Silver Dollar Moment
(Heavenly Recordings) février 2018
Cela fait toujours du bien un peu de fraîcheur et de légèreté, naturellement et surtout quand ces termes sont accolés avec authenticité et sincérité.
En provenance d’Halifax dans le nord de l’Angleterre, le trio mixte emmené par les sœurs Hand-Halford et Henry Carlyle Wade joue une indie-pop sans grande prétention mais à l’inextinguible efficacité jouée allegro (avec quelques moments de repos la tête dans les étoiles comme "Liminal Spaces", "Borrachero Tree" ou "The Sound of Liminal Spaces", il faut bien que le corps se repose) où les guitares incisives se mêlent à une pop chatoyante et lumineuse.
Le groupe ajoutant ici et là une très grosse pincée de dream-pop ou de groove. On n’est pas si loin d’un mélange entre Orange Juice etCults... Et rajoutez en plus le fait que le trio cite Quentin Tarantino comme une influence majeure dans leurs textes et leur esthétique générale. La littérature, quelques anecdotes de la vie des musiciens (comme les affres des nuits d’ivresse de Carlyle Wade) et le cinéma (Tarantino donc mais "Let Your Dog Tooth Grow" s'inspire de Dogtooth, un film surréaliste et sombre du réalisateur grec Yorgos Lanthimos) sont au centre des textes de ce disque.
C’est assez malin et si cela fonctionne aussi bien c’est aussi parce que les titres sont plutôt bien écrits (avec une production signée Marta Salogni (Georgia Ruth, Hero Fisher, Two Monkeys ou au mix pour Liars, Björk, The Moonlandingz, Django Django, Factory Floor, Alex Cameron…) qui tient la route et tiennent plus que sur le simple sentiment d’une feel-good music. Les tubes ou presque "I Only Bought It for the Bottle",
"Let Your Dog Tooth Grow", "Sunflower Seeds", "Old Stuff New Glass", "Blue Suitcase (Disco Wrist)" tintinnabulent et tombent comme à Gravelotte, et c’est aussi enthousiasmant qu’un passement de jambes d’Adama Traoré. Le soleil semble jaillir de cette musique, un beau coup de pied aux fesses à la morosité !