Anna Kasyan est l'une des sopranos françaises les plus prometteuses de sa génération. Bien qu’excellente belcantiste (elle a remporté la troisième édition du concours Bellini en 2013), elle ne s’arrête pas à ce genre et possède un très large répertoire allant de l’opéra à la musique sacrée, la musique de chambre, du baroque au contemporain. Elle a joué sur les plus grandes scènes (Novaya Opera de Moscou, Teatro dell’Opera di Roma, Royal Danish Opera de Copenhage, Maggio Musicale Fiorentino, l’Opéra de Toulon) et sous la direction de chefs comme Kent Nagano, Riccardo Mutti, Roberto Abbado, Giuliano Carella, Marco Guirarini ou Teodor Curenntzis avec qui elle entretient une longue collaboration artistique). Le choix des cantates pour voix solo et continuo d’Haendel n’a rien de surprenant tellement il lui permet d'exposer toute sa virtuosité, sa palette d’expressions : l’amour, l’allégresse comme la nostalgie ou la souffrance. Toutes ces nuances d'amour…
Les cantates interprétées ici datent du séjour italien de Haendel dans la première décennie du XVIIIe siècle. Des cantates écrites aussi bien pour des mécènes Romains (le cardinal Pietro Ottoboni, le prince Francesco Maria…), Vénitien ou Napolitain. A cette époque, les rôles féminins étaient le plus souvent joués par les castrats, rares étaient les cantatrices qui pouvaient les interpréter. Margherita Durastanti, la "prima donna" étaient de celles-là et avec ces interprétations étincelantes Anna Kasyan en est la digne descendante.
Ce sont les mouvements de l’âme, les affects qui sont mis en jeux ici par Haendel. Le compositeur allemand articule sa musique autour des passions (amour, haine, devoirs) et compose ses cantates autour de thèmes mélangeant histoire et mythologie. Anna Kasyan y est totalement à son aise (aidé également en cela par Jory Vinikour au clavecin, Jorge Jimenez et Anastasia Shapoval aux violons, Michel Renard à l’alto et Ophélie Gaillard au violoncelle) et met sa très belle technique au service d’une interprétation pleine de subtilité. |