Fête Foraine
(Microcultures Records) novembre 2017
"I get tired of living / Or maybe I’m just tired of who I am/Failure blows away all your childish plans / But thank you for making me beg / Now I’d like to get out of my head" ("Thank you for making me beg")
"It’s the End of some fear, I’m a stranger to this life, things are changing all around here" ("End of some fear")
En 1996, Internet n’existait pas. Quand tu habitais à Charleville-Mézières, les liens avec les musiques undergrounds étaient plutôt ténus. Les disques, nous allions surtout les acheter à la Fnac à Reims et nous les découvrions via les Inrockuptibles, Magic ou la radio et plus particulièrement l’émission de Bernard Lenoir. C’est comme cela que j’ai découvert The Apartments. Je crois que j’ai adoré le groupe dès la première écoute. Comment ne pas succomber à la voix de Peter Milton Walsh, à l’élégance, la profondeur de son écriture et des arrangements surtout quand on place dans son panthéon des musiciens comme The Go-Betweens, groupe ami en provenance d’Australie ou The Auteurs ? Il me fallait tout écouter.
Je me souviens du chemin de croix que fut l’achat de Drift (qui était sorti 1993) et A Life Full Of Farewells (1995). Ecoute en boucles, larmes, ataraxie... Dégoter The Evening Visits… And Stays For Years (1985) semblait impossible et je ne parle même pas de ce Fête Foraine (dix chansons publiées sur ses disques antérieurs mais livrées dans des versions acoustiques et dénudées et enregistrées avec Peter Milton Walsh au chant et à la guitare, Chris Abrahams au piano et Miroslav Bukovsky à la trompette et au bugle), édité à l’époque à seulement 3.000 exemplaires et uniquement disponibles via mail-order. Sa recherche se transforma quelque temps en véritable quête du graal. Comme cette musique ne mérite pas d’être écoutée qu’autrement que sur disque, il n’était pas question de se la procurer via MP3 ou Streaming. Plutôt rien et tant pis.
Les temps ont changé, on peut quasiment tout écouter sans quitter son fauteuil mais vous imaginez mon bonheur à l’annonce de la réédition de ce disque via Microcultures (avec une remasterisation par Don Bartley, déjà à l’œuvre sur le disque original, des photos inédites de Bleddyn Butcher (photographe pour Nick Cave...) et un superbe artwork retravaillé à partir de la pochette originale par Pascal Blua).
Dès les premières notes de "What’s the morning for", la magie opère, forcément. Comment en pourrait-il en être autrement ? L’émotion est là palpable, entre chaque note, entre chaque mot. Les versions sont certes plus dépouillées mais la musique n’y perd nullement. La formation guitare-voix-piano va parfaitement à l’écriture de l’Australien (certains titres comme "Thank You For making Me Beg", "Knowing you were loved", "Not Every Clown Can Be In The Circus", "End Of Some Fear" (avec sa citation à Erik Satie) y gagnent même presque au passage). Ressortir ce Fête Foraine, c’est plus que lui redonner une seconde jeunesse, c’est permettre à tous ceux qui ne connaissent pas cette magnifique musique de la découvrir. Alors un grand merci à Microcultures...
44 minutes d’un immense enchantement, pour un disque qui sonne, semblablement à l’intégralité de la discographie du groupe, comme un chef-d’œuvre.
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