Comédie burlesque de Alejandro Jodorowsky, mise en scène de Ida Vincent, avec Aline Barré, Tullio Cipriano, Cécile Feuillet, Johann Proust, et Anaïs Castéran (en alternance avec Ida Vincent).
Sympathique, cet Opéra Panique... Opéra ? Enfin, prétexte, avec plutôt du bel canto de cris d'animaux que du Verdi. Panique ? Pas au sens des Branquignols ou d'Hellzappopin pour ceux qui ont la carte Vermeil ou de délire n'importe nawak pour leurs enfants.
"Panique", c'est le nom d'un "mouvement" (avec des guillemets car ils ne se prenaient pas vraiment au sérieux) créé dans les années soixante entre autres par Topor, Arrabal et Jodorowsky. Marqués par le surréalisme et la contestation pré-68, ils inventèrent le café-théâtre avant le café-théâtre dans un esprit voisin, cousin, parallèle de celui de Charlie-Hebdo.
Si Alejandro Jodorowsky a attendu 2001 pour écrire "L'Opéra Panique", il y a consigné les recettes acquises dans les années 60, ce mélange savant entre loufoquerie, absurde et humour.
Le quintet sur scène mené et mis en scène par Ida Vincent, qui attire le spectateur avec une valise remplie de saucissson, sait tout faire pour faire rire et sourire. Et c'est une bonne chose car "L'Opéra Panique" de Jodorowsky est exigeant. Il faut avoir de la voix, savoir tomber, se plier et se déplier, être capable de saccager le monologue d'Hamlet, de jouer du ukulélé et de savoir faire bien d'autres choses...
Le rythme est rapide, les saynètes s'enchaînent dans la bonne humeur, les moins réussies étant épaulées par les excellentes. Le public ne s'y trompe pas et est aussi bon enfant que ses grands enfants dont certains sont pourtant contraints d'ingurgiter une endive crue, une carotte ou un morceau de fromage de chèvre.
Tout commence par un décollage pour un déconnage immédiat. L'imagination insondable du cinéaste d'"El Topo" et la maîtrise du scénariste de la bédé "L'Incal" permettent à cette somme sans queue ni tête de naviguer à vue entre originalité et classicisme.
Bravo à Aline Barré, Tullio Cipriano, Cécile Feuillet, Johan Proust et Anaïs Castéran de constituer une troupe unie et bien habillée car l'humour et la poésie n'impliquent pas le laissez-aller.
Quelque part entre "La Cantatrice Chauve" et la "Rubrique-à-brac" (mais où ?... that is the Question !), "L'Opéra Panique" réveillera bien des zygomatiques. Les ennemis de l'esprit de sérieux seront ici les bienvenus car ce spectacle n'attend qu'eux. |