Belle petite découverte que ce petit bijou de livre écrit par Jean-Philippe Blondel, La mise à nu, publié par les éditions Buchet Chastel et paru en ce début d’année. Jean-Philippe Blondel nous raconte l’histoire de Louis, professeur d’anglais vieillissant séparé de sa femme, habitant en province dont les filles vivent des vies bien différentes de ce qu’il avait imaginé pour elles.
Un jour, sans vraiment réfléchir et pour occuper une soirée bien vide, il décide de se rendre au vernissage d’une exposition de peintures d’Alexandre, un ancien élève très effacé devenu une célébrité dans le monde artistique. Ces retrouvailles avec Alexandre vont bouleverser sa vie car ce dernier va lui faire une proposition particulière, celle de poser pour lui. Louis va accepter et le temps de cette "pose", qui sont parfois parfois longues, il va voir tout un tas de souvenirs lui remonter : des souvenirs de son enfance, de ses parents, de ses amis, de son couple et de ses enfants faisant ainsi cette "mise à nu" qui nous donne le titre de l’ouvrage. En même temps, une relation captivante se met en place entre Alexandre et Louis qui va se rendre compte qu’il a bien davantage marqué son ancien élève qu’il ne l’aurait cru.
En alternance, on va découvrir le passé et le présent des deux personnages. Jean-Philippe Blondel nous peint alors avec une très grande sensibilité, avec des mots et une écriture pleine d’émotion, le portrait de deux individus qui font le point sur leur existence. Petit à petit, avec la délicatesse d’un peintre qui construirait son œuvre, il met leur âme à nu pour leur permettre de mieux se connaître.
L’auteur va évoquer avec finesse l’instant où l’on commence à dresser le bilan de son existence tout en se posant de nombreuses questions. La mise à nu parle alors de ce que l’on laisse derrière soi au bout du compte. La mise à nu est une réflexion sur le temps qui passe, la façon dont on l’utilise mais aussi dont on le laisse filer. C’est aussi une réflexion sur la famille, celle d’où l’on vient mais aussi celle que l’on a construite (avec ses filles) mais aussi détruite (avec son divorce). La mise à nu enfin, apporte aussi une excellente réflexion sur l’art mais aussi sur les relations profs-élèves.
Au travers d’un sublime récit intimiste, Jean-Philippe Blondel se fait archéologue des émotions et des souvenirs, des joies et des peines et spécialiste des désirs. Son écriture pleine de pudeur et de sincérité nous offre un roman magnifique que je vous invite vivement à lire. |