Performance fimlmique d'après l'oeuvre éponyme de Bo Hansen et le film de Thomas Vinterberg et Mogens Rukov, mise en scène de Cyril Teste, avec Estelle André, Vincent Berger, Hervé Blanc, Sandy Boizard (en alternance Marion Pellissier), Sophie Cattani, Bénédicte Guilbert, Mathias Labelle, Danièle Léon, Xavier Maly, Lou Martin-Fernet, Ludovic Molière, Catherine Morlot, Anthony Paliotti, Pierre Timaitre et Gérald Weingand.
Dans la une grande famille bourgeoise, il y a la grand-mère illuminée (Danièle Léon), la mère épouse soumise (Catherine Morlot), le frère aîné belliqueux et violent (Anthony Paliotti), la fille hypersensible (Sophie Cattani) et le fils en quête de résilience (Mathias Labelle) qui, peu après le suicide de la jumelle de celui-ci, se retrouvent pour célébrer l'anniversaire du père pater familias dominateur (Hervé Blanc).
Telle est la situation de "Festen" issue du scénario écrit par Mogens Rukov et Thomas Vinterberg pour le film éponyme réalisé par ce dernier, un des co-fondateurs du mouvement Dogme95, récompensé en 1998 par le Prix spécial du jury du Festival de Cannes et devenu culte comme l'un des opus phare dudit dogme, qui décline les thèmes classiques de la violence intra-familiale et le dévoilement du secret de famille et que met en scène Cyril Teste dans la veine de son précédent spectacle "Nobody" en hybridant théâtre et cinéma.
Le recours à la vidéo dans le théâtre n’est certes pas nouveau. Né dans les années 1970 avec le précurseur Frank Castorf, il est toujours pratiqué de manière récurrente par les metteurs en scène contemporains majeurs dont, entre autres, Krzysztof Warlikoswki et Ivo von Hove.
Toutefois Cyril Teste s'en réfère au défunt Dogme 95 en s'arc-boutant sur l'épiphénomène de la nouvelle vague danoise qui, hors de son impact médiatique inital n'a guère eu d'impact significatif, et les dix commandements du "voeu de chasteté" danois prônant un ascétisme cinématographique en termes de moyens esthétiques et de sobriété formelle pour revenir à une authenticité naturaliste et opposer l’illusion réaliste dans le cadre d'une opposition au film d’illusion spectaculaire hollywoodien. Ainsi a-t-il conceptualisé sa "Charte de la performance filmique" ordonnée autour de règles présidant à un "théâtre en train de se faire" avec des images tournées et mixées en temps réel qui ni au fond ni en la forme ne s'inscrit dans cet héritage dogmatique. Car le spectacle proposé, une narration en quatre actes qualifiés de chapitres, se présente comme une grosse machine technologique, au demeurant maîtrisée, qui ne laisse pas place à l'improvisation car précisément écrit. Cela étant, il appartient à chacun d'apprécier la pertinence du procédé et la valeur ajoutée de la projection continue d'images qui superpose à la vision d'ensemble panoramique les effets cinétiques du hors champ et, surtout, du zoom, tout comme l'effet déréalisant de la sonorisation des officiants.
Dans un décor de salle à manger cossue aux cimaises latérales amovibles pour dégager deux autres espaces scéniques élaboré par Valérie Grall surplombé d'un écran géant, le spectacteur pourra apprécier le jeu sensible tout en humeurs et émotions des acteurs dirigés au cordeau par Cyril Teste - avec une mention spéciale Mathias Labelle entre douleur, folie et onirisme - qui réussit à créer, nonobstant, en grande proximité avec ceux-ci, la présence invasive et quasi continue de deux cameramans sur le plateau, une atmosphère aussi immersive que délétère qui sied à ce drame familial. |