Spectacle conçu et mis en scène par Romeo Castellucci d'après l'oeuvre de Alexis de Tocqueville, avec Olivia Corsini, Giulia Perelli, Gloria Dorliguzzo, Evelin Facchini, Stefania Tansini, Sophia Danae Vorvila et un ensemble de danseuses composé de Sara Bertholon, Marion Peuta, Maria Danilova, Flavie Hennion, Fabiana Gabanini, Juliette Morel, Adèle Borde, Flora Rogeboz, Ambre Duband, Azusa Takeuchi, Stéphanie Bayle et Marie Tassin.
Aucun créateur ne peut être toujours, sur la durée, au sommet de son art, notamment s'agissant d'un art essentiellement plasticien, sans qu'apparaissent des recyclages, même positivés par la qualification de récurrences, creusant le même sillon obsessionnel à la faveur d'une thématique théologique.
Thématique à nouveau ressassée par Romeo Castellucci dans son dernier opus en date, dont le titre, "Democracy in America", ne laisse cependant pas augurer, et qui déçoit, résistant, sans doute,à l'entendement du commun des mortels tout en laissant à envisager que son meilleur est peut-être derrière lui.
D'autant que, à défaut dudit titre, puis, sur scène, de la fastidieuse énumération des dates des batailles et des textes fondateurs de la confédération étasunienne, rien n'évoque l'argument annoncé comme une réflexion constructive librement inspirée de l'ouvrage éponyme de Alexis de Tocqueville penseur du 19ème siècle considéré comme le théoricien de la démocratie.
L'essentiel de la partition étique écrite par Claudia Castellucci et Romeo Castellucci propose essentiellement une déclinaison "iconoclaste", symétrique du genre dramatique du mystère, d'un célèbre épisode biblique, celui du sacrifice d'Isaac demandé par Dieu à son père Abraham comme preuve de sa foi et auquel il souscrit jusqu'à ce que sa main soit arrêtée pour y substituer celui d'un bélier.
En l'espèce, inspiré d'un fait réel, au bord de la famine, un couple de fermiers vêtus comme des Amish (Olivia Corsini et Giulia Perelli) s'en remettent à Dieu pour leur venir en aide.
Face au silence de l'Eternel, celui "qui est", la femme va vendre sa fille pour acheter des outils et des semences afin de survivre et sauver son puîné. Rien, ni personne, ne s'interposera. Et surtout pas Dieu "matérialisé" par un spectaculaire artefact de science-fiction qui donne lieu à une déroutante et saisissante scène conclusive.
Toutefois, le spectateur plein de bonne volonté, qui aura déjà perdu son latin entre la glossolalie des prêcheurs anabaptistes et le dialogue de deux natives amérindiens en langue ojibwé, comprendra que Dieu n'est pas mort, abandonnant les hommes, puisqu'il n'a jamais existé.