Pour la flûtiste franco-syrienne Naïssam Jala, les termes de liberté, d’ouverture, de combat, d’authenticité, de résistance ne sont pas de vains mots. Son répertoire va du jazz contemporain à l’afrobeat, en passant par le tango ou le hip-hop, elle a joué avec Médéric Collignon, Cheikh Tidiane Seck, Mamani Keita, Kiala, Khaled Aljaramani, Ahmad Alkhatib, Brice Wassi, Hilaire Penda, Melingo... et en 2016, elle rendait hommage aux martyrs de la révolution syrienne dans son disque Almot Wala Almazala ("la mort plutôt que l’humiliation").
Si sa nouvelle formation s’appelle Al Akhareen ("les autres"), c’est donc une nouvelle fois une véritable revendication. Elle s’associe avec Mehdi Chaïb (saxophones), Alune Wade (basse), Dj Junkaz Lou (aux scratch), Arnaud Dolment (batterie) mais surtout avec le rappeur, chanteur, producteur et beatboxer (reconnu dans tout le monde arabe) palestinien Osloob pour un disque qui se veut comme un pont entre les mondes, l’envie de construire un espace commun, de tendre la main vers l’étranger.
C’est un pied de nez au racisme ambiant, aux préjugés et aux histoires guerrières, la rencontre à Beyrouth entre une fille d’immigrés Syriens née en France et d’un homme né dans un camp de réfugiés au Liban. C’est un trait d’union poétique et fort entre une musique instrumentale influencée par le jazz et les musiques orientales, des éléments électroniques, des improvisations, un groove hybride et implacable et le flow hip-hop d'Osloob. C’est le dialogue mélodique entre les arabesques de la flûte et le phrasé du rappeur. C’est aussi simplement un très bel hymne à la diversité, à la paix.