Comédie dramatique de Lola Molina, mise en scène de Lélio Plotton, avec Anne-Lise Haimburger et Laurent Sauvage.
Quand une adolescente atteinte d'un "TPL" (trouble de la personnalité), rencontre un quadragénaire en crise de "TAS" (trouble affectif saisonnier), le happy end se sera pas au rendez-vous de leur romance notamment si celle-ci se déploie sous le signe d'une traque policière
En effet, Dolly la poupée qui écrit des poèmes, hybride borderline et même overline de la Lolita de Nabokov et d'Albertine Sarrazin de "L'Astragale", est impliquée dans une glauque histoire de meurtre. Vlad, le tatoueur baroudeur désenchanté au bout du rouleau tombe à pic et, surtout à genoux, devant cette gamine de 14 ans qui devient son soleil et son ange noir.
Telle est la situation avec laquelle Lola Molina décline les clichés de l'amour tragique, du road movie et de "la cavale rock et amoureuse, faite de bagnoles, de flingues et de nuits passées dehors" qui renvoient notamment aux mythes du cinéma étasunien de "Bonnie and Clyde" à "Sailor et Lula"
Composée de quelques rares scènes dialoguées et essentiellement de deux narrations parallèles, l'opus intitulé "Seasonal Affective Discorder" ressort à la pièce radiophonique, ce qui s'inscit dans le registre de la Compagnie Léla dédié à la création d'espaces d'écoutes collectives et d'installations sonores que l'auteure a co-fondé avec Lélio Plotton.
Celui-ci, qui a officié comme assistant réalisateur de fictions dramatiques pour Radio France, assure la mise en espace de ce qu'il qualifie de "hors-piste poétique, palpitant et amoureux" qui consiste en un petit écran carré sur lequel sont projetées, dans un habillage musical invasif, de dispensables images routières, de part et d'autre duquel deux intervenants officient de manière quasi-statique.
Il ne se passe rien de théâtral sur la scène entendue comme une space mental, et, le cas échéant, le spectateur peut fermer les yeux pour se concentrer sur l'écoute du texte, un texte littéraire nimbé de surréalisme, dispensé par deux "diseurs" de haut vol.
Aguerrie aux lectures radiophoniques, Anne-Lise Heimburger fascine par sa maîtrise de l'exercice même si sa voix de femme ne restitue pas une scansion juvénile.
En revanche, avec en sus l'âge du personnage, Laurent Sauvage s'avère tel qu'en lui-même, palpitant d'intériorité, avec sa diction sur une note unique à l'apparente nonchalance qui semble inventer le texte à mesure qu'il l'énonce.
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