1500 kilomètres et autant de cafés avalés, l'équipe Froggy arrive enfin en terre inconnue, quoique balisée par des hordes de jeunes stoners venus de toute l'Europe se dépoussiérer les tympans pendant quatre jours.
Benicassim se fait belle donc, chaude et humide, prête à accueillir les 100 000 personnes attendues pour le FIB 2005.
Première journée de festival, l'espagnol Xoel Lopez alias Deluxe prend place sur la grande scène. Il ne paye pas de mine avec sa coupe bien sage et se petites lunettes cerclées, mais il va offrir de la pop entraînante aux mélodies efficaces à défaut d'être originales.
Le public à majorité espagnole est derrière son compatriote et apprécie ses ritournelles pop, les meilleures étant toutefois celles chantées en anglais…
Mélodies sucrées à la sauce pop, le tout manque hélas d'un brin de piquant, mais est-ce là l'essentiel ? Xoel, sosie de John Lennon à s'y méprendre, sait motiver les foules venues en masse. Il faut dire qu'être artiste ibérique à Benicassim se révèle être un sacré avantage!
Autant le dire d'entrée de jeu, la programmation du FIB 2005 fait dans le revival et tente le pari du coming back pour la majeure partie des groupes présents à Benicassim.
Premier dinosaure, et pas des moindres : The Posies, déclarés morts, mais toujours vivants. Le groupe de Seattle reste avec REM l'un des derniers groupes indé US rescapé du naufrage des années 80.
L'ADN recyclé et le chromosome XX Ken Stringfellow / John Auer enfin réuni, The Posies livre ce soir une prestation unique, une claque sonore. En bref une leçon.
Pari risqué que d'attaquer le show avec l'ensemble des titres du dernier album Every Kind of light….
Et pourtant, l'alchimie s'immisce dans les rangs.
Troublant duo que celui de The Posies…
John Auer gras comme un Robert Smith à la voix fluette, et Ken Stringfellow, véritable réincarnation du Jack Nicholson de Shining, pratiquent une power pop sans bactéries.
Prenant le temps d'un arpège mélodique ("Conversations") pour calmer la foule, balancer un "Dream all day" devenu depuis grand classique du rock 90'…Et enfin un "I guess you're right" comme une explosion… Attention, groupe dangereux. Et première surprise d'un festival qui en comporte bien d'autres…
Un groupe atypique, justement, The Polyphonic Spree, qui semble ce soir semble attendu comme le messie.
Composé de 23 musiciens (chant, guitare, cuivres, chœur, cordes, clavier, harpe) tous habillé de longues tuniques, le groupe, ou plutôt la communauté, se veut vecteur de joie, d'amour et d'optimisme. La bande à Tom Delaughter ne cherche pas sa voie…
Très flower power, The Polyphonic Spree parvient contre toute attente à combler et ensorceler un public à priori dans l'expectative devant tant de bonheur et d'harmonie. Ainsi à force de nous répéter sur tous les tons (forcément puisque c'est polyphonic) "Hey, it's the sun and it makes me shine" et cela pendant près de 15 minutes, cela fait son petit effet.
Flirtant allègrement avec le kitsch, le spectateur cherche le degré d'humour de ce groupe à la limite du rock new age… On se retrouve subitement en plein milieu de la comédie musicale Hair. Même si musicalement, à la longue, le tout est un peu lassant, on finit par sentir un sentiment d'allégresse nous traverser.
La foule en délire apprécie le très Mc Cartney "Hold me now", et au bout du compte, apprécie la cure d'optimisme. Un concert de The Polyphonic Spree coûte moins cher que du prozac finalement…
Dernière tête d'affiche de cette première journée, The Tears, ici en promotion pour la sortie de Here come the tears, premier opus célébrant la célèbre réunion de Brett Anderson et Bernard Butler.
Soit les deux têtes pensantes et chantantes du mythique groupe Suède.
Pour un résultat hélas très décevant et bien en dessous du niveau de l'album.
Public statique, extatique et mélodies bien moins accrocheuses que celles de "Trash" ou "Lazy" distillées du temps de Suede. Pourquoi diantre avoir changé de nom et vendu son âme ?
La reformation sent hélas le coup marketing à plein nez, le hit "Lovers" et la belle gueule de Brett le brit' n'y changeront rien….
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