Montage de pièces courtes de de Georges Courteline, Georges Feydeau et Sacha Guitry, mise en scène de Mélisande Guessoum et Jacques Mornas, avec Gilles Bugeaud, Mélisande Guessoum, Arnaud Pontois-Blachère et Marine Tonnelier.
Le couple, thème théâtral par excellence comme miroir tant de l'intime que des moeurs du temps, se décline de manière récurrente sous la plume des grands auteurs du théâtre de boulevard de la Belle Epoque qui excellent dans le registre du pugilat matrimonial.
Ainsi en est-il de Georges Courteline avec "La Peur des coups", avec le mari jaloux mais pleutre face à une épouse coquette et provocatrice, et "Les Boulingrin", spécialistes de la scène de ménage érigée en rituel, Georges Feydeau avec une variation cocasse autour du bain, la bonne et moi ("Un bain de ménage") et Sacha Guitry et sa version badine du suicide des amants ("Le Kwtz") que la Compagnie Temporalia présente sous la forme d'un "Concerto de passions".
Imbriquant les différentes intrigues façon patchwork et y instillant des intermèdes musicaux éclectiques, de l'electro swing de Gotan Project aux espagnolades argentines de Guy Marchand, dont le fameux "La Pasionata" en passant par l'inoxydable "Paroles, Paroles", elle dépoussière également les partitions en s'affranchissant de l'image désuète du couple étriqué de la petite bourgeoisie pour y substituer le couple truculent qui pimente sa vie conjugale de jeux de rôles égrillards d'autant plus "olé, olé" que placés sous un torride et néanmoins hilarant tropisme ibérique.
Ainsi, ce concerto se déroule dans le décor en rouge et noir de Enzo Lorio ordonné autour d'un croquignolet trophée de chasse, une tête de taureau aux naseaux écumants et aux yeux rouges clignotants, sous la houlette de Jacques Mornas et Mélisande Guessoum qui impriment un rythme crescendo virant à la folie qui fait la part belle au vaudeville parodique.
Au jeu, un émérite quatuor de comédiens-chanteurs : Mélisande Guessoum, pétulante carmencita volcanique à l'impérieux accent d'Outre-Pyrénées), Arnaud Pontois-Blachère, en hildago-toréador bravache dont la devise est "courage, fuyons !", Gilles Bugeaud, désopilant en archétype du célibataire écornifleur, et Marine Tonnelier, piquante en bonne délurée.
Assumé et efficacement assuré, le divertissement s'avère aussi plaisant que roboratif. |