Comédie dramatique de Dennis Kelly, mise en scène de Martin Legros, avec Stéphane Fauvel, Sophie Lebrun, Julien Girard, Charlotte Ravinet et Baptiste Legros.
Après "Visage de feu" du dramaturge allemand Marius von Mayenburg avec lequel il avait placé haut la barre, le Collectif La Cohue se penche, toujours dans le registre de la violence urbaine contemporaine qui constitue son coeur de cible théâtral, sur un opus de l'auteur irlandais Dennis Kelly inscrit dans la mouvance du "In-Yer-Face".
Dans "Oussama, ce héros", usant toujours d'une écriture calquée que langage parlé, et en l'espèce celui vernaculaire des quartiers populaires, Dennis Kelly opère une déclinaison du thème du bouc émissaire comme exutoire à l'angoisse générée tant par le terrorisme international que la violence atavique exacerbée dans les cités concentrationnaires.
Un ambigu et paranoïaque duo frère-soeur (Julien Girard et Sophie Lebrun) et un couple formé par une adolescente et un cinquantenaire (Charlotte Ravin et Martin Legros) constituent les protagonistes de la violence et de la barbarie ordinaire qui, dans le cadre d'incendies dans les banlieues glauques, va s'exercer à l'encontre d'un lycéen qui a eu le tort d'ériger Oussama Ben Laden en héros (Baptiste Legros).
Les comédiens campent parfaitement la détresse profonde qui anime les personnages comme ils restituent leurs frustrations, traumatismes et psychoses exprimées de manière indigente avec, comme chantait Léo Ferré, les mots des pauvres gens, hors de tout discours idéologique, comme une déflagration organique et pulsionnelle de sauvagerie.
Dommage cependant que, pour la mise en scène, Martin Legros ait cédé aux sirènes de la sur-énonciation contemporaine liée à l'utilisation de vidéo en direct, d'effets de micro, de la spectacularisation des flashs lumineux, d'un habillage musical invasif et de la boule à facettes qui impacte, en insérant une distanciation paradoxale, une partition à la force brute déflagratoire. |