La faute de l’orthographe est un petit livre adapté d’une pièce de spectacle, la convivialité, crée en septembre 2016 au Théâtre National Wallonie-Bruxelles par la compagnie Chantal & Bernadette. Cette pièce sera en tournée en France en 2018.
Le livre, lui, est le fruit du travail de trois personnes : Arnaud Hoedt, professeur de français à Bruxelles qui a étudié la linguistique, Jérôme Piron, professeur de religion catholique dans la même école et Kevin Batagne designer et dessinateur de BD. Ils traitent de l’orthographe en partant du postulat que celle-ci est un dogme. En mêlant texte, illustrations et bande dessinée, ils s’autorisent un regard critique sur l’orthographe en permettant de s’interroger avec humour sur la manière dont savoir et langage construisent la discrimination sociale.
Ils nous montrent que l’orthographe n’est pas une et indivisible, mais le résultat d’une histoire chaotique que les linguistes redécouvrent. Les exemples sont nombreux, pertinents et très intéressants. Le mot nénufar, par exemple, qui vient de l’ancien arabe, qu’un académicien a confondu avec nymphéa au début du siècle en lui rajoutant un ph.
On apprend plein de choses dans ce livre. Pourquoi écrit-on confiture de groseilles avec un s et gelée de groseille sans s. Cela dépend en fait du temps de cuisson. Pourquoi a-t-on des pluriels en x et d’autres en s. On comprend alors que l’orthographe a une histoire qui est l’objet d’une partie dans le livre, que Molière et Montaigne avait une orthographe qui variait et qu’aujourd’hui plus personne ne lit Molière dans l’orthographe de Molière. On constate alors qu’il ne faut pas confondre l’orthographe et la langue.
Une partie très rigolote est consacrée au fait de savoir qu’est ce qui fait qu’une faute est plus grave qu’une autre, une autre sur le poids qu’elle prend dans notre héritage, et une dernière, sous la forme d’une BD qi s’interroge sur le niveau qui baisse. "Omar m’a tuer écrit sur une porte" a plus de conséquences qu’un tatouage "j’étais bouré" sur un avant-bras.
Car oui, l’orthographe est un sujet qui déchaîne les passions en France, qui est aussi un vrai casse-tête, sans aucune logique. On s’amuse autant que l’on s’interroge sur notre attachement à cette orthographe, adoration pour les uns, chemin de croix pour les autres. Tous le monde a un avis sur la question alors qu’il ne s’agit peut-être que d’un malentendu.
Comme le disent si bien les auteurs de livre, en France on juge souvent notre orthographe mais on ne juge jamais l’orthographe ! Tel pourrait être le résumé de ce charmant petit livre qui se lit avec délectation. |