniers films (2)
- les derniers interviews (38)
- les derniers livres (2716)
- les derniers spectacles (1)
           
twitch.com/froggysdelight | www.tasteofindie.com   bleu rouge vert métal
 
© froggy's delight 2008
Recherche Avancée Fermer la fenêtre
Rechercher
par mots clés :
Titres  Chroniques
  0 résultat(s) trouvé(s)

Album=Concert=Interview=Oldies but Goodies= Livre=Dossier=Spectacle=Film=