Fergessen pourrait venir de vergessen (prononcer fergessen), from la deuchland langage, et signifier "oublier". Paradoxal surnom soulignant à la fois l’omission et les souvenirs. Constitué d’un couple, Fergessen propose un album aux sonorités électro-folk (si si, c’est possible), en gros, il y a des claviers et des guitares. Et deux voix qui soulignent que 1+1=3 of course.
En anglais et en français, femme et homme, Mickaëla et David partagent bien plus qu’un amour inconditionnel des jolis mots bien accordés aux notes. Avis aux amateurs, ils ont participé à l’émission The Voice en 2015, et la grande Zen s’est retournée. Chouette.
Intense, l’été "ne s’arrête jamais", suffirait-il de se pencher pour cueillir un petit bout de soleil, un moment chaleureux. Il faut croire que oui. A priori pas franchement transcendantal, Fergessen a ce petit quelque chose qui fait dire qu’il ne paie pas de mine, et mérite qu’on s’y penche, voire qu’on y tombe franchement. Se laisser porter par les souffles des voyelles, juste retenues au-dessus du vide par ces rythmes agréables.
Sifflements nonchalants et joyeux grelots, comme la pluie tinte sur les toiles, détrompent les propos : "Depuis toujours je pleure / quand j’entends des airs mineurs / j’aime sentir monter en moi cette humeur / laisser la vague m’emporter me recracher ailleurs". "La mélancolie" n’est pas une ode à la tristesse, mais à ce vague à l’âme liquide, une mousse légère dans laquelle il fait bon se baigner.
D’autres morceaux martèlent comme le petit troll vert déplie son sabre laser : "Tu veux la guerre / moi non / totale / fatale / létale / atomique / légale / digitale / chimique / aucune qui vaille la peine / aucune qui vaille le coup / d’avance on a tous perdu". "Tu veux la guerre" respire cet inéluctable besoin de fracasser de l’autrui qui habite chacun d’entre nous.
Le son est électronique, et c’est accompagné de cordes incisives que L’été exprime les émois et tourments humains. De l’ambigüité des situations à la dualité de nos intérieurs, le duo dresse un gigantesque tableau cousu d’une myriade d’émotions, et tout ça sans nous obliger à bouffer du quinoa insipide ou des graines de piafs.