Sorti lors de la rentrée littéraire de septembre 2017, L’invention des corps de Pierre Ducrozet a obtenu il y a quelques mois le prix de Flore. Jeune auteur, la trentaine dépassée, Pierre Ducrozet avait déjà écrit trois romans avant de connaître le succès avec L’invention des corps.
Dans ce roman, on suit un jeune professeur mexicain, Alvaro, surdoué de l’informatique, en cavale après les tragiques évènements d’Iguala, la nuit du 26 septembre 2014 où 43 étudiants disparurent, enlevés et assassinés par la police. Rescapés de ce massacre, il va filer vers les Etats-Unis et se réfugier à Los Angeles. Il se retrouve alors recruté par un magnat de l’informatique, Parker, installé dans la Silicon Valley qui s’est enrichi en inventant un nouveau moyen de paiement en ligne. Très vite, Alvaro découvre qu’il n’a pas été employé pour ses talents en informatique mais pour servir de cobaye pour des essais sur les cellules souches. C’est une jeune française, adèle, biologiste cellulaire, qui doit s’occuper de ces essais et prélever sur lui des cellules souches pour un projet de transhumanisme.
Parker n’a qu’une obsession, faire reculer la mort, permettre aux hommes de vieillir le plus longtemps possible, le tout grâce aux cellules souches. Il est un transhumaniste avec tout ce qu’il y a de folie avec.
Le livre nous apprend de nombreuses choses sur le corps humain, sur les expérimentations existantes à partir des cellules souches mais aussi sur l’histoire d’internet, sur les réseaux sociaux, sur les grandes entreprises mondiales présentes dans cette Silicon Valley (Facebook, Microsoft, Apple, eBay, etc). On apprend aussi d’où vient ce courant transhumaniste et comment il est apparu. Le livre nous amène à réfléchir sur la science, ses bienfaits et ses dangers.
Pas au départ très fan des romans d’anticipation, loin d’être passionné par le tranhumanisme, après avoir lu juste avant un livre parlant déjà de cela avec le dernier livre de Don DeLillo, je me suis surpris à m’intéresser à ce mouvement culturel et intellectuel qui pense que le corps humain peut se régénérer à l’infini.
Je pense quand même que la qualité d’écriture, au-delà de l’histoire, m’a aussi permis d’apprécier à sa juste valeur ce nouveau prix de flore. Il y a aussi la construction du livre qui s’avère être originale, tentaculaire, efficace et addictive, un peu comme un bon polar avec, au final, une somptueuse fin.
Ce n’est pas une invention des corps que nous propose Pierre Ducrozet mais une réinvention des corps. Réinvention des corps rendu presque possible par ces grandes sociétés richissimes qui font du tranhumanisme leur cheval de bataille.
L’invention des corps, du coup, est-il un livre de science-fiction ? On se pose réellement la question à vrai dire. L’invention des corps est-il un bon livre ? Là, on ne se pose pas la question ! C’est un excellent livre qui mérite amplement son prix de Flore.
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