Comédie dramatique de Jean-Louis Bauer et Elisabeth Bouchaud, mise en scène de Bernadette Le Saché, avec Sabine Haudepin, Elisabeth Bouchaud et Karim Kadjar.
Dans le cadre du centcinquantième anniversaire de la naissance de la physicienne Marie Curie, première femme attributaire d'un Prix Nobel, Jean-Louis Bauer et Elisabeth Bouchaud ont conçu une partition qui ressort au biopic théâtral.
En effet, elle retrace la période de sa vie quand, après le décès accidentel en 1906 de son mari Pierre Curie avec lequel elle a reçu le Prix Nobel de physique, elle poursuit leurs recherches sur le radium en tentant de continuer sa vie de femme.
D'autant qu'elle tombe amoureuse du physicien Paul Langevin à la conjugalité tumultueuse avec lequel elle a une liaison qui va susciter une cabale contre la scientifique d'origine polonaise qui, malgré sa renommée, est ravalée au rang d'étrangère à la présence non désirée.
Sous un titre, "Le Paradoxe des jumeaux" qui se rapporte au raisonnement analogique utilisée par celui-ci pour illustrer la théorie de la relativité sur laquelle il travaille ainsi que l'état paradoxal de Marie Curie induit par le fait qu'il est un homme de son proche entourage qui fut l'élève de son mari, les co-auteurs ont réussi la combinaison harmonieuse des éléments factuels et documentaires basés sur la réalité historique, la vulgarisation scientifique et la fiction romanesque pour cerner le drame intime.
De plus, et de manière cohérente, l'opus aborde en filigrane de nombreux thèmes comme la place des femmes à une époque où le monde scientifique est exclusivement masculin, la xénophobie française atavique, la rigueur morale à géométrie variable du début du 20ème siècle et le déchirement personnel entre l'intégration dans le pays d'accueil et la fidélité au pays de naissance.
A la mise en scène, Bernadette Le Saché en gère avec sagacité, la dualité intrinsèque de manière classique tout en twistant sa facture classique en instillant une dimension onirique, voire fantastique, qui n'est pas incongrue dès lors que les Curie, savant rationnels, s'intéressaient néanmoins aux phénomènes psychiques et pratiquaient le spiritisme.
Dans un sobre décor de laboratoire réalisé par Juliette Azémar, avec en intermède des images d'archives montrant la danseuse Loïe Fuller qui avait créé une "Danse du radium" nonobstant le refus des Curie à la confection d'un costume phosphorescent au radium, se croisent trois personnages.
Un homme, Paul Langevin campé efficacement par Karim Kadjar, amant opportuniste en quête, entre autres, de la reconnaissance qu'il ne trouve pas dans son foyer. Et deux femmes incarnées par des comédiennes qui assurent parfaitement la représentation d'émotions intimes souvent douloureuses.
Ainsi Elisabeth Bouchaud apporte une belle sensibilité tourmentée à la figure exemplaire d'intellectuelle engagée de Marie Curie et, dans le rôle de la soeur aînée, Sabine Haudepin interprète de manière émérite l'indéfectible soutien sororal. |