Spectacle équestre conçu, mis en scène et scénographié par Bartabas.
Obscurité. Silence. Des bruits d’animaux parviennent puis soudain, dans les premiers rayons rasants du jour qui se lève, une douzaine de chevaux qui s’ébattent. Au son d’une flûte, ils se rencontrent, se groupent ou restent seuls.
Et puis, ils disparaissent. Emmenés par quelques "ombres" (des hommes et des femmes en noir, les cheveux dissimulés sous un bonnet, tels des lutins) qui, le sifflet à la bouche, les guident vers la sortie.
On traverse la campagne, un cheval de trait passe. Puis la mer. Le silence se remplit de cris de mouettes et un grand cheval blanc court soudain sur une plage. Assis tout autour de la piste, des "ombres" inclinent de grands tamis de sable qui font entendre le bruit des vagues. Plus tard, un cheval de labour accueille une brochette de colombes sur son dos.
Impressionnantes entrées de couloirs à peine éclairés de lentes processions ou d’échevelées cavalcades. Pour "Ex Anima", annoncé comme son dernier spectacle, Bartabas a souhaité rendre toute sa place à la nature et laisser toute la scène aux chevaux.
Loin du joyeux "Calacas" ou du sombre "On achève bien les anges", ses derniers opus, il retrouve avec "Ex Anima", spectacle apaisé, une sobriété exemplaire, centrant tout le programme autour des ses fidèles équidés. Ils sont une trentaine à participer au spectacle.
Seule la lancinante musique, jouée du haut des gradins par un quatuor de musiciens dirigés par François Marillier, aux influences tantôt indienne ou asiatique, ou bien les cris d’animaux rythment ce ballet composé de séquences intenses, étonnantes ou simplement splendides. Bartabas, à l’apogée de son art, laisse de son travail une impression de perfection.
Il y a l’image choc des ses chevaux aux masques à gaz au dessus d’une épaisse fumée, image de la pollution grandissante du monde. Il y a des chevaux morts aux champs de bataille, les quatre fers en l’air. Il y a aussi le dieu cheval auquel les hommes viennent un par un faire des offrandes.
A la fin, le cheval s’endort et monte au ciel, au paradis des chevaux. Puis le cycle de la vie redémarre avec des jeunes poulains gambadants avec jubilation. Comme si le flambeau passait aux jeunes générations…
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