UN BEAU SOLEIL INTERIEUR
Réalisé par Claire Denis. France. Drame. 1h34 (Sortie le 27 septembre 2017). Avec Juliette Binoche, Xavier Beauvois, Philippe Katerine, Valeria Bruni Tedeschi, Gérard Depardieu, Josiane Balasko, Nicolas Duvauchelle et Alex Descas.
La polémique fait rage, ces jours-ci, après l'altercation entre Christine Angot et Sandrine Rousseau sur le plateau d'"On N'est Pas Couché".
On peine à croire que la même personne ait été capable d'un tel accès de rage alors qu'elle avait co-écrit le scénario de dentelle, fin, intelligent, sensible de "Un beau soleil intérieur".
Le personnage magnifiquement incarnée par l'éternelle jeunette, Juliette Binoche, est en proie au doute. A la cinquantaine, s'enchainent des rencontres amoureuses qui ne tiennent pas leurs promesses. Non que les hommes soient tous des salauds. Ils doutent eux aussi et à cet âge-là, on n'a plus envie de se tromper.
La réalisatrice Claire Denis s'approche toujours plus près de ses acteurs, de leur intimité, de leur fragilité. Dans un héritage faisant nécessairement penser à Claude Lelouch parce que la direction d'acteurs laisse beaucoup de liberté à l'improvisation, aux hésitations, aux phrases qu'on redoute de terminer. L'un suspendu aux lèvres de l'autre dans l'espoir qu'il dise les mots attendus, de peur de dire soi-même ceux qui blessent.
On pense également au récent rôle interprété par Agnès Jaoui dans "Aurore", à telle enseigne qu'on aurait aimé voir les deux films sortir en même temps pour apprécier deux si jolis portraits de femme sujettes aux mêmes angoisses existentielles.
Jean-Louis Trintignant présentait récemment Gérard Depardieu comme le meilleur acteur au monde. Je déteste les classements mais la scène finale en points de suspension lui donne sacrément raison.
ESPECES MENACEES
Réalisé par Gilles Bourdos. Belgique/France. Comédie dramatique. 1h45 (Sortie le 27 septembre 2017). Avec Alice Isaaz, Vincent Rottiers, Grégory Gadebois, Suzanne Clément, Eric Elmosnino, Alice de Lencquesaing, Carlo Brandt et Agathe Dronne.
On suit ici le parcours de jeunes adultes que leur entourage ne ménage pas.
L'une épouse un voyou aussi timbré que violent, la seconde se voit rejetée par son père parce qu'elle a le malheur d'aimer un homme plus âgé que lui. Et le troisième doit faire face aux frasques psychiatriques de sa mère.
Tous appartiennent à cette espèce menacée qu'il faudrait protéger quand tant de choses se jouent à cet âge charnière. Un film à tiroir de Gilles Bourdos où les histoires se frôlent sans jamais vraiment se mêler, lui procurant son originalité et une cohérence dont on reste sceptique pendant une bonne demi heure.
Un renouveau dans la jeune garde du cinéma français avec notamment deux actrices tout en fragilité, Alice Isaaz et Alice de Lencquesaing décidément sur tous les fronts : dans le récent "Otez-moi d'un doute" et sur les planches d'Alexis Michalik dans "Intra muros" et Suzanne Clément en super guest de super luxe pour un film émouvant.
MON GARCON
Réalisé par Christian Carion. France. Thriller. 1h24 (Sortie le 20 septembre 2017). Avec Guillaume Canet, Mélanie Laurent, Olivier De Benoist, Antoine Hamel, Mohamed Brikat, Lino Papa, Marc Robert et Tristan Pagès.
Idée très originale que celle du réalisateur Christian Carion de proposer à son comédien principal de ne pas lire le scénario avant le tournage. Quelques informations sur le pitch et basta.
Guillaume Canet se retrouve dans l'expectative totale d'un père éloigné autant par la séparation mal digérée d'avec sa compagne que par son travail. Expectative de comprendre ce qui a bien pu advenir de son fils, étrangement disparu d'une classe verte...
On sent dans les premières minutes qu'il ne sait vraiment pas dans quelle direction chercher, l'improvisation de l'acteur rejoignant celle du personnage. On regrettera cependant le manque d'épaisseur du scénario dans la seconde partie du film.
Guillaume Canet et Mélanie Laurent incarnent magnifiquement ce couple déchiré et glacé par la perspective du pire. L'écriture quant à elle méritait bien davantage de travail.
LE REDOUTABLE
Réalisé par Michel Hazanavicius. France. Biopic. 1h47 (Sortie le 13 septembre 2017). Avec Louis Garrel, Stacy Martin, Bérénice Bejo, Micha Lescot, Grégory Gadebois, Jean-Pierre Gorin, Jean-Pierre Mocky et Tanya Lopert.
S'approcher du fer de lance de la nouvelle vague dont on s'accorde à dire qu'il révolutionna le cinéma, n'était pas chose aisée.
Même avec la Rolls que représente Louis Garrel comme interprète de Jean-Luc Godard. Tous les traits du réalisateur apparaissent de manière caricaturale pour les bons et tiède pour les mauvais.
Le film de Michel Hazanavicius montre le Godard amoureux, fantasque, trublion, engagé jusqu'à la moelle, tempétueux. Mais la mayonnaise ne prend jamais vraiment.
Peut-être parce que la comédienne en face de lui (Stacy Martin) manque de présence. Les interviews de Garrel et Hazanavicius soulignent les désaccords qu'ils ont eus dans la lecture du personnage. Et cela affecte cruellement le résultat à l'écran.
LE CHATEAU DE VERRE
Réalisé par Destin Daniel Cretton. Etats Unis. Drame. 2h08 (Sortie le 27 septmbre 2017). Avec Brie Larson, Woody Harrelson, Naomi Watts, Max Greenfield, Josh Caras, Sarah Snook, Brigette Lundy-Paine et Ella Anderson.
L'histoire un peu longuette d'un couple hors du commun, libre, anti système, qui fit le choix de toujours rester en marge de la société.
Deux esprits un rien illuminés ayant fait le choix d'une vie de bohème, des rêves utopistes plein la tête. Leurs enfants en feront les frais au point de mesurer à l'adolescence l'urgence vitale de fuir le carcan familial.
Naomi Watts et Woody Harrelson campent parfaitement bien les deux louftingues. Le reste du casting s'avère moins convaincant. Et trop de flashbacks tue le flashback pour une production au final assez décousue.
Vents d'Orage |