Deuxième jour déjà, et le festival de Benicassim affiche de fortes ambitions, puisque ce sont près de 35 000 personnes qui sont aujourd'hui attendues pour transpirer ensemble. Les jupes sont courtes et les regards en disent long sur la soirée qui s'annonce…
Histoire de calmer les esprits, rien de mieux pour commencer qu'une petite douche de folk baba distillée par Devendra Banhart et ses acolytes tout droit sorti d'"Almost Famous" de Cameron Crowe.
Look psyché hippie et lunettes noires de circonstances (Ndlr : Pour cacher les yeux rouges ?), la bande à Devendra parvient à capter le public avec sa musique faite de blues et de mélodies gitanes.
Aussi divertissant pour les oreilles ("At the hop" et ses chœurs subtils) que pour les yeux (Des looks de has been en tongs), leur musique se savoure note par note, en dépit de l'heure matinale (17h30 du matin quand même…). Non dénués d'humour, les compères de Devendra iront même jusqu'à le taquiner sur ses "chicken legs"…
Il est vrai que son physique semble aussi fin que ses compositions, sensuelles et mélancoliques. Jeff Buckley du Delta Blues, Devendra Banhart transpire la sincérité et l'émotion, et convertit surement la majeure partie de l'assistance au blues avec des titres comme "Ribbon"…
Le temps de souffler et de recharger les batteries, The Kills envahit la scène Fiberfib pour un tout autre type de spectacle.
Exit les blousons en cuir et la moiteur du concert de la cigale en juin dernier, W et Hotel sont ici en petites tenues.Mais en grande forme.
Sans grande surprise toutefois, puisque ce sont avant tout les titres de No wow qui sont ici passés au crible. "The good ones", "Dead road 7", "Sweet cloud" et "Murdermile" sont bien évidemment passes à la moulinette et à la mitraillette avec succès.
Hotel, comme à son habitude, joue à l'homme orchestre. Le garçon est capable de jouer simultanément lignes de basses et riffs de guitare, le tout sans médiator s'il vous plait…
Quant à W, véritable lionne en cage, prête à bondir au premier sursaut…
La force sexuelle du duo fonctionne hélas un peu moins bien que lors de leur passage à la Cigale en juin. La faute à une mauvaise programmation (20h) sur une mauvaise scène pour the Kills qui ne sera de toute manière jamais un groupe de stade….
Passons l'énigme d'Athlete, groupe anglo-saxon venu défendre son album Tourist…
Aussi mou qu'une glace au soleil, le groupe s'ennuie et nous aussi. Athlete sent donc le faux départ et s'essouffle…
Heureusement, se produit à quelques pas de là, sous la tente de l'Escenario FIB Club, Joseph Arthur.
Le public encore peu nombreux ne demande pourtant qu'à s'étoffer.Peu importe, Joseph Arthur arrive, seul, habillé d'un complet d'un vert du meilleur goût et se place face au micro entouré de pédales, clavier et autres racks.
En bandoulière, il porte sa guitare acoustique décorée par ses dessins à la manière des pochettes de ses albums. Seul ne veut pas forcément dire monophonic. Ainsi grâce à ses petits boîtiers magiques il va superposer rythmes et mélodies afin de créer un ensemble à lui tout seul.
Sur "Can't exist", il donne l'assise du morceau en tapant et grattant sur sa guitare, puis enregistre des chœurs qui seront en toile de fond du morceau et sur "Honey and the moon" (Redemption's Son) il distille ses arpèges pour soutenir sa voix cassée.
Le gars traîne son côté folk man-bricolo-dépréssif et communique peu depuis sa bulle sonore. Mais qu'importe on l'écoute comme on regarderait un peintre réaliser son tableau, avec respect et admiration. Plein de ressources il peut aussi bien prodiguer des ballades aux mélodies impeccables, que se lancer dans des improvisations sonores autistes ou qu'armé d'un harmonica interpréter une chanson folk classique de derrière les fagauds.
Tel un ovni musical, il est reparti comme il est venu sans faire trop de bruit. Mais s'est il s'est rendu compte de notre présence ?
Après un petit détour à un des nombreux bars desquels coulent à flot une boisson alcoolisée, sponsor officiel du festival, retour sur la scène FIB Club pour un brin d'électro avec Four Tet, groupe tenu de main de maître par son unique membre, Kieran Hebden.
Une platine, des vinyles et un scratch en bandoulière, le DJ surprend son monde avec un set abrasif et résolument heavy, délaissant les mélodies qui ont fait le charme de son avant dernier album, Rounds.
Le beat est bon et intimiste sur "Joy", mais la sauce semble ne pas prendre. Tout le contraire du concert de Peaches joué simultanément deux tentes plus loin. Il faut dire qu'en masturbant son micro entouré de 2 mannequins portant des godes ceintures, la diva canadienne relève la barre…..Tout est donc question de profondeur.
Et puis l'attraction de la soirée, la raison pour laquelle le public a afflué des quatre coins de l'Espagne, de l'Europe voire du Monde (là, j'exagère peut-être un peu). J'ai nommé évidemment The Cure.
30 ans ! 30 ans que ça dure. Le succès ne s'est jamais démenti et Robert Smith n'a pas bougé d'un iota (enfin presque). Bien sûr, on peut toujours gloser sur le fait qu'à son âge, le maquillage, les vêtements noirs et la coupe ébouriffée, ça fait peut être un peu too much mais c'est quand même sa marque de fabrique au même titre que sa musique.
C'est la plus grosse journée du festival en terme d'affluence notamment grâce aux curistes qui se déplacent toujours pour voir Saint Robert prodiguer la bonne parole gothico-new-wave.
Et ils ne vont pas être déçus car en deux heures de temps, Cure ravira tout son public enchaînant sans temps mort ses chansons.
Le concert démarre avec open ("Wish"), suivront entre autre fasination street et disintegration ("Disintegration"), "Shake dog shake" (The Top); "A letter to Elise", "From the Edge of the Deep Green sea" et pour finir "End" (toujours tiré de Wish)
Les non curistes y trouvent quand même leur compte puisque les tubes ne sont pas oubliés ("Lullaby", "Just like heaven"). Robert ne semble tout de même pas si concerné que ça et offre un show pro mais assez distancié.
L'unique rappel sera composé de "Friday I'm in love" et "Boys don't cry", ce qui provoquera un échauffement rapide de la température dans la foule.
>>> La conférence de presse de Robert Smith
Pas la peine d'aller bien loin puisque sur la même scène arrive (enfin le temps de démonter et remonter le matériel !) le clou du spectacle, et artiste de poids, Basement Jaxx.
On les attendait au virage électronique, et les voila qui jouent la carte du festif et de l'entertainment…pour un public forcément comblé.
Reprenant la majorité des titres phares de leur carrière, les Basement Jaxx enchaînent les tubes : "Where's Your Head At?", "Romeo", "Bingo Bango" ou "Jump N' Shout"….
Les titres se suivent et les chanteuses ne se ressemblent pas.
Les donzelles pèsent lourd dans la balance, ce défilée de "mamas" éduquées à coup de soul et de Rythm & Blues a de quoi surprendre les plus réfractaires… Et l'équipe de Froggy de reprendre en cœur le refrain de "Good luck"…..La bonne surprise de cette deuxième journée.
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