Après "Balenciaga, l’oeuvre au noir" et "Costumes espagnols, entre ombre et lumière",
le Palais Galliera clot son triptyque muséal espagnol avec "Fortuny, un Espagnol à Venise"
consacrée au peintre, coutirier, designer et scénographe Mariano Fortuny y Madrazo (1871-1949)
Organisée avec la participation du Museo del Traje à Madrid et du Museo Fortuny à Venise, l'exposition a été conçue par Sophie Grossiord, conservateur général au Palais Galliera, assistée de Christian Gros, attaché de conservation, la monstration très documentée quant aux processus de création et d'élaboration des pièces et
didactique avec d enombreux cartels explicatifs.
Scénographiée par Béatrice Abonyi, responsable de la muséographie et de la scénographie à Paris Musées, elle se déploie dans les pièces de réception de ce palais néo-renaissance au gré de vitrines à l'élégance sobre parfois parées d'une frise de motifs puisés dans le répertoire du couturier en symbiose avec ses murs rouge sombre et ses boiseries noires
qui invite à une immersion dans le calme, le luxe et la volupté.
Fortuny
le magicien de Venise
Au début du 20ème siècle, se développe la vogue de l'héllénisme, et plus particulièrement la vogue crétoise liée à la médiatisation des explorations archéologiques menées das les Cyclades à la recherche de la Grèce des origines, thème de l'exposition "La Grèce des origines, entre rêve et archéologie" en 2015 au Musée d’Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, et la découverte de la richesse de
l'art égéen.
La "crétomanie" va investir les arts du spectacle, les arts décoratifs ainsi que la mode avec les collections de Margerite Vionnet et Jeanne Lanvin.
Elle inspire Mariano Fortuny y Madrazon, issu d'une riche famille espagnole, artiste lui-même, esthète et collectionneur, qui va proposer aux femmes argentées, aristocrates, grandes bourgeoises et stars, des intemporels venus du fond des âges et des tenues de rêve par leur matière soyeuse et chatoyante, leur coupe fluide qui libère le corps, leurs coloris délicats et leurs imprimés exquis.
Installé à Venise avec son épouse et muse Henriette Nigrin dans un palais venicio-gothique, le Palazzo Pesaro degli Orfei, qui deviendra le Palais, puis le Musée Fortuny, il en fait sa résidence, son atelier et un de ses trois "show rooms" avec Paris et New York dans lequel se précipe l'élite cosmopolite.
Il y développe une innovation technique "l'étoffe plissée ondulée" indéformable qu'il fait breveter
et
deux créations-signature.
En 1906, le châle "Knossos" en voile de soie imprimée de motifs, notamment marins, inspirés de la céramique crétoise de Camarès et, en 1909, la robe en soie plissée "Delphos" inspirée des tuniques arachnéennes en lin finement lissé de la Grèce telles que représentées sur la statuaire antique.
Autre point fort de ses créations, les imprimés à base de poudres métalliques sur velours de soie qui font miroiter la lumière et unrépertoire de motifs conçus à partir de la réinterprétation de ceux des Cyclades mais également de la Renaissance italienne et de l'art traditionnel oriental dont sont présentés les cartons préparatoires, planches et matrices.
L'exposition se prolonge avec les créateurs inscrits "dans la mouvance de Mariano Fortuny", de son temps avec la française Suzanne Bertillon, l'Italienne Maria Monaci Gallenga et la maison Babani qui oeuvrait dans la vogue du jamonisme, puis des couturiers cintemporains tels Issey Miyake et Valentino.
Une belle invitation au voyage vers Venise et l'antre de celui surnommé "le magicien de Venise". |