Monologue dramatique écrit et interprété par Charles Gonzalès.
Charles Gonzalès, comédien fascinant à l'adlmirable technique a élaboré un triptyque sous le titre générique "Charles Gonzalès devient..." dans lequel il évoque, invoque et convoque, par la transcendance de la figure médiumnique que peut être l'acteur, l'esprit de femmes au destin singulier qui en font des personnages dramatiques : Thérèse d'Avila, Sarah Kane... et Camille Claudel.
"Charles Gonzalès devient Camille Claudel", conçu à partir de la correspondance de Camille Claudel, et notamment les lettres écrites durant son internement, est une ode à la folie, la folie de l’artiste, qui est la manifestation de son génie, et la folie de la femme exaltée, internée par les siens, sa propre famille, abusée par celui qu’elle aime, Rodin, qui deviendra le haï monsieur R.
Sous de belles lumières de Mohamed Maaratié en adéquation avec l'obscurité qui va s'abattre sur la conscience, de l'atelier à l'asile, l'exigüe scène symbolise bien tant la chambre cellulaire que le grand dénuement non seulement matériel mais également psychique dans lequel Mademoiselle Claudel est reléguée jusqu'à la régression ultime.
Le corps transformé, dans cette asexualité de ceux qui ne sont rejetés dans l'oubli, les modulations de la voix qui se coule dans les suppliques comme dans les vitupérations délirantes, l'interprétation de Charles Gonzalès ressort à l'incarnation.
Une incarnation subtile et bouleversante de la souffrance existentielle et psychique d'une femme dont les écrits, de lumières en ténèbres, délivrent un chant désespéré. Il donne son corps, sa voix, son talent théâtral, son être entier à la disposition de cette métempsychose temporaire.
Qu'ajouter de plus qui ne relèverait de la dithyrambe ? La prestation est donc tout simplement exceptionnelle. |